La guerre civile ou la crise syrienne - quel que soit le qualificatif que l'on donne à ce qui passe dans l'ancien pays du Cham - vient de boucler son vingtième mois avec sa cohorte de violence, de morts et de destructions. Est-il encore temps de se demander pourquoi les Syriens en sont arrivés à ces extrêmites, à ces intransigeances qui ont mené au point de non-retour? Mais ce point de non-retour était voulu, a été, à tout le moins, préparé qui fait que l'opposition formée de «bric-à-brac» «exigeait», rien moins que le départ, sans autre forme de procès, du président Bachar Al Assad, refusant, notamment - soutenue dans ce sens singulièrement par le Qatar et l'Arabie Saoudite - toute discussion avec le pouvoir en place. Ce sont encore les pays du Golfe relayés par les Etats-Unis et la France, en particulier, qui demandaient le départ de Assad dans un «souci», expliquent-ils, de «protéger» la population syrienne. On aurait parfaitement compris, voire admis, cette démarche si ces monarchies (notamment) étaient elles-mêmes au-dessus de tout soupçon. C'est loin d'être le cas. Bien au contraire, tout au long de ces mois le Qatar et l'Arabie Saoudite ont joué les pyromanes par leur aide et soutien multiformes aux rebelles, aux mercenaires et autres djihadistes qui mettent depuis vingt mois la Syrie à feu et à sang. On ne nous fera pas croire que le Qatar et l'Arabie Saoudite seraient des parangons de la démocratie et des protecteurs des droits de l'homme. En Arabie Saoudite l'esclavage est encore d'actualité, pour ne dire plus, au moment où cette monarchie détient le record mondial des pendaisons de condamnés à mort dans des procès loin de répondre aux critères de justice. Pour sa part, le Qatar, qui possède des moyens financiers considérables, pense que tout peut s'acheter y compris les consciences, Ainsi, le Premier ministre du Qatar, Hamad bin Jassim bin Jaber Al Thani, n'a pas hésité à affirmer au général soudanais, Mohammed Mustafa Ahmed al-Dabi - chef des observateurs de la Ligue arabe en Syrie, qui a confirmé dans ses rapports, au début de la rébellion, la version du gouvernement syrien, démentant de la sorte ce qu'avançaient les monarchies du Golfe et les Occidentaux, selon lesquelles les forces syriennes tiraient sur les manifestants, comme on voulait le lui faire dire, contredisant ainsi l'argument qatari - que tout homme à son prix, il suffit qu'il dise quel est le sien. C'est là sans doute le concept de «démocratie» de cet archi-milliardaire habitué à faire plier les pays et les hommes à son diktat. Cela pour dire que ce qui se passe en Syrie n'est pas normal, n'a jamais été ordinaire. Les révoltes en Tunisie, en Egypte et même en Libye - avant que les choses ne soient prises en main par les Occidentaux - ont été au départ spontanées ce qui a grandement facilité leur lecture, comme le départ des dictateurs tunisien et égyptien notamment. On a voulu réitérer le coup en Syrie. Cela n'a pas fonctionné pour la simple raison qu'à la base, le peuple était absent. C'est une opposition hétéroclite, désunie mais forte du soutien de l'étranger, qui prétend s'emparer sans coup férir du pouvoir en Syrie. Vous vous imaginez une rébellion, qui plus est, aidée de l'étranger - le Qatar, l'Arabie Saoudite et la Turquie ne s'en cachent pas - demandant aux présidents Obama, Hollande de partir ou encore la rébellion kurde exiger le départ d'Erdogan? Ce n'est pas sérieux, bien sûr! C'est pourtant ce qu'exige «l'opposition» avec le soutien des Etats-Unis, de la Turquie, de la France et autres Qatar et Arabie Saoudite, alors qu'il appartenait au seul peuple syrien de décider du départ ou non du chef de l'Etat. Ceux qui ont aidé la rébellion contre le pouvoir syrien sont de fait coresponsables, de la destruction de la Syrie de ses joyaux que sont Alep et Damas. En fait, ce qui se passe en Syrie n'a rien à voir avec la démocratie, les droits de l'homme et tutti-quanti. On imagine mal que ce soit cela l'équité internationale et le droit pour tous les peuples de vivre libres et égaux, quand les Occidentaux et les derniers reliquats de la monarchie absolue prétendent dicter aux peuples ce qui serait bon pour eux et décider à leur place du choix de leurs dirigeants. La Syrie qui a refusé de se plier au diktat en paye chèrement le prix!