Le dossier des disparus n'est pas prêt de connaître son épilogue. Les familles des disparus qui réclament que toute la lumière soit faite sur le sort de leurs proches ne trouvent point d'écoute et encore moins d'espace d'expression. Les portes de la justice qu'elles veulent ouvrir leur restent fermées, et sont systématiquement empêchées de tenir leur rassemblement hebdomadaire. Plus encore, la structure qui a été jusqu'à ce jour placée pour prendre en charge ce dossier, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme en l'occurrence, s'est prononcée par la voix de son président non concernée par les disparus. «Rien n'oblige la CNCPPDH à prendre en charge cette question et que si elle l'a fait c'est pour des considérations humanitaires», soulignait jeudi dernier Farouk Ksentini. Une sortie qui hypothèque davantage la question des disparus et la soumet à l'incertitude. Qui donc est appelé à gérer ce dossier si «les élans humanitaires» de Ksentini arrivent à épuisement ? La Cncppdh n'est elle pas censée promouvoir et protéger les droits de l'homme comme son intitulé l'indique. La déclaration de M. Ksentini reste amputée de la partie essentielle supposée citer l'entité devant prendre en charge les doléances de cette frange de la population qui ignore ce qui est advenu de sa progéniture. Plus encore, Ksentini persiste et signe face à la revendication de vérité et de justice tant clamée par les familles de disparus «que les articles 45 et 46 de la charte pour la paix et la réconciliation nationale sont ‘'clairs'' à ce sujet, l'objectif étant de mettre définitivement fin aux chapitres douloureux de la tragédie nationale, y compris celui des disparus». Depuis quand les lois empêchent que la vérité soit dite ? Peut-on fermer une plaie sans l'avoir soignée ?. Pour le président de la cellule d'assistance judiciaire pour l'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Merouane Azzi, le chapitre est bel et bien clos. Dans ses propos repris par l'APS, il affirme que «6420 dossiers de disparus sur 6544 avaient été réglés. Des jugements de décès ont été prononcés pour les disparus dont les dossiers ont été traités et les familles indemnisées». Et d'ajouter que seulement 12 familles de disparus ont refusé l'indemnisation. Des chiffres qui sont contestés par les associations des familles de disparus et les organisations de défense des droits de l'homme et qui continuent à réclamer justice et vérité. Pas plus loin que mercredi dernier, un rassemblement des familles de disparus a été encore une fois empêché à Alger, alors qu'un rassemblement de solidarité avec ces familles s'est tenu à Paris dans la périphérie de l'ambassade d'Algérie. «L'interdiction du rassemblement hebdomadaire inquiète et confirme que l'Algérie a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à une solution juste et adéquate à la question des disparus. Malgré les innombrables démarches constructives des associations de familles de disparus, l'Algérie en est toujours au stade du déni et de l'amnistie des criminels au détriment de la vérité et de la justice. Les autorités refusent catégoriquement de mener des enquêtes sur le sort des disparus», précise le communiqué du Collectif des familles de disparus, initiateur du rassemblement de Paris.