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Ces penseurs occidentaux fascinés par l'Islam
L'ISLAM DES COEURS
Publié dans L'Expression le 28 - 10 - 2012

En ce moment de fête de l'Aid Al Adha et de commémoration du sacrifice d'Abraham, les musulmans du monde entier communient et font de cette espérance celle du pardon. Les médias occidentaux, selon un agenda bien étudié, continuent à présenter l'Islam comme le continent de la peur du terrorisme. Quand on montre par exemple le pèlerinage de La Mecque, ce n'est pas, par empathie c'est malheureusement pour inciter à la peur implicitement ces millions de fidèles musulmans comme des terroristes potentiels, le couteau entre les dents, qui ne connaissent rien à la dignité humaine et aux droits de l'homme marque déposée d'un Occident qui série, catalogue et dicte la norme. Pourtant, ces musulmans étymologiquement -soumis à Dieu- qui tiennent à leur Dieu, contre vents et marées dans leur immense majorité, ne demandent qu'à vivre leur spiritualité et n'ont nullement l'intention de faire du prosélytisme. Il n'est point besoin de convoquer des conciles pour partir à la conquête des coeurs. La religion musulmane bien comprise est un problème de foi, personnel.
La mal-vie des musulmans en Occident
L'année 2012 a été particulièrement éprouvante pour les musulmans agressés à la fois sur le plan physique, -tous les conflits meurtriers actuels sont des conflits où des hommes meurent musulmans-et sur le plan spirituel, il n'est que de rappeler les faits les plus abjects ceux du film anti-Islam aux Etats Unis, les caricatures de Charlie Hebdo au nom de la liberté d'expression, et dernièrement le film réalisé par un cardinal appelant implicitement à barrer la route à l'Islam, sinon l'Europe sera musulmane dans quelques décennies. Dans ces conditions de conditionnement permanent et de matraquage d'informations fausses, tendancieuses, il n'est pas étonnant que les citoyens occidentaux rejettent l'Islam d'autant que des intellectuels paléo-musulmans installés confortablement en ces lieux font assaut de diabolisation pour être bien en cours.
A titre d'exemple, en France, les musulmans sont de plus en plus mal aimés et Le Figaro a bien choisi son moment pour le faire savoir à nouveau à l'opinion publique. A la veille de l'Aïd el Kébir (Aïd al- -Adha) vendredi 26 octobre, un sondage Ifop pour le quotidien paru mercredi 24 octobre, révèle que l'islam est très mal perçu par une majorité de Français. 43% des sondés considèrent la présence d'une communauté musulmane dans le pays comme une «menace pour l'identité du pays». Seuls 17% voient cette présence comme un enrichissement culturel tandis que 40% y sont indifférents Comparée à une étude de 2010, l'étude actuelle témoigne d'une dégradation de la perception que les Français ont des musulmans. Pour les personnes interrogées, c'est aussi l'islam qui pose problème. Ainsi, les traits d'image associés à cette religion sont les mots «rejet des valeurs occidentales» (63%), «fanatisme» (57%) et «soumission» (46%). Seuls 14% associent l'islam à la «tolérance». De même un rapport du Pew Research Center, publié en septembre 2012, intitulé Global Restrictions on Religions, fait état du recul de la liberté religieuse dans le monde. Pratiquer sa religion est de plus en plus ardu: de plus en plus d'obstacles se dressent devant les croyants. De prime abord, ce rapport est consternant, il attriste et témoigne d'un bond en arrière en ce XXIe siècle par rapport aux siècles précédents
«S'agit-il, écrit Alain Gresh, d'une religion à part, fondamentalement différente des autres croyances? La doctrine religieuse, voire le Coran, permettent-ils de comprendre ce qui se passe dans le monde dit musulman? Existe-t-il d'ailleurs une entité cohérente «monde musulman» (ou «islamique»)? Ou «une société musulmane», «une science musulmane», «une histoire musulmane»? Que cette religion reçoive un traitement à part en France et en Europe, cela ne fait aucun doute. Imagine-t-on un éditorialiste français écrivant «je suis un peu judéophobe»? Et pourtant Claude Imbert a écrit, sans en être discrédité, «je suis un peu islamophobe».