«C'est parce que la vie de la télévision repose sur une permanente dynamique de renouvellement des genres, des formats et des programmes que les chaînes publiques en constituent, en Europe, l'indispensable ferment.» Hervé Bourges Extrait du Les Dossiers de l'Audiovisuel Vingt-quatre heures après la diffusion de son documentaire sur France 5, les langues se sont déliées et on commence déjà à critiquer la démarche du Cicéron de l'audiovisuel français: Hervé Bourges. D'abord sur le choix des intervenants en histoire. Pour la première fois depuis longtemps Benjamin Stora ne fait pas partie des intervenants dans un documentaire français sur l'Algérie, alors qu'il est considéré L'expert des experts sur le dossier. En plus, ce dernier avait réalisé bien avant Hervé Bourges un documentaire sur le même sujet et presque avec les mêmes intervenants algériens: L'indépendance aux deux visages (produit aussi par France 5). Cette exclusion de ce travail audiovisuel ouvre la voie à plusieurs supputations surtout que les deux hommes possèdent les mêmes sponsors à Alger. Autre historien absent de marque dans ce documentaire consacré au pouvoir politique en Algérie, Mohamed Harbi. Considéré comme l'un des rares historiens algériens sur le FLN et l'après- Indépendance de l'Algérie. Son exclusion du documentaire est la conséquence directe des relations très étroites entre Bourges et certaines personnalités influentes à Alger, qui n'apprécient pas les positions de Harbi sur le FLN. On a préféré à ce dernier, Abdelmadjid Merdaci, moins connu en France. C'est d'ailleurs sa première intervention sur un doc sur une télévision française. Un autre personnage n'intervient pas dans ce documentaire mais y apparait de manière très forte et très significative: le président Chadli Bendjedid. En fait Hervé Bourges a contacté l'ancien président, mais ce dernier n'a pas souhaité être interviewé, car il connaissait les intentions de l'ancien patron de TF1 et France Télévision. En revanche, Hervé Bourges, a réussi à mettre en scène un diplomate de renom qui, curieusement, n'est jamais intervenu dans un documentaire sur l'histoire de l'Algérie: L'ancien MAE et actuel émissaire de l'ONU en Syrie Lakhdar Brahimi. Ce dernier qui avait comme décor les images de sa famille et de ses alliances avec le royaume de Jordanie, était très à l'aise pour parler de cette période car il n'était pas directement concerné et surtout qu'il est libre de dire tout haut ce que certains intervenants dans ce documentaire pensent tout bas. Brahimi a donné des explications très cohérentes et très intéressantes sur les rapports de force et de faiblesse entre Benbella et Boumediene. La veuve du Rais Anissa Boumediene est venue pour donner un aperçu très intime sur le rôle du président Boumediene. En revanche les interventions de Khaled Nezzar, ex-chef d'état-major des armées et ex-ministre de la Défense, était presque avancées et doivent intervenir plus dans la deuxième partie. En présentant Redha Malek, porte-parole du FLN aux accords d'Evian, Hervé Bourges a totalement ignoré la force politique du chef des négociateurs Krim Belkacem. Sur le conseil de qui? L'ancien Premier ministre en 1993-94, ne s'est pas trop mouillé dans la farine, fournissant des informations connues du grand public. Deux intervenants sont restés égaux à eux-mêmes et surtout donnant du poids à leurs déclarations: l'avocat Ali Yahia Abdenour, infatigable défenseur des droits de l'Homme et le commandant Azzedine qui a vécu cette période très forte et très mouvementée. [email protected]