Mohamd Kacimi en compagnie du directeur du théâtre Le théâtre Saint-Gervais de Genève a abrité durant trois jours, du 16 au 18 octobre dernier, un événement culturel dédié à la jeune création algérienne déclinée au féminin-pluriel. Une manifestation qui s'est voulue non pas une halte sur l'histoire de l'Algérie et ses artistes mais une pause sur son présent en devenir, parfois hypothétique mais fort ambitieux et dynamique. Cet événement englobait trois soirées, soit trois thématiques différentes, liées au cinéma, à la littérature et enfin à la presse, blogs et son pendant la liberté dans le Monde arabe en général et en Algérie en particulier. Autrement filmer, écrire et témoigner. Organisée par l'association «Ecritures du Monde» que préside le dramaturge Mohamed Kacimi et à l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), pour fêter le Cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie à Genève, cette manifestation s'est voulue mettre en avant, en première phase le jeune cinéma algérien mais aussi les nouveaux visages de la littérature féminine. Goulili de Sabrina Draoui, Djin (diffusé en moitié en raison de problèmes techniques) et El Bab de Yasmine Chouikh présentés devant un public composé majoritairement de femmes algériennes notamment ont grandement séduit. Avec ces deux cinéastes en herbe, il a été question de connaître les mécanismes de production et de diffusion des films en Algérie ainsi que la situation des salles de cinéma et le genre de public présent ou absent qui les fréquente, en somme, de la politique de promotion du cinéma en Algérie qui reste timide en Algérie. Le second jour de ces rencontres, a vu la projection en première partie d'un reportage de TV5 Monde sur le Sila 2012 avec un interview de l'éditrice de Barzakh Selma Hellal. Khadija Chouit, éditrice de la revue et du site Esprit Bavard a présenté son remarquable travail, qualifié d'une véritable «aventure» folle mais passionnante jonchée de difficultés. Pour sa part, Hadjer Kouidiri, romancière arabophone a évoqué son nouveau roman publié au Liban et l'absence de sérieux et d'intérêt en Algérie pour l'édition du livre en langue arabe. Journaliste à la télévision puis dans la presse écrite, cette femme a eu le courage de se lancer dans la littérature partant de sa motivation profonde en prenant conscience de sa nature d'«écrivaine avant tout!» qui espère à tout prix «mettre en lumière» son oeuvre par amour des mots et des histoires. Lors de son séjour à Genève, Hadjer Kouidiri aura fait cette excellente trouvaille dans un marché aux puces, une vieille machine à écrire qu'elle a acquise pour une modique somme symbolique, bien que sa valeur personnelle, elle, n'a pour elle aucun prix... Pour Amezaine Ferhani, journaliste, présent à ces rencontres, aujourd'hui la liberté de ton est de mise dans l'écriture romanesque, reste à améliorer peut-être «la manière de dire». Le dernier jour a vu la projection en préambule du reportage réalisé par le journaliste Tewfik Hakem, abordant «toutes les télés du monde avec un axe zoomé sur le cas de l'Algérie».Pertinent sujet qui reste d'actualité. Ce dernier nous plongera notamment dans les coulisses de l'émission satirique et populaire El Fhama et abordera la liberté de ton de certains sket chs qui se démarquent durant le Ramadhan tels Nass Mleh city qui contraste avec le ton sentencieux de l'arabe académique qui caractérise notre journal télévisé. Deux importantes interviews ont émaillé ce reportage notamment celui de feu Abdou B. et l'ex-directeur de la Télévision nationale Hamraoui Habib Chawki qui en 2006 prédisait déjà l'ouverture du champ audiovisuel. Aujourd'hui ceci est une réalité bien que mitigée mais qui, avec la nouvelle loi sur l'information, semble en nette progression, plus un rêve mais une réalité palpable surtout avec l'avènement des trois chaines privées (El Djazaira, Chourouk et El Nahar TV). Pour aborder ce sujet, deux journalistes, notamment de Canal Algérie Radia Boulmaali et Yasmine Chouikh ont reconnu les carences de cette chaîne qui se débat dans un contexte miné par le manque de moyens tout en espérant faire face à l'avenir à la concurrence qui se dessine. La manifestation Les Algériens, a connu également la diffusion de trois courts-métrages du docu web fiction Un été à Alger (La rue de Amina Zoubir, Jardin d'essai de Hasan Ferhani et 50 contre un de Amar lamine Khodja.). Un été à Alger est né à l'initiative de Caroline Gilet et d'Aurélie Charon, deux journalistes d'une radio française, venues à Alger en 2011 pour réaliser «Alger nouvelle génération», une web série radiophonique sur le thème de la jeunesse. À l'occasion du Cinquantenaire de l'indépendance, quatre jeunes réalisateurs algériens donc (quatre avec Yanis Koussim, ndlr) filmeront leur ville de façon intime. Ils vont partager leur questionnement identitaire tout en ayant chacun un regard singulier à donner. Cette pertinente coproduction algéro-française est à visionner sur le Net notamment sur dailymotion ou en cliquant sur http://www.un-ete-a-alger.com/. Un film/ fragment à regarder absolument. «Pour ce festival inédit, nous avons tenu à construire un temps fort pour donner l'occasion au public d'entendre, de rencontrer, de débattre avec les nouvelles figures de la création féminine algérienne. Aujourd'hui, en dépit des années noires, les femmes algériennes sont partout: dans les écoles, les administrations, au sein de l'armée, dans les assemblées élues, à la tête d'entreprises économiques et surtout dans le monde en effervescence de la culture. Ces journées seront l'occasion de faire découvrir au public ce que l'Algérie compte comme femmes qui réinventent et ré-enchantent un monde qu'on veut leur interdire», a tenu à expliquer Mohamed Kacimi.