le parti de Saïd Sadi chercherait à se replacer sur la scène politique nationale. Depuis le début de la contestation en Kabylie, le mouvement citoyen, qui avait pu transcender les querelles politiciennes engendrées par les positions des deux partis influents dans la région, a su maintenir le combat grâce au dévouement d'un grand nombre de délégués derrière lesquels la population s'est mobilisée. Très rapidement, l'arrêt de l'effusion de sang, qui était un objectif immédiat des premières coordinations, a été atteint. Mais l'influence partisane allait être un handicap sérieux dans le règlement définitif du conflit. A la gestion «catastrophique» du conflit par les pouvoirs publics s'est ajoutée une intransigeance implacable des animateurs pour faire du conflit «une bombe à retardement». Aujourd'hui la situation n'est guère reluisante, les délégués sont de plus en plus isolés, le pouvoir continue à jouer la carte du pourrissement. Bref, pour le simple citoyen c'est le retour à la case départ tant les vraies négociations tardent à se faire entre les deux protagonistes. Le flou qui caractérise présentement le conflit s'est traduit sur le terrain par un désengagement général aussi bien des pouvoirs publics que des citoyens. Et pourtant, il suffit de peu pour qu'une ébauche d'issue se dessine. Les bonnes volontés existent, certes dans les deux camps il ne reste donc qu'à trouver un cadre qui les rapprocherait. Force est de constater que l'influence partisane est toujours là pour saborder toute initiative allant dans le sens du règlement du conflit. La nouvelle perspective qui se profile à l'horizon n'échappe malheureusement pas à la règle. Longtemps renvoyée aux calendes grecques, la conférence nationale est de nouveau au centre des préoccupations de nombreux acteurs politiques intervenant dans la crise en Kabylie. L'idée de sa tenue ne date pas d'aujourd'hui. Elle remonte aux premiers mois des événements. Devant être ouverte aux personnalités de divers horizons, la conférence nationale avait fait l'objet de plusieurs débats lors des conclaves de l'interwilayas avant de se voir écartée, faute d'un consensus entre les différentes tendances qui animent le mouvement citoyen. Prônée par des délégués proches du RCD, la perspective de la tenue d'une conférence nationale avait pendant plusieurs mois, buté sur l'opposition d'autres délégués affiliés au FFS. A l'époque déjà, cette perspective n'était pas dénuée d'arrière-pensées politiques. En effet, l'engouement affiché par certains animateurs militants du RCD n'avait, entre autres objectifs, que celui de noyer le FFS dans une structure où il n'aurait de poids que celui d'une voix parmi tant d'autres. Loin de se laisser faire, le FFS, à travers ses militants délégués, s'est montré défavorable à la conférence nationale qu'il a rejetée à chaque fois sous prétexte qu'elle représentait «une menace sur la cohésion du mouvement» ou encore qu'«elle contribue à l'ouverture de la plate-forme d'El-Kseur». Derrière ces prétextes que l'autre partie juge sans fondement se cachait la volonté du FFS de maintenir son influence intacte sur les décisions politiques dans la région, le FFS a fini par gagner ce bras de fer qui avait donné lieu aux débats houleux à la limite de la correction. L'évolution qu'a connue la scène politique depuis le 10 octobre, permet de nouveau la réflexion sur les voies et les moyens de relancer la tenue de cette conférence nationale. Elle fera l'objet d'un débat lors du prochain conclave de l'interwilayas. Cette proposition, qui a déjà l'aval des délégués de la Cicb, est soutenue par un groupe de citoyens de la ville d'Akbou qui voient en elle «une perspective rassembleuse». Si le consensus a pu se dessiner jusqu'à présent, notamment à Béjaïa où le mouvement citoyen semble décidé à aller vers des solutions politiques, il n'est pas tout à fait sûr que derrière il n'y a pas de force politique qui agisse dans l'ombre en perspective des élections partielle et présidentielle. On soupçonne, dans ce sens, le parti de Saïd Sadi qui chercherait à se replacer sur la scène politique nationale en vue des prochaines échéances électorales. Même si la conférence nationale n'aboutit pas au règlement du conflit, ce que personne ne souhaite, elle aura le mérite de dévoiler les intentions des uns et des autres par rapport au règlement définitif du conflit.