Les chefs de parti ne promettent d'être proches du citoyen que pendant les campagnes électorales. Insouciance ou incompétence? Une fois de plus, «la classe politique» passe à côté de l'actualité nationale. Elle ne sait plus à quelle priorité se consacrer. Elle vit dans l'autre partie de l'iceberg. «Les partis politiques» observent un silence radio devant le front social en ébullition. Aucun mot. Aucune déclaration. Aucune écoute. Des mouvements de grève sont signalés sur l'ensemble du territoire national. Des menaces de grève sont annoncées. Quelques écoles sont perturbées. Quelques hôpitaux sont paralysés. Un bon nombre d'universités sont bloquées. Les fonctionnaires du corps médical crient leur ras-le-bol. Les enseignants montent au créneau. Les boulangers et chauffeurs de taxi tirent la sonnette d'alarme. Les augmentations de salaires restent impayées. Le seul souci des grévistes: améliorer leur pouvoir d'achat. Améliorer leurs conditions socioprofessionnelles. Cette conjoncture n'intéresse plus les «politiques». Ceux-ci sont engagés dans de vrais-faux problèmes. Leurs programmes sociaux n'existent que sur le papier. Ils ne promettent de régler les problèmes du citoyen que pendant les campagnes électorales. Puis, rien. Aucun suivi. Comme, à chaque fois, les promesses jamais tenues constituent la devise de cette «classe politique». Celle-ci s'est immergée dans un débat qui n'est, toujours, pas annoncé: la révision de la Constitution. Certains réclament une loi fondamentale «parfaite». D'autres estiment que l'actuelle Constitution est plus que parfaite. Les uns annoncent leur entier soutien à «la nouvelle Constitution», qui reste inconnue. Les autres préfèrent la surenchère politique. Ils temporisent. Les partisans de la révision constitutionnelle se trouvent en pleine campagne d'avant l'heure. Quelques formations sont partantes dans cette campagne et d'autres non. Elles soutiennent le fond. Elles réclament la forme. Ce sujet occupe le devant de la scène politique nationale. Le débat de fond est détourné. Qu'on se pose les questions suivantes: à quoi servent ces partis face à la situation sociale que traverse actuellement l'Algérie? Leur mission principale n'est-elle pas d'être quotidiennement et de façon permanente à l'écoute des citoyens? Rien de tout ça. Or, le fossé ne cesse de s'élargir entre les politiciens et les citoyens. Un océan sépare les uns des autres. Le dialogue entre les deux parties reste le grand absent. La crise sociale perdure, mais la «classe politique» fait la sourde oreille. C'est là un véritable fiasco des «partis politiques». Ceux-ci restent indifférents quant aux préoccupations majeures des citoyens. Ils font face seuls à tous les problèmes. A la lumière de cette situation, de quel travail de proximité parlent les chefs de parti, à travers leurs meetings et dans leurs différentes sorties médiatiques? Militantisme? Travail de terrain? Etre proche du citoyen? C'est véritablement de la «démagogie» politique. N'est-ce pas là une défaillance politique? Le mouvement de grève de trois jours, avant-hier, hier et aujourd'hui, lancé par l'Intersyndicale autonome, a mis à nu les «partis politiques». Comme souligné, aucune formation, y compris lesdits démocrates, n'a réagi à ce mouvement. On n'a ni soutenu, ni dénoncé. Le malaise social a toujours eu des échos négatifs sur le volet politique. C'est ce qui a poussé les citoyens à se désintéresser de la chose politique. Ils n'y croient plus. La fracture du 17 mai, constatée lors des élections législatives, atteste du désintérêt de la population. Les électeurs avaient préféré rester chez eux plutôt que de se rendre aux urnes. Même le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Zerhouni, a reconnu cette vérité. Il avait déclaré au lendemain des législatives que les partis n'ont pas joué leur rôle. Faut-il attendre de voir des mouvements de protestation et des émeutes pour réagir, dénoncer et condamner? Travail de proximité, dites-vous?