Une vue de l'exposition Une aventure des sens, où l'oeil et l'ouie s'interrogent. C'est sous le signe du Cinquantenaire de l'Indépendance, que s'inscrit le Fibda en cette cinquième édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda). Grâce à une pléiade de programmations, notamment l'exposition, «Algérie, 50 bulles», est une véritable attraction pour les amateurs de bande dessinée. Une exposition vivante transportant divers regards sur l'histoire de l'Algérie, par des bédéistes algériens, étrangers et de tout âge. Une aventure des sens, où l'oeil et l'ouie s'interrogent, à travers l'exposition «Algérie, 50 bulles» qui connaît depuis le début du Fibda, un engouement des badauds et des jeunes amateurs de cette forme d'art qu'est la bande dessinée. Plusieurs volets ont été consacrés dans l'ensemble à l'Algérie indépendante et à la période coloniale sous la direction du Belge Thierry Belle Froid, qui était chargé de la scénographie, et Dalila Nadjem, commissaire du festival et de l'exposition. Le premier volet démarre avec les esquisses sur les résistances populaires qu'a connues l'Algérie avant la guerre de Libération (1954-1962) avec des portraits de l'Emir Abd El-Kader, plantées dans un décor reflétant le désert algérien. Aussitôt sortis, une vieille et grande radio diffuse des informations des services français, c'est la bataille d'Alger à laquelle une reconstitution d'une maison bombardée de la Casbah a été consacrée, avec effets sonores de mitrailleuses et d'explosion. Des illustrations qui évoquent tour à tour, le 8 Mai 1945, les manifestations du 11 Décembre 1960. La radio transmet les ondes d'Edith Piaf, des piliers recouverts de journaux, référence à l'appel de la liberté de la presse. Des chroniques et caricatures d'anciennes coupures de journaux, avec des titres tel que «Bordji créateur de la bande à Biba décède», du Jeune Afrique au Moudjahid. Des portraits du peuple en liesse à l'indépendance de l'Algérie 1962 et de l'après, avec des caricatures de Slim et du Hic. Au fur à mesure qu'on transporte son attention, on découvre des oeuvres alliant un trait tantôt tragique et tantôt teinté d'humour satirique. Des planches de bandes dessinées de divers expressions, de jeunes bédéistes algériens sur des faits marquants de la guerre de Libération comme l'arrestation de Larbi Ben M'hidi ou «Viva Abbas», un portrait de Maurice Audin sous le titre de «un homme a disparu», discours de De Gaulle, des figures françaises comme Maurice Papon, ainsi qu'un bout du Manifeste des 121 signé André Breton «le droit des insoumis le 5 septembre 1960». Cuba a été également à l'honneur de cette exposition, en compagnie des portraits de Ché Guevara à travers des illustrations «Pop art» sous les couleurs de l'Algérie, sur fond musical du «Buena Vista social club». Par ailleurs «Carnets d'Algérie» et «Regards croisés» sont deux expositions réalisées par des dessinateurs algériens, belges et français. Des planches de bandes dessinées noir et blanc dans le genre franco-belge, aussi bien sous l'attrait de l' engagement social et politique, avec des images d'écriteaux soulevés par une foule hystérique «Assassins OAS», un petit bilan graphique dressé par les dessinateurs belges et algériens qui ont passé une semaine à Alger, et un autre ouvrage réalisée par Jacques Ferrandez, né à Alger qui a exposé un carnet de voyage sous forme de planches retraçant sa ville natale. Quant à Maximilien Leroy, dessinateur français, expose une série de planches et de tableaux-hommage au poète et militant Jean Sénac, intitulé «Entre deux feux» et illustrée par des poèmes et citations du poète algérien assassiné en 1973. Une autre partie dédiée à des expositions collectives d'oeuvres de caricaturistes et bédéistes algériens regroupent les oeuvres de Hocine Boukella, plus connu sous son nom de scène musicale Cheikh Sidi Bémol, ainsi que le caricaturiste Hichem Baba Ahmed. Une aile de l'exposition a été exclusivement consacrée aux jeunes talents algériens ayant participé aux ateliers de dessin organisés lors de la précédente édition. Une découverte étonnante de regards rafraîchissants et nostalgiques à travers cette exposition, un bel encouragement aussi pour les nouveaux artistes, qu'ils soient algériens ou d'ailleurs. Une promesse pour mieux valoriser cette forme d'art qu'est la bande dessinée en Algérie. Un art en ébullition, aussi bien dans son engagement que dans la beauté de ses expressions.