Apparemment, la crise en Kabylie n'est pas loin de connaître son épilogue. Hier, Ahmed Ouyahia a instruit les instances compétentes pour accéder aux quatre des six préalables retenus par le mouvement citoyen avant de prendre langue avec les autorités. Selon des sources au fait du dossier portant crise de Kabylie, le chef du gouvernement instruit les juridictions compétentes pour lever toutes les poursuites judiciaires à l'encontre des prévenus du mouvement citoyen. La seconde instruction du chef du gouvernement s'est adressée aux établissements concernés qui avaient licencié des travailleurs durant les évènements de Kabylie. Ces établissements, notent nos sources, ont été sommés de reprendre ces travailleurs impliqués dans les évènements du Printemps noir et demeurés en chômage depuis cette crise. La troisième instruction du chef du gouvernement, toujours selon les mêmes sources, a porté sur le contentieux de la Sonelgaz. Il est demandé à cette entreprise nationale de ficeler le dossier du contentieux relatif au non-payement de factures d'électricité par les citoyens, en attendant de trouver une formule à même de régler le manque à gagner pour Sonelgaz. Nos sources ne précisent pas cependant, quelle formule sera appliquée pour compenser le manque à gagner. Sur instruction du mouvement citoyen né des évènements, la population a refusé de payer ses factures tant que cette société, la Sonelgaz, y inclurait la redevance de la télévision d'Etat. Les citoyens de Kabylie abhorrent en effet, la télévision nationale pour sa couverture jugée partiale des émeutes qui ont secoué la région et particulièrement la marche du 14 juin 2001. Par ailleurs, il a été instruit à la juridiction concernée, la réouverture du dossier du policier assassiné à Mekla ainsi que celui de la destruction des biens d'autrui à Kherrata. En d'autres termes, c'est la libération de tous les détenus. Notons que ces deux affaires étaient considérées comme étant de droit commun par certains délégués du mouvement citoyen dont celui de Bouira, Hakim Kacimi. S'agissant des deux préalables restants à savoir celui «des indus élus» et celui de l'amnistie fiscale, ils feront l'objet de négociations lors des rencontres préliminaires prévues les 11 et 12 décembre, affirment nos sources. Ces deux derniers préalables ont été retenus lors du conclave de Raffour (wilaya de Bouira) au mois d'août dernier. M.Ouyahia a demandé aux archs, le 2 décembre dernier, de lui communiquer la composition de la délégation qui doit les représenter pour «convenir ensemble de la date d'ouverture de ce dialogue». Réunies le 22 novembre à Tizi Ouzou, les coordinations du mouvement citoyen ont adopté le document auquel a fait référence M.Ouyahia dans son appel. Ces coordinations, rappelons-le, ont lancé un ultimatum de dix jours au président de la République pour satisfaire leurs conditions, faute de quoi elles «mettront un terme au processus du dialogue». Elles réclament la libération des détenus, l'arrêt des poursuites judiciaires, la dissolution des assemblées (mairies) issues des dernières élections (d'octobre 2002), l'amnistie fiscale couvrant la durée du mouvement pour les commerçants des régions concernées et la prise en charge du contentieux Sonelgaz. Il faut rappeler également que le document de Tizi ouzou a provoqué une division au sein des archs. Certaines coordinations de Béjaïa, de Tizi Ouzou, de Boumerdès et d'Alger l'ont dénoncée. Les délégués contestataires ont considéré l'adoption de ce document comme une concession, alors que jusque-là les tentatives d'amorce d'un dialogue butaient sur l'intransigeance des archs quant à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur.