Le drame que vit la Syrie depuis dix-sept mois est noyé dans l'amalgame, la désinformation et l'à-peu-près. Un seul son de cloche est admis pour ce qui touche à la situation en Syrie: le régime de Bachar Al Assad «réprime» son peuple, il organise des «massacres» à grande échelle utilisant des chars, des hélicoptères et des avions contre les civils, les femmes et les enfants. A contrario, les rebelles - constitués de déserteurs de l'armée syrienne, de mercenaires (payés par le Qatar et l'Arabie Saoudite) et de djihadistes de tout crin - ne disposeraient que d'armes légères pour contrer la puissance de feu des forces du régime. Or, ces rebelles «légèrement» armés donc, font, nous dit-on, des ravages dans les rangs de soldats surarmés, lesquels, bien sûr, s'en prennent aux civils, aux femmes et aux enfants. Vous pouvez lire ces «infos» tous les jours dans les médias et agences occidentaux bien- pensants et les journaux des monarchies. Dans le même élan, ces médias «informent» le monde que ces rebelles, si peu armés, outre d'infliger des coups durs au régime syrien, auraient pris et contrôleraient la moitié d'Alep (ville peuplée de 2.500.000 habitants). Excusez du peu! Mais ce qui est tout de même bizarre est le fait que ces médias s'abreuvent à une unique source: ledit «Observateur syrien des droits de l'homme (Osdh, basé à Londres) qui égrène à longueur de journée le nombre de civils, femmes et enfants tués par le régime. Infos répercutées par ces médias sans vérification, reprises de même sans autre précaution par le secrétaire général de l'ONU. De fait, la Syrie fait face à une agression de grande ampleur téléguidée de l'étranger. Les médias occidentaux et monarchiques, mettent aussi lourdement et systématiquement en exergue le veto de la Russie et de la Chine contre des résolutions qui tentent d'internationaliser la crise syrienne par l'ouverture de la voie à une intervention militaire étrangère sous le label de l'ONU. Cela s'est vérifié en Libye et Pékin et Moscou, consternées, ne veulent plus qu'on les y reprenne à cautionner des va-t-en guerre. Alors que la Russie et la Chine insistent sur une solution politique négociée entre le pouvoir en place et l'opposition, les USA, singulièrement, et l'opposition exigent le départ d'Al Assad. C'est en fait cette intransigeance des soutiens de la rébellion qui a induit l'échec de la mission Annan. De fait, comment des gens autoproclamés opposants, peuvent-ils exiger aussi benoîtement d'un président élu de se démettre et de quitter le pouvoir?. Vous imaginez Obama, Hollande, Cameron, Erdogan et autres Abdallah et Al Thani (principaux soutiens et financiers de l'agression contre la Syrie) abandonner «comme ça» leurs pouvoirs parce que des quidams qui se disent «opposants» les auraient sommés de «f...» le camp? Allons, soyons sérieux! Par ailleurs, on a inopportunément rattaché les évènements de Syrie au dit «printemps arabe». Voilà un exemple fâcheux et malvenu, car si effectivement il y eut une révolte en Tunisie et en Egypte - d'ailleurs rapidement neutralisée et récupérée par les islamistes de ces deux pays - cela n'a jamais été le cas en Libye comme en Syrie. En Tunisie et en Egypte ce sont bien les peuples tunisien et égyptien qui se sont révoltés contre leurs tyrans lesquels se sont enfuis (Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite) ou démissionné (Moubarak) au bout de quelques semaines de manifestations du peuple. Incontestablement, Ben Ali et Moubarak ont été chassés par leur peuple. Or, cela fait dix-sept mois que le peuple syrien résiste aux côtés du président Assad. Qui pourrait le nier? La réalité est là: aucun chef d'Etat rejeté par son peuple ne peut se maintenir au pouvoir contre le gré de ce peuple. Qui aurait songé un instant que Moubarak tomberait aussi aisément que fétu de paille? El Gueddafi non plus n'a pas été chassé par son peuple, mais bien par l'Occident et son bras armé l'Otan et les finances du Qatar et de l'Arabie Saoudite. Alors qui manipule qui en Syrie quand l'information sur ce pays est délibérément biaisée? Ce qui se passe en Syrie n'est pas catholique d'autant plus que les USA menacent de se passer de l'ONU pour agir en Syrie - ils l'ont fait en Irak, détruisant ce pays. Cela n'est guère fortuit et doit inciter à se poser des questions...