Le mouvement citoyen ne laisse pas indifférent. Les partis politiques en premier lieu. La classe politique nationale s'est toujours montrée à des degrés divers préoccupée de la situation en Kabylie. A chaque évolution positive ou négative du conflit, les partis n'ont pas manqué de s'exprimer faisant ressortir des positions variant en fonction de leurs intérêts, mais aussi de la question de l'heure. Si pour certaines formations, l'influence sur les événements n'a jamais dépassé le stade d'appréciation, il n'en est pas de même pour d'autres, notamment celles influentes dans la région, qui ont pesé de tout leur poids dans la crise. En effet, le FFS, le RCD et à un degré moindre le MDS, qui ont mis de côté conjoncturellement leurs querelles, ont accompagné activement le mouvement citoyen sur lequel, ils ont tenté d'influer en pesant sur les positions via leurs militants présents dans les structures. Cela, en fonction, bien évidemment, de leur stratégie. Ce qui se vérifiera bien sûr à travers le cheminement du combat citoyen qui bouclera bientôt sa troisième année. Le règlement de la crise en Kabylie par la voie du dialogue a toujours été le souhait de la totalité des acteurs politiques, mais il y a lieu de constater que leurs intentions ne sont restées qu'au stade du discours. Cela cache mal leur désir et leur volonté d'être le véritable sinon l'unique interlocuteur du pouvoir. Depuis que le mouvement citoyen a opté consensuellement à Amizour pour le règlement de la crise par la voie du dialogue conditionné alors à un seul préalable, à savoir l'engagement public et officiel de l'Etat pour la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur, les partis politiques étaient franchement sortis de leur réserve pour peser de tout leur poids sur l'évolution de la situation. La surenchère survenue depuis est, en fait, à mettre sur le compte de la classe politique qui, à travers ses injonctions sur le mouvement a réussi à «gonfler» la liste des préalables. A Raffour les délégués du mouvement citoyen ont réussi «à limiter la casse», en ne parlant que d'incidences qui nécessiteraient qu'un engagement du pouvoir pour leur satisfaction afin d'engager réellement le dialogue. Cette option consensuelle s'est traduite sur le terrain par un affolement de la classe politique qui sortait alors ses griffes au fur et à mesure que la situation évoluait. Alors que le dialogue est, apparemment, parti pour se concrétiser, la classe politique reste focalisée sur particulièrement l'une des 6 incidences retenues par les délégués du mouvement citoyen. Il s'agit de la révocation des élus qui concerne en premier lieu les partis politiques. Alors selon qu'on soit présent ou non dans les différentes assemblées élues, les positions varient sur cette question. Le FFS, le FLN, le PT, le RND et le MRN, partis présents dans les assemblées locales ou nationales se sont montrés farouchement opposés à cette option de dissolution des assemblées à l'exception du RND dont les acteurs sont d'ores et déjà sur le terrain, qui reste le seul à en tirer bénéfice en prévision de la prochaine présidentielle d'avril 2004. Le FFS qui s'est démarqué du mouvement citoyen à la veille de la consultation électorale d'octobre 2002, en y prenant part, voit mal le départ de ses représentants des assemblées et reste franchement opposé à cette alternative. Le Front de libération nationale marque aussi ses craintes si cette option venait à se concrétiser, son refus est des plus clairs, même si récemment, il prit fait et cause pour les archs en inscrivant dans son programme électoral les revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Le PT quant à lui affiche une position similaire, même s'il n'est présent qu'au niveau de l'APN. Tous ces partis se sont déclarés favorables à l'option du dialogue comme moyen de règlement de la crise tout en essayant de préserver leurs intérêts. Ils sont, en somme, pour un dialogue «sdans exclusive». Pour ce qui est du RCD et à un degré moindre le MDS, l'option du dialogue n'est pas rejetée, bien au contraire, elle demeure leur souhait. Ce qui leur tient à coeur reste la dissolution des assemblées qui est, pour l'essentiel, née de leur insistance. Si l'ensemble de la classe politique est favorable au dénouement de la crise par la voie du dialogue souhaité «sans exclusive» c'est-à-dire avec leur entière participation, on reste cependant, partagé sur l'incidence liée à la révocation des élus. Cela se traduit, d'ailleurs, par la crise du mouvement citoyen. La majeure partie de la dissidence obéit à la logique qui ne voudrait pas d'un dialogue sans les partis politiques et, par conséquent, à l'arrivée d'une nouvelle génération politique dans le pays.