L'appel à la grève a été visiblement entendu par toute la population locale. Tôt dans la matinée d'hier, le climat annonçait un événement important dans la ville d'Azeffoun. Les discussions dans les cafés qui faisaient face à la brise marine tournaient essentiellement autour du kidnapping qui a visé le jeune fils d'un entrepreneur du village M'lata, au début du week-end. Tous s'enquéraient des nouvelles de la famille et de la victime. Il était presque 9h, et la rue principale commençait à se remplir. Les gens affluaient de tous les côtés. Les cafés ont tous baissé rideau. Les commerces aussi ont suivi massivement le mot d'ordre de grève générale lancé la veille par la cellule d'urgence mise sur pied par les villageois de M'lata. L'appel à la grève a été visiblement entendu par toute la population locale. Des dizaines de manifestants affluaient vers le siège de la mairie. Les organisateurs de la marche ont fixé ce lieu comme point de départ pour se diriger par la suite vers le siège de la daïra. Ils étaient presque deux mille personnes à prendre part à cette action de solidarité avec la famille de la victime Hadjou Ghilès. «Libérez Ghilès», «Halte aux kidnappings», étaient entre autres les slogans répétés en choeur par les citoyens. Arrivés devant le portail du siège de la daïra, un rassemblement a été improvisé. Des citoyens, essentiellement du village de M'lata, ont pris la parole pour appeler à la solidarité des autres villages et communes. D'autres ont tenu à dénoncer la situation d'insécurité qui pénalise les populations de cette contrée située loin du chef-lieu de wilaya. Il faut signaler, en effet, que pour se rendre de la ville de Tizi Ouzou à Azeffoun, c'est un parcours du combattant. Sans ligne de transport directe, les usagers doivent se résigner à faire des escales à Azazga ou à Fréha. Certains citoyens en colère ont tenu à s'indigner contre l'impunité dont jouissent ces réseaux maffieux qui ne cessent de défier les services de sécurité. «Malgré ce nombre impressionnant de kidnappings qui touchent les différentes localités de cette petite wilaya, les bandes de malfaiteurs continuent encore d'enlever des citoyens», clame un homme à la cinquantaine. «Mais où est l'Etat qui doit nous protéger?», renchérit un autre. «Les gens ont leurs affaires quotidiennes à gérer. Ce n'est pas à nous de combattre ces hordes. ça c'est le travail des services de sécurité», explique un autre jeune. Aux environs de midi, les gens se sont dispersés dans le calme. La cellule de crise installée par les villageois ne compte pas s'arrêter là. Bien au contraire, celle-ci restera mobilisée H24 afin de faire la lumière sur cet enlèvement. Car, pour rappel, bien que les villageois ont retrouvé le véhicule du jeune Ghilès, il n'en demeure pas moins qu'ils n'avaient encore jusqu'à hier aucune nouvelle. Aucun contact n'a été établi également entre la famille et ses éventuels ravisseurs.