Les 27 cadres dirigeants du groupe Ferphos/ Annaba, poursuivis pour une batterie de griefs, dont la dilapidation de deniers publics, abus de biens sociaux et passation de marchés non conformes avec la réglementation en vigueur, ont comparu, jeudi, devant le pôle correctionnel de Constantine. L'affaire avait été, rappelons-le, prise en charge par la brigade de recherches et d'investigations de la Gendarmerie nationale, groupement de Annaba, suite à une poursuite judiciaire lancée par la GSP, sur la base de graves données apparues dans les rapports présentés par les commissaires aux comptes des six filiales. Autre rapport accablant, celui relatif à l'audit limité au 31 juillet 2007, adressé par un expert-comptable aux membres de la Société de gestion des participations Somines. Dans la saisine du magistrat chargé d'instruire le dossier, les mis en cause n'avaient laissé, lors de leur audition par le procureur, de place à aucune équivoque quant aux éléments de l'enquête accablants. Auditionnés au fur et à mesure des investigations, les témoins à charge, les Commissaires aux comptes et l'expert-comptable notamment avaient donné un large aperçu sur l'ampleur des éléments qui alimentaient le scandale. Ces derniers, mentionnés par les Commissaires aux comptes et par l'expert-comptable dans leurs rapports respectifs, avaient constitué la principale préoccupation de la SGP Somines. Lors de l'enquête, il été fait état de créances douteuses et perdues détenues par la filiale Ferbat et SFO, le défaut de provisions et la perte de valeur des titres de participation détenues sur ces deux filiales et qui étaient respectivement de l'ordre de 3.060 et 10.000 milliards de dinars. Considérés tout aussi suspects, le versement de 1,5 million de dinars à l'un des administrateurs du groupe, les conventions établies, la réalisation et l'attribution de villas, les logements duplex, les garages et locaux commerciaux au profit des administrateurs du groupe des filiales et de leurs proches. Les enquêteurs avaient approfondi les investigations sur ce qu'ils estiment être de graves infractions préjudiciables au groupe Ferphos et à ses six filiales, chiffrées à plusieurs millions de dinars. Lors des investigations, les enquêteurs avaient affirmé que le montant du préjudice pourrait être revu à la hausse... Dans le lot des griefs, les éléments de l'enquête, toujours sur la base d'éléments issus des rapports des experts et Commissaires aux comptes, on note le cumul de responsabilités pour plusieurs cadres, souvent incompatibles, et acquéreurs de biens immobiliers réalisés et commercialisés par la filiale Ferbat. D'autres révélations étaient parvenues aux enquêteurs, faisant état de corruption, de trafic d'influence et de brigandage. Une situation qui avait fait sortir la dérégulation systématique dans la gestion des filiales, un fait largement souligné. On citera à ce titre, le projet de réalisation de l'unité d'acide phosphorique de Jijel où des millions de dollars avaient été engagés en pure perte, la disparition entre la côte algérienne et turque du navire qu'aurait acquis Ferphos pour 2 millions de dollars, du vol et du détournement, il y a quelques années, de 15 kg de mercure du laboratoire de Djebel Onk, de l'audit interne qui aurait été réalisé par l'épouse du P-dg. Autre révélation, dans ses conclusions, l'un des experts comptables avait souligné qu'un déficit de 22 millions de dinars avait été transformé en bénéfice de 7,1 millions de dinars pour l'exercice 2006. Il avait également précisé que l'AGO d'examen des comptes avait délibérément établi un faux bilan et affecté un bénéfice fictif. Quant aux cadres impliqués dans ce scandale, ils ont rejeté en bloc toutes les charges retenues contre eux.