La secrétaire d'Etat américaine passe toute la semaine à l'ONU et enchaîne une vingtaine d'entretiens bilatéraux normalement réservés au président Barack Obama qui est cette année pris par sa campagne. Inquiète des violences antiaméricaines dans le monde arabe, Hillary Clinton a exhorté lundi soir la communauté internationale à se dresser contre l'extrémisme islamiste et a enchaîné les rencontres avec des dirigeants musulmans à la veille de l'Assemblée générale de l'ONU. Les Etats-Unis sont sous le choc depuis l'attaque du 11 septembre contre leur consulat à Benghazi (Libye) qui a coûté la vie à leur ambassadeur et ils cherchent à répondre à la vague de violences en Afrique du Nord, au Proche-Orient et en Asie soulevée par un obscur film amateur américain dénigrant l'islam. Depuis deux semaines, la chef de la diplomatie américaine martèle le même message à l'adresse des pays arabes et musulmans, dont certains ont fait en 2011 leur révolution du Printemps arabe: les Etats-Unis ne «tourneront pas le dos» aux peuples et aux dirigeants de ces nations qui «n'ont pas troqué la tyrannie d'un dictateur pour la tyrannie des foules». Elle l'a répété à New York à la veille de la 67e Assemblée générale des Nations unies. En allusion aux récentes attaques contre les représentations diplomatiques américaines en Libye, en Egypte, au Soudan, en Tunisie ou au Pakistan, Mme Clinton a appelé le monde à «s'unir» face à des «extrémistes partout dans le monde qui s'échinent à nous diviser». «Il faut que nous soyons rassemblés pour résister à ces forces et soutenir les transitions démocratiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient», a insisté la secrétaire d'Etat. Mme Clinton passe toute la semaine à l'ONU et enchaîne une vingtaine d'entretiens bilatéraux normalement réservés au président Barack Obama, qui est cette année pris par sa campagne. Aux Etats et peuples arabes et musulmans, elle a fait part des remerciements des Etats-Unis «pour s'être exprimés contre la violence et la haine». Avec une mention particulière pour les habitants de Benghazi qui «ont pleuré la perte de l'ambassadeur Stevens» et «repoussé les extrémistes» en se soulevant vendredi contre des milices armées, dix jours après la mort du diplomate et de trois autres agents américains. Mme Clinton a écouté attentivement le président de l'Assemblée nationale libyenne, Mohamed al-Megaryef lui promettre que le régime né de la chute du colonel El Gueddafi en octobre 2011 ne «sera pas un poids pour la communauté internationale». Au lendemain de l'attaque de Benghazi, les Etats-Unis, qui furent les principaux contributeurs à l'opération de l'Otan en Libye, avaient assuré Tripoli de leur «amitié» durable. Mme Clinton s'est aussi évertuée à réchauffer les relations avec le Pakistan, mises à mal par l'opération américaine contre Oussama Ben Laden en mai 2011 et les attaques ciblées de drones américains contre des islamistes à la frontière afghano-pakistanaise. Elle a rencontré le président Asif Ali Zardari qu'elle a appelé «mon ami» avant de lui dire à quel point les Etats-Unis avaient «apprécié la réponse forte de (son) gouvernement» aux violences antiaméricaines déclenchées par le film «L'innocence des musulmans», sur fond d'un profond ressentiment au Pakistan contre Washington. M.Zardari lui a répondu «qu'une ou deux personnes dérangées ne devaient pas mettre en péril la paix mondiale, sous couvert de la liberté d'expression». Le Pakistan a été l'un des principaux foyers de violences ces derniers jours, avec 21 morts et plus de 200 blessés pour la seule journée de vendredi.