Le prétendant républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romney, devait attaquer hier la politique d'Obama dans un discours dénonçant la «passivité» du président face à la montée de l'extrémisme au Moyen-Orient. Avec ce discours, annoncé depuis plusieurs jours, Mitt Romney tâchera d'asseoir sa stature de futur chef d'Etat en matière de politique étrangère et défense, un domaine où une majorité d'Américains font plutôt confiance à Barack Obama. «Les attaques contre l'Amérique le mois dernier ne doivent pas être prises pour des actes isolés», devait-il déclarer hier, selon des extraits de son discours diffusés à la presse dimanche, en référence aux attaques d'ambassades américaines dans le Monde arabe en réaction à un film islamophobe diffusé sur internet. Le candidat s'exprimera à 11h20 locales (15h20 GMT) à l'Institut militaire de Virginie, une université militaire dans l'est du pays. «Elles illustrent la lutte plus large qui traverse tout le Moyen-Orient, une région qui vit son bouleversement le plus profond depuis un siècle. Et les lignes de fracture de cette lutte passent clairement par Benghazi», poursuit le texte. Le camp républicain a dénoncé la réaction de l'administration Obama après l'attaque du consulat américain de Benghazi, dans l'est de la Libye, le 11 septembre. Ils reprochent à la Maison Blanche d'avoir attendu plusieurs jours avant de la qualifier de «terroriste» et de sous-estimer les menaces anti-américaines. L'ambassadeur Christopher Stevens et trois autres compatriotes ont été tués dans l'assaut de Benghazi. Dénonçant la stratégie d' «espoir» de Barack Obama, Mitt Romney assure vouloir «changer de cap au Moyen-Orient». «Nous ne pouvons pas aider nos amis et battre nos ennemis si nos paroles ne sont pas appuyées par des actes (...) et si la perception de notre stratégie n'est pas celle d'un partenariat mais celle d'une passivité».Elu président, il renforcerait les sanctions contre l'Iran pour l'empêcher de développer des capacités nucléaires militaires. Il subordonnerait l'aide financière à l'Egypte au respect du traité de paix avec Israël. Il augmenterait le budget américain de la défense. Et il fournirait des armes aux rebelles syriens, contrairement à la politique américaine actuelle. Ces positions ne sont pas nouvelles mais le choix d'y consacrer un déplacement dans un lieu symbolique illustre la certitude du camp Romney que le président est vulnérable sur ces dossiers. Dans un sondage réalisé fin septembre, 46% des personnes interrogées estimaient que Barack Obama ferait «mieux» que Mitt Romney en politique étrangère, contre 40% qui pensaient l'inverse - une avance significative mais resserrée si on la compare au même sondage de juillet (47% pour Obama contre 32% pour Romney). Mais le camp Obama appelle de ses voeux le débat. «Que le combat commence», a lancé Lis Smith, porte-parole du démocrate, dans un communiqué dimanche. «Le président Obama a décimé les rangs des dirigeants d'Al Qaîda, a mis fin de façon responsable à la guerre en Irak, est en train de faire rentrer nos soldats d'Afghanistan et se bat contre les tricheries de la Chine», énumère la porte-parole. Ami personnel du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, avec qui il a travaillé dans les années 1970 dans le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG), Mitt Romney devait aussi aborder le dossier du nucléaire iranien et accuser Barack Obama, comme il l'a fait à plusieurs reprises, de «laisser tomber» Israël. Les débats télévisés des 16 et 22 octobre entre Barack Obama et Mitt Romney aborderont tous deux le thème de la politique étrangère.