L'appel des comités de village de la commune d'Azeffoun, 65 km au nord-est de Tizi Ouzou, à la marche d'hier matin, dans l'optique d'obtenir la libération du jeune Aghilès Hadjou, a trouvé un large écho auprès de la population. Plus de 4000 personnes ont convergé vers la ville côtière d'Azeffoun, en signe de solidarité avec la famille de la victime. Ils sont venus des communes limitrophes, telles que Aït Chafaâ, Iflissen, Tigzirt, Aghribs et Akerrou. Cette action de protestation, enclenchée au lendemain de l'enlèvement du jeune Aghilès, a été ponctuée, comme prévu, par une grève générale durant toute la matinée d'hier. Tous les commerçants de la ville ont baissé leur rideau. La procession s'est ébranlée vers 10h20 du siège de l'APC d'Azeffoun jusqu'au siège de la daïra, sis à la sortie ouest de la ville, en passant par le centre-ville. Des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire : «Libérez Aghilès», «Halte aux kidnappings», ont été déployées par les manifestants. Une atmosphère de tristesse mais aussi d'inquiétude régnait hier dans cette ville, connue pour sa tranquillité. Les personnes qui ont pris part à cette action de protestation ont exprimé leur exaspération face à la série noire des enlèvements qui n'épargnent aucune région à Tizi Ouzou. «Nous vivons la peur au ventre depuis des années. Il faut que cette situation d'insécurité cesse. Nous ne pouvons pas vivre dans la peur éternellement. Notre région, naguère havre de paix, doit retrouver le calme et la sécurité à l'instar des autres régions d'Algérie», dira un élu d'Azeffoun. A 11h30, les marcheurs arrivés devant le siège de la daïra ont tenu un rassemblement. Des intervenants ont exhorté la population à rester mobilisée jusqu'à la libération du jeune Aghilès, âgé seulement de 19 ans. «Il ne faut pas baisser les bras. Nous demeurons toujours mobilisés et pacifiques. Aghilès est un citoyen comme nous. Il est victime d'un enlèvement. Nous exigeons sa libération dans les plus brefs délais», dira un intervenant. Des élus et des militants de plusieurs partis politiques sont aussi venus apporter leur soutien aux habitants d'Azeffoun, qui ne sont pas à leur première épreuve. A la fin des interventions, la population s'est dispersée dans le calme. Les membres de la cellule de crise installée par les villageois d'Azeffoun, quelques heures après la disparition du jeune Hadjou Aghilès, fils d'un entrepreneur des travaux publics dans la région, décideront, si l'otage n'est pas libéré, d'entamer d'autres actions de protestation. Pour rappel, la victime du village Aït Illoul a été portée disparue depuis jeudi soir. Son véhicule a été retrouvé vendredi matin pas loin du village Chorfa, sur les hauteurs de la commune d'Azeffoun. C'est la 72e victime que la wilaya de Tizi Ouzou a enregistré depuis le début de ce phénomène à la fin des années 2005. Une wilaya qui détient le triste record d'enlèvements à l'échelle nationale. Ce phénomène a porté un sacré coup au développement économique local. Selon des statistiques présentées par l'APW de Tizi Ouzou, pas moins de 70 importants investisseurs ont quitté la wilaya de Tizi Ouzou à cause du climat d'insécurité qui y règne. La plupart des victimes kidnappées, des personnes riches en général, ont payé de fortes rançons contre leur libération par les groupes armés. Des rançons estimées parfois à plusieurs milliards de centimes. Certaines victimes ont été libérées sans aucune contrepartie par la pression et la mobilisation de la population de la région. D'autres, malheureusement, ont été exécutées par leurs ravisseurs. C'est d'ailleurs pour aujourd'hui que le procès des 13 personnes impliquées dans l'affaire de l'enlèvement et de l'assassinat de l'entrepreneur en travaux publics Hand Slimana de la commune voisine, Aghribs, est prévu par le tribunal de la ville de Tizi Ouzou. Cette affaire remonte à l'année 2010. Ce procès a été déjà renvoyé le mois du mai dernier par le juge.