(1) «J'en suis persuadé, il existe en France, et plus largement en Europe, une islamophobie. Mais elle couvre évidemment des phénomènes différents (...) Combien de fois n'a-t-on pas entendu dire que le prophète Mohammed ayant été chef militaire, cela expliquerait le caractère guerrier de l'islam (ce qui serait fondamentalement différent du christianisme). (...) C'est tout l'intérêt du livre de Sami Zubaida, professeur émérite de sciences politiques et de sociologie à l'université Birkbeck de Londres, Beyond Islam. A New Understanding of the Middle East (I. B. Tauris, Londres, 2011). Dès le départ, l'auteur annonce sa volonté «de ́ ́désacraliser ́ ́ la région (le Proche-Orient), en mettant en question le rôle prédominant attribué à la religion dans beaucoup d'écrits qui appliquent le qualificatif d'islamique (ou musulman) à leur culture et à leur société». Existe-t-il vraiment, s'interroge-t-il, un art islamique, une musique islamique, une science islamique, une politique islamique? (...)Zubeida rappelle que les trois religions monothéistes ont des corps de doctrine similaires sur la sexualité, le blasphème, les pratiques morales, etc. L'affirmation que les vérités religieuses ont la prééminence sur les vérités scientifiques se retrouve aussi bien dans l'islam que dans le christianisme. (...) On peut résumer le propos de Zubeida en reprenant le grand penseur Edward Said sur l'islam: «Quand on parle de l'islam, on élimine plus ou moins automatiquement l'espace et le temps.» (1)
Les penseurs et intellectuels fascinés par l'Islam
Dans l'impossibilité de citer toutes les femmes et les hommes qui ont choisi de vivre musulmans, nous allons citer quelques personnalités, étrangères à l'Islam, qui ont cependant par certaines de leurs oeuvres ou de leurs paroles contribué à mettre en lumière la grandeur de l'Islam et/ou la noblesse de caractère de son prophète Mohamed (Qsssl).
Napoléon Bonaparte
Napoléon Bonaparte est surtout connu pour être empereur des Français. Cependant, Napoléon lors d'une de ces campagnes, en mars 1798, alors qu'il n'est encore que général, qu'il est envoyé en Egypte. Un de ses généraux est resté en Egypte, s'est converti à l'Islam et a fait souche. C'est au contact de cette population musulmane que Napoléon fut mis en relation avec les préceptes de l'Islam, dont il proclamera d'ailleurs la grandeur durant toute sa vie, à travers ses correspondances personnelles: ́ ́L'Islam, écrit-il, attaque spécialement les idolâtres; il n'y a point d'autre dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète; voilà le fondement de la religion musulmane; c'était le point le plus essentiel: consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Jésus. (...) Il n'y a pas d'autre dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. (...) Je suis, moi, musulman unitaire et (que) je glorifie le Prophète. (...) J'espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l'Alcoran qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes.
Victor Hugo: écrivain français (1802-1885)
Victor Hugo est un écrivain français considéré comme l'un des plus éminents de la langue française. Il est connu que les opinions religieuses de Victor Hugo changèrent sensiblement au cours de sa vie. Dans sa jeunesse, il s'identifiait en tant que catholique pratiquant, et éprouvait du respect pour l'Eglise et son autorité, puis il se détacha progressivement de la pratique religieuse, pour s'intéresser au spiritisme... De son intérêt pour l'Islam, on connaît de lui le fameux poème intitulé «L'an neuf de l'Hégire», composé en 1858, et qui rend hommage au prophète Mohamed (Qsssl): Il n'est pas sans intérêt de relire le poème que Hugo, dans le cadre de La légende des Siècles, publie sur la mort du prophète de l'islam en 1858 et qui s'intitule «L'an 9 de l'hégire». Il y donne de Mahomet, comme il le nomme, une image bien différente de celle que l'on peut lire aujourd'hui dans le monde européen. «Comme s'il pressentait que son heure était proche. Grave, il ne faisait plus à personne un reproche, Il marchait en rendant aux passants leur salut; (...) Il semblait avoir vu l'éden, l'âge d'amour, Les temps antérieurs, l'ère immémoriale. Il avait le front haut, la joue impériale, Le sourcil chauve, l'oeil profond et diligent, Le cou pareil au col d'une amphore d'argent, L'air d'un Noé qui sait le secret du déluge. Si des hommes venaient le consulter, ce juge Laissait l'un affirmer, l'autre rire et nier, Ecoutait en silence et parlait le dernier. Sa bouche était toujours en train d'une prière; Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre; Il s'occupait de lui-même à traire ses brebis; Il s'asseyait à terre et cousait ses habits. Il jeûnait plus longtemps qu'autrui les jours de jeûne, Quoiqu'il perdît sa force et qu'il ne fût plus jeune. A soixante-trois ans une fièvre le prit.Il relut le Coran de sa main même écrit, Puis il remit au fils de Séid la bannière, En lui disant: «Je touche à mon aube dernière. Il n'est pas d'autre Dieu que Dieu. Combats pour lui.» Lui, reprit: «Sur ma mort, les Anges délibèrent;L'heure arrive. Ecoutez. Si j'ai de l'un de vous Mal parlé, qu'il se lève, ô peuple, et devant tous Qu'il m'insulte et m'outrage avant que je m'échappe, Si j'ai frappé quelqu'un, que celui-là me frappe.» Et, tranquille, il tendit aux passants son bâton. (...)J'ai de tous les péchés subi l'approche étrange, Chaque faute engendre un ver de terre. Souvent, comme Jacob, j'ai la nuit, pas à pas, Lutté contre quelqu'un que je ne voyais pas; Mais les hommes surtout ont fait saigner ma vie,(...) Quand même, se ruant sur moi, mes ennemis Auraient, pour m'attaquer dans cette voie étroite, Le soleil à leur gauche et la lune à leur droite, Ils ne me feraient point reculer! ́ ́ (...) Le lendemain matin, voyant l'aube arriver; «Aboubékre, dit-il, je ne puis me lever, Tu vas prendre le Livre et faire la prière.» Et sa femme Aïscha se tenait en arrière; Et l'Ange de la mort vers le soir à la porte Apparut, demandant qu'on lui permît d'entrer. «Qu'il entre.» On vit alors son regard s'éclairer De la même clarté qu'au jour de sa naissance; Et l'Ange lui dit: «Dieu désire ta présence. - Bien», dit-il. Un frisson sur les tempes courut, Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut».(3)
Goethe: Le chant de Mahomet
«Si tel est le Coran ne sommes-nous tous pas musulmans?» Cette phrase résume à elle seule l'immense respect de Goethe pour l'Islam. Il écrit notamment: «Voyez le ruisseau des montagnes brillant de joie, comme un regard des étoiles! Au-dessus des nuages, de bons génies ont nourri son enfance parmi les roches buissonneuses. Jeune, ardent, il s'élance de la nue sur les parois de marbre, et il pousse encore vers le ciel des cris d'allégresse. Le long de ses sentiers sublimes; il pourchasse les cailloux bigarrés, et, comme un guide empressé, il entraîne à sa suite les sources fraternelles. Là-bas, dans la vallée, les fleurs naissent sous ses pas et la prairie s'anime de son haleine. Mais rien ne l'arrête, ni la vallée ombreuse; ni les fleurs qui s'enlacent autour de ses genoux, et le caressent de leurs regards amoureux: il précipite vers la plaine sa course tortueuse. Les fontaines unissent: leurs flots aux siens. Fier de ses ondes argentées, il entre dans la plaine; et la plaine, fier de lui, et les rivières des campagnes et les ruisseaux des monts le saluent avec allégresse et s'écrient: «Mon frère, mon frère, prends tes frères avec toi, et les emmène vers ton vieux père, l'éternel océan, qui, les bras ouverts nous appelle. Hélas! ils s'ouvrent en vain pour recueillir ses enfants qui soupirent, car, dans l'aride désert, le sable altéré nous dévore; là-haut, le soleil absorbe notre sang; une colline nous arrête en nappe immobile. O frère, prends tes frères de la plaine, prends tes frères des montagnes et les emmène vers ton père!» Venez tous!... Et il s'enfle plus magnifique; toute une nation porte le prince au faîte des grandeurs. Et dans le cours de son triomphe, il nomme les contrées; les cités naissent sous ses pas; irrésistible, il marche avec fracas; il laisse derrière lui les tours aux sommets étincelants, les palais de marbre, créations de sa fécondité. Ainsi, mugissant de joie; il porte ses frères; ses enfants, ses trésors, dans le sein du père; qui les attend.(4)
Alphonse de Lamartine
Lamartine écrit une «Vie de Mahomet» en 1854, dont on peut dire que c'est la première biographie objective écrite par un Occidental. Nous lisons: «Jamais un homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain: Saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, restaurer l'idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l'idolatrie... Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde, puisque moins de deux siècles après sa prédication, l'islamisme, prêché et armé, régnait sur les trois Arabies, conquérait à l'Unité de Dieu la Perse, le Khorassan, la Transoxiane, l'Inde occidentale, la Syrie, l'Egypte, l'Ethiopie, tout le continent connu de l'Afrique septentrionale, plusieurs iles de la Méditerranée, l'Espagne et une partie de la Gaule». «Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet? Les plus fameux n'ont remué que des armes, des lois, des empires; ils n'ont fondé, quand ils ont fondé quelque chose, que des puissances matérielles, écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel... Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur de dogmes, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. À toutes les échelles où l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand?»(5)
George Bernard Shaw
Le célèbre dramaturge et critique irlandais, George Bernard Shaw (1856-1950), prix Nobel de littérature 1925 ne fut pas en reste il écrit: «Je voulais mieux connaître la vie de celui qui, aujourd'hui détient indiscutablement les coeurs de millions d'êtres humains; je suis, désormais, plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le coeur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie.
C'était cette grande humilité, cet altruisme du Prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès et lui permirent de surmonter les problèmes.» (5)
Julius Evola: écrivain et poète italien 1898-1974
Julius Evola est surtout connu pour être une grande figure de l'ésotérisme occidental vers lequel il s'orienta au milieu de sa vie après la lecture de l'oeuvre de Réné Guénon (Abd al wahid Yahya en islam). Dans son célèbre ouvrage ́ ́Révolte contre le monde moderne ́ ́ qui rappel la ́ ́crise du monde moderne ́ ́ de R.Guénon, Julius Evola détaille sa vision de l'islam dont le symbolisme traditionnel d'après lui indique clairement un rattachement direct de l'islam à la Tradition primordiale elle-même. D'où l'indépendance totale de l'islam vis-à-vis du judaïsme ou du christianisme, religions à l'égard duquel il reste très critique et dont il rejette plusieurs des dogmes comme le péché originel, le concept de rédemption, la médiation sacerdotale, etc...: «Si l'Islam se considère comme la ́ ́religion d'Abraham ́ ́ et a même voulu faire de celui-ci le fondateur de la Kaaba, où réapparaît la ́ ́pierre ́ ́, le symbole du ́ ́Centre ́ ́, il n'en demeure pas moins qu'il affirme son indépendance vis-à-vis de l'hébraïsme comme du christianisme, que le centre de la Kaaba contenant le symbole en question a des origines préislamiques lointaines, difficiles à déterminer, et qu'enfin le point de référence de la tradition ésotérique islamique est la mystérieuse figure du Khidr, considérée comme supérieure et antérieure aux prophètes bibliques. L'Islam rejette le thème caractéristique de l'hébraïsme, qui deviendra, dans le christianisme, le dogme et la base du mystère christique: il maintient, sensiblement affaibli, le thème de la chute d'Adam, sans en déduire, toutefois, la notion de ́ ́péché originel ́ ́. Il voit en celui-ci une ́ ́illusion diabolique ́ ́ - talbis Iblîs. D'une certaine façon, même, ce thème est inversé, la chute de Satan - Iblîs ou Shaitân - étant attribuée, dans le Coran (XVIII, 48), au refus de celui-ci de se prosterner, avec les Anges, devant Adam. Ainsi se trouvent repoussées à la fois l'idée centrale du christianisme, celle d'un rédempteur ou sauveur, et l'idée d'une médiation exercée par une caste sacerdotale.» (5) (6)
Mahatma Gandhi: guide spirituel de l'Inde
Hindou élevé dans le plus grand respect de l'islam, Gandhi fut à la fois homme politique pacifiste et philosophe. A propos de l'islam et de son prophète (Qsssl) il eut le témoignage suivant: «Je voulais mieux connaitre la vie de celui qui aujourd'hui détient indiscutablement les coeurs de millions d'êtres humains. Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le coeur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C'était cette grande humilité, cet altruisme du prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès, et lui permirent de surmonter les problèmes.»(7)
Eva de Vitray Meyerovitch
Nous ne pouvons pas terminer ce plaidoyer pour l'Islam des coeurs sans citer Eva de Vitray Meyerovitch. Intellectuelle brillante, écrivain, traductrice, chercheur, responsable du département sciences humaines du CNRS après la Seconde Guerre mondiale, Eva de Vitray-Meyerovitch est entrée en islam vers 1950. Une quarantaine d'ouvrages témoignent de sa recherche ardente, parmi lesquels un trésor enfin révélé aux francophones: le Mathnawi, de Rûmî. Sa parfaite connaissance de la pensée de Muhammad Iqbal lui a permis de trouver sa voie dans un islam ouvert, de paix et d'amour, dont elle est devenue l'une des meilleures ambassadrices. Ce sont des influences qui comptent, elle fait le choix d'entrer en islam en 1950. Elle explique pourquoi: «L'islam oblige à reconnaître toutes les communautés spirituelles, tous les prophètes antérieurs. L'islam est le dénominateur commun à toutes les religions. On ne se convertit pas à l'islam. On embrasse une religion qui contient toutes les autres.»
(....) Ce serait formidable si vous aviez été une disciple de Rûmî assise à ses pieds... Lorsque j'ai fait mes premiers pas vers l'Islam, après la lecture du livre d'Iqbal, vous pensez bien que cela n'a pas été facile. J'avais été élevée dans la religion catholique par une grand-mère d'origine anglicane. J'avais un mari juif. J'avais le sentiment de faire quelque chose de fou et j'étais parfois d'autant plus désemparée que je n'avais personne pour me guider. Il m'arrivait de demander dans ma prière: ́ ́Dites-moi ce que je dois faire! Envoyez-moi un signe ́ ́... Ce signe, je l'ai reçu sous la forme d'un songe. J'ai rêvé que j'étais enterrée et, par une sorte de dédoublement, je voyais ma tombe, une tombe comme je n'en avais jamais vue et sur laquelle mon prénom, Eva, était écrit en caractères arabes ou persans, ce qui donnait Hawa. Cela me paraissait bizarre, et, tout en dormant, je me disais: «Mais enfin, je ne suis pas morte». Pour mieux m'en persuader, je remuais mes doigts de pied. Au réveil, je me souviens m'être dit: «Eh bien! ma petite, tu as réclamé un signe et le voici: tu seras enterrée comme une musulmane.» Depuis 2008, son corps repose à Konya, près de la tombe de Rûmî, avec son nom musulman, Hawa, gravé sur la pierre.(8) D'autres témoignages, sont ceux de Arthur Rimbaud, Pierre Loti, Maurice Béjart (1927-2008), chorégraphe français. Etienne Dinet, alias Hadchi Nasreddin (1861-1929), peintre français. Titus Burckhardt (1908-1984), écrivain suisse issu de l'école traditionaliste. Isabelle Eberhardt (1877-1904), écrivaine suisse d'origine russe. Roger Garaudy (1913- 2012), écrivain philosophe français. René Guénon alias Abdul-Wahid Yahya (1869-1951), écrivain philosophe français. Maurice Bucaille médecin gastroentérologue, membre de la fondation française d'égyptologie et auteur de quelques ouvrages sur l'islam dont le plus célèbre est ́ ́La Bible, le Coran et la science ́ ́ Enfin nous citerons Louis Massignon. Ce dernier est notamment connu entre autres pour être l'auteur d'une thèse monumentale sur la vie d'Al Hallaj, l'une des grandes figures du soufisme du Xe siècle, mort crucifié à Bagdad en 922. La phrase suivante est ainsi tirée d'un de ses travaux, et témoigne de sa haute estime pour les musulmans:«L'Islam est la seule communauté monothéiste qui, depuis treize siècles a édicté le pèlerinage comme un devoir, réalisant visiblement et symboliquement le rassemblement de tout les croyants dans le Dieu unique d'Abraham autour du point central qui polarise cinq fois par jour les prières. Un seul pèlerin est l'ambassadeur, le témoin intercesseur de tout un groupe de croyants... Le pèlerinage est le seul moyen collectif de sanctification, d'ascèse et d'intercession à la portée des plus humbles»(9) En ce jour de fête, nous faisons le voeu pour la paix dans le monde, le vrai ennemi de l'homme c'est l'ignorance. Le XXIe siècle qui aurait pu être le siècle de la tolérance de la délivrance de l'homme est en train de sombrer dans le chaos identitaire. L'autre vrai ennemi de l'homme c'est sa boulimie d'avoir, tout est bon pour augmenter sa richesse au détriment des autres, de ceux qui n'ont rien et qui se réfugient dans le secours de la religion. L'Islam est à des degrès divers, le dernier rempart contre ce néo-libéralisme ravageur, cette mondialisation-laminoir. Il est vrai qu'il est mal expliqué, mal représenté par ceux qui se disent musulmans notamment dans le monde arabe. Heureusement que l'Islam est aussi représenté par plus de 1 milliard de musulmans non-arabes.
Dans un monde de plus en plus anomique formaté par le gain, il est hors de doute que les religions notamment monothéistes ont un rôle à jouer pour ramener un peu de sérénité et participer ce faisant, à remettre l'homme au centre de la problématique de la finalité de son existence. De ce point de vue l'islam bien compris, apaisé, apportera sans nul doute sa part d'empathie à cette humanité en souffrance qui veut sonder l'espace alors que tout se trouve au fond de son coeur. Aïd Moubarek et paix sur Terre aux gens de bonne volonté.
1.Alain Gresh: Pour en finir avec l'adjectif «musulman» (ou «islamique») de Monde diplomatique 3 août 2012,
2.Extraits de ́ ́Correspondance de Napoléon Ier Tome V pièce n° 4287 du 17/07/1799: profession de foi, voir aussi pièce