«Rendre hommage à Assia Djebar, est un hommage rendu pour toute l'Algérie...» Khalida Toumi a affirmé rendre hommage aux «martyrs de la vérité et de la réalité». Clôture du Salon international du livre à Alger, fin également du colloque organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, au chapiteau du Hilton, en présence de la ministre de la culture Khalida Toumi accompagnée de Jean-Pierre Chevènement, ainsi que de l'auteur Taleb Ibrahimi Khaoula, du directeur du Cnrpah Slimane Hachi et la coordinatrice Khadda Naget. Deux jours de colloque, servis souvent avec des cours universitaires bien raides, des textes déterrés dans le môle de l'Histoire culturelle algérienne, de l'hommage passionné à Assia Djebar et Taos Amrouche, qu'est-ce que l'écrivain et qu'est-ce que l'historien? Le roman comme le gémissement de l'histoire d'après la formule de Boudjedra, un retour aussi à l'aïeul vigile et aux ancêtres fondateurs, aux généalogies qui nourrissent l'écrivain, de l'ambiguïté du «roman historique», de la littérature d'urgence et d'engagement, des rapports du travail d'écriture à l'Histoire, la vision des poètes et des romanciers ainsi que leur implication dans l'Histoire collective et nationale, leur regard sur l'événement historique, les diverses postures d'écritures face à l'Histoire, de l'écriture à l'oralité, à l'épreuve du silence et de l'oubli, le rapport à l'Histoire dans l'oeuvre dibienne jusqu'à l'expérience subjective personnel d'écrivain. L'auteur Taleb Ibrahimi Khaoula a apporté ses remarques sur les points essentiels des débats menés durant le colloque «certains parmi nous dans la salle ont remarqué l'absence des historiens et la forte présence de romanciers et poètes et littéraires, ainsi que des spécialistes et critiques littéraires», ce qui a constitué selon ses propos «un déséquilibre avec l'Histoire en l'absence de porte-parole de l'Histoire». Taleb Ibrahimi Khaoula a contesté la notion de liberté inconditionnel chez l'écrivain: «La plupart ont parlé de liberté chez l'écrivain avec son traitement de l'Histoire, une liberté illimitée, si ce n'est les conditions de son projet avec lequel il choisit de s'investir, mais cette question nécessite un regard plus réfléchi, car l'écrivain, dans sa subjectivité est soumis à une responsabilité et une honnêteté intellectuelle», en ajoutant «comme si l'historien n'avait pas de liberté». L'auteur a évoqué par ailleurs, le rôle majeur de l'historien et «l'histoire ne s'arrête pas à son simple rôle, alors que l'Histoire de l'Algérie est longue, il faudrait aller plus en profondeur dans l'histoire d'Algérie». Taleb Ibrahimi Khaoula a souligné l'importance de sauvegarder la tradition orale: «Ce qu'on a entendu majoritairement c'est que ces traces sont écrites, mais nous devons essayer de ne pas oublier, l'oralité, son héritage, comme autant dexpressions, à l'image de la poésie populaire, et du malhoun». Naget Khadda critique littéraire, qui a contribué à l'élaboration et la coordination de ce colloque, a noté pour sa part, l'enrichissement de débats futurs à travers des enseignements qui devraient être exploités, notamment «la collaboration entre les producteurs des textes littéraires et les analystes de ces textes, la confrontation a été très productive, nous pourrons poursuivre dans ce sens-là» et «L'alternance entre les chercheurs attitrés et des jeunes chercheurs qui ont pris pour la première fois la parole dans cette tribune du colloque», a-t-elle ajouté. Quant à la ministre de la Culture Khalida Toumi, qui a eu le fin mot, a déclaré être enchantée et fière de l'hommage qui a été rendu à l'écrivaine Assia Djebar: «J'ai la joie et la fierté, qu'il me soit permis de rester debout parmi vous, en étant emplie de respect et d'humilité, que vous ayez honoré grâce à ce colloque, son génie et les grandeurs de son nom et de son parcours, merci beaucoup à vous, parce que rendre hommage à Assia Djebar, est un hommage rendu pour toute l'Algérie... Ses joies, ses douleurs et ses espoirs». La ministre a salué le progrès culturel: «La littérature et l'histoire d'un pays naissant, en développement qui fête ses cinquante ans de libération et de dignité, pour construire notre Histoire avec nos mains, grâce à l'innovation de nos écrivains et de nos scientifiques, avec leur réalisme et leur imaginaire». En ce qui concerne les démarches de l'écrivain et de la fiction face à l'Histoire. Khalida Toumi, la ministre de la Culture a demandé aux écrivains de prendre leur responsabilité face «à leur pays, leur peuple et son histoire». La ministre a cité en outre un extrait «Des prolégomènes» d'Ibn Khaldoun et a rendu de même un hommage aux «martyrs de la vérité et de la réalité». La ministre de la Culture a dit encourager la recherche de l'Histoire, la recherche universitaire, scientifique, littéraire et intellectuelle. «Et je souhaite que tous les universitaires littéraires et les scientifiques continuent à persévérer dans leur travail d'innovation et de quête», estime-t-elle. Khalida Toumi a félicité également «l'ingéniosité et l'effort des écrivains et historiens» à contribuer dans «l'ouverture, l'épanouissement et l'enrichissement» du citoyen et du lecteur, ce qui est «un oxygène significatif», a-t-elle déclaré. D'après la ministre de la Culture, l'Histoire doit aussi beaucoup à la littérature «de la passion et la fiction», «toute l'Histoire de la continuité de la vie», «c'est la réalité de la beauté et la beauté de la réalité», estimet-elle. Entre la torpeur du réalisme et l'insolence du poétique, entre respect de l'Histoire et liberté d'investir cette dernière par l'imaginaire, nous l'aurons bien saisi, l'histoire nationale réprimande un peu la littérature et sa fiction, sans l'enchaîner, et sans qu'il s'agisse même de cordes au cou de l'Histoire.