Le ministre palestinien des Finances Nabil Kassis a averti dimanche soir que la grave crise budgétaire que connaît l'Autorité palestinienne menaçait de remettre en question les efforts pour créer un Etat palestinien. «La solution à deux Etats est en danger si l'Autorité palestinienne n'est plus en mesure de continuer à fonctionner et à se préparer» pour cette solution, a-t-il déclaré à la presse après une réunion de pays donateurs au siège de l'ONU. «Cela pourrait se produire très rapidement», a-t-il averti. Il a estimé à 300 millions de dollars le montant des promesses financières qui ne se sont pas concrétisées et a appelé les donateurs à y remédier «rapidement». Une réunion du Comité de liaison des pays donateurs a appelé dimanche à tenir les engagements financiers pris et à augmenter les contributions pour 2012. Israël a aussi été invité à assouplir des restrictions qui empêchent le développement de l'économie palestinienne. Tirant les conclusions de la réunion, qu'il présidait, le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, a souligné qu'Israël devrait «promouvoir la croissance durable de l'économie palestinienne - qui dépend d'un secteur privé actif - en prenant des mesures plus larges pour améliorer les mouvements de personnes et des biens, le développement, le commerce et les exportations en Cisjordanie et à Ghaza, y compris dans la zone C et à Jérusalem Est». La zone C de Cisjordanie, sous contrôle total israélien, couvre 60% du territoire. Moins de 1% de cette zone est dévolue par les autorités israéliennes à l'usage des Palestiniens. Selon la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI), l'Autorité palestinienne souffre d'un déficit prévisible d'ici la fin de l'année d'environ 400 millions de dollars. Les deux institutions financières tablent sur une croissance palestinienne de 5,6% (5% en Cisjordanie et 9% dans la bande de Ghaza) en 2012, en baisse par rapport à 2011. Selon la Banque mondiale, «les restrictions mises en place par le gouvernement israélien continuent à entraver l'investissement privé potentiel et demeurent le principal obstacle à une croissance économique durable». Israël a payé plus de 110 millions de dollars d'avances sur les recettes fiscales de la TVA depuis deux mois, a fait valoir Irit Ben-Abba, du ministère israélien des Affaires étrangères. L'Etat hébreu est «très préoccupé» par cette crise, a-t-il affirmé.