Cette visite peut être un véritable instrument de chantage aux mains de certaines puissances, qui semblent avoir opté pour des alternatives politiques en fonction de leurs intérêts géopolitiques. La question des disparus refait surface et soulève moult interrogations. Les polémiques vont crescendo, notamment depuis la visite du haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Mme Navy Pillay, mercredi dernier à Alger, et après son annonce de la venue imminente et sans conditions préalables d'une mission des Nations unies sur les disparitions forcées durant la guerre civile des années 1990. Les lectures et interprétations varient d'une partie à une autre, notamment auprès des organisations des droits de l'homme gouvernementales et non-gouvernementales, mais aussi des associations des familles de disparus. Notons, toutefois, qu'il est vrai que dans un contexte mondial, marqué par une intensification des pressions menaçant la sécurité nationale, cette visite peut être un véritable instrument de chantage aux mains de certaines puissances, qui semblent avoir opté pour des alternatives politiques en fonction de leurs intérêts géopolitiques. La Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme (Cncppdh) considère que le dossier des disparus est clos et que les familles concernées ont été indemnisées par l'Etat. Néanmoins, il convient de signaler que dans le mémorandum remis, le 5 septembre 2002, à Me Farouk Ksentini et, le 17 novembre, à la présidence de la République, les familles de disparus préciseront que «l'indemnisation ne saurait à aucun moment remplacer ou annuler un processus de vérité sur le sort de nos enfants. C'est une aide et une solidarité nationales apportées aux familles de disparus. Les critères fixant ces indemnisations et les modalités de leur attribution doivent être discutés dans la transparence avec les familles de victimes». Cela a même conduit les familles de disparus à répliquer en soulignant que le président de la Commission, Me Farouk Ksentini, semblait vouloir oeuvrer pour établir la vérité sur cette tragédie. De leur côté, les autorités prétendent que lorsque les personnes disparues n'ont pas été enlevées par des groupes armés, elles sont montées de plein gré au maquis ou se sont enfuies à l'étranger. Ainsi, l'on a assisté à l'organisation par les familles de disparus de rassemblements dans plusieurs villes d'Algérie, dont la capitale, pour montrer leur mobilisation et leur détermination dans la quête de vérité et pour faire entendre leur voix et porter ce douloureux problème, à la fois, devant les instances nationales et internationales. «Il y a eu plusieurs procédés qui ont été élaborés par les responsables dans le but de clore définitivement le dossier des disparus qui, de par son ampleur, interpelle l'opinion internationale», a déclaré Ferhati Hacen, membre fondateur de SOS-Disparu, à L'Expression. Voilà ce qui vient de contredire dans le fond et la forme M.Ksentini. Tandis que du côté de Merouane Azi, président de la Commission chargée du suivi de l'application des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, lequel, contacté par L'Expression, a noté, à son tour, que la quasi-majorité des familles de disparus ont été indemnisées. Néanmoins, il demeure encore des dizaines de familles refusant ces indemnités. Ces dernières, précis-t-il, ont préféré s'adresser aux instances internationales et européennes et cela peut nuire et compliquer plus la question des disparus. Pour leur part Merouane Azi, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Ladh), Boudjemâa Ghechir, et, Nouredine Benissad président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) s'accordent à dire que le droit des familles des disparus à connaître la vérité sur leurs enfants et leurs proches est impératif. Enfin, ils ont soutenu que l'exigence de vérité et de justice doit concerner l'ensemble des victimes de la décennie noire.