Le ministre français de l'Intérieur La visite de M. Valls constitue l'amorce de la dernière ligne droite avant la visite début décembre prochain du président François Hollande. Elle est, sans doute, la plus importante visite d'un ministre français en Algérie, depuis l'investiture, le 15 mai dernier, de François Hollande. Intervenant après la valse de trois de ses collègues, en l'occurrence Laurent Fabius (Affaires étrangères), Yamina Benguigui (Francophonie) et Nicole Bricq (Commerce extérieur), la visite de Manuel Valls est en moins de trois mois, la quatrième d'un ministre français en Algérie. Lors de son séjour, le ministre français s'attellera, avec ses interlocuteurs, à apporter les dernières retouches aux dossiers phare entre les deux pays. Il s'agit, notamment de trouver une formule appropriée pour signer un nouvel avenant à un accord bilatéral de décembre 1968 «relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles», la libre circulation des personnes, la situation des immigrés algériens qui continuent de subir les tensions xénophobes, les conditions de séjour des étudiants et surtout la coopération sécuritaire et économique. Deux jours durant, Valls s'entretiendra aussi avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, son homologue Dahou Ould Kablia, le chef de la diplomatie Mourad Medelci et le ministre des Affaires religieuses Bouabdallah Ghlamallah dont l'administration finance la Grande Mosquée de Paris et lui fournit des imams rémunérés par l'Etat algérien. La gestion de la Grande Mosquée de Paris a de tout temps été au centre d'une polémique. Recevant en décembre 2011 son homologue de droite Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, Ould Kablia avait souhaité que la Grande Mosquée de Paris puisse continuer «à jouer son rôle historique de lieu de rayonnement religieux et également de rayonnement moral et culturel, et cela en faveur prioritairement des Algériens». Dans un autre chapitre, le dernier coup de filet dans les milieux islamistes en France, ne sera pas en reste dans les discussions entre Valls et Ould Kablia. Au plan régional, la visite de M.Valls intervient au moment où les deux pays divergent sur la solution à la crise au Mali où les islamistes ont pris le contrôle dans le nord de ce pays du Sahel. Puissance militaire régionale, l'Algérie qui partage une longue frontière avec le Mali, prône une solution politique, alors que la France souhaite une intervention militaire, considérant que toute négociation avec les groupes armés ne serait que perte de temps. Côté coopération économique, qui jusque-là s'est confinée dans le dossier Renault, la visite du ministre français de l'Intérieur coïncide avec la tenue à Paris d'une rencontre d'affaires sur les opportunités d'investissements en Algérie. La rencontre, à laquelle ont pris part des capitaines de l'industrie algérienne dans divers domaines, penchée sur la problématique des retours d'expériences et les stratégies de développement, la coopération économique algéro-française, et les secteurs et filières en émergence. Initiée par le Réseau des Algériens diplômés des grandes écoles et universités françaises (Reage) et l'Association internationale de la diaspora algérienne (Aida), de plus, elle se proposait surtout de chercher les voies et moyens de convaincre la diaspora algérienne disséminée à travers le monde à s'impliquer dans le développement économique et social du pays. Le président de la Chambre de commerce et d'industrie algéro-française (Cciaf), Jean-Marie Pinel, qui évoquait le partenariat économique entre Alger et Paris, a estimé que «l'Algérie est une économie de demande, et non pas d'offre, dont la traduction par les chiffres est que 70 à 75% des produits consommés sont importés d'où de nombreuses opportunités à fabriquer sur place». Ce qui est sûr, c'est que la visite de M. Valls constitue l'amorce de la dernière ligne droite avant la visite début décembre prochain du président François Hollande. En attendant, un véritable branle-bas de combat est enregistré aussi bien à Alger qu'à Paris. En plus des visites croisées, à l'exemple de la visite de Valls et de celle que doit effectuer à partir d'aujourd'hui en France, le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne à l'étranger Belkacem Sahli, l'ambassadeur de France à Alger, M.André Parant a été reçu par les ministres de la Communication et des Ressources en eau. La question des archives de la guerre de Libération et la coopération dans le domaine des ressources en eau ont été respectivement au centre des deux entrevues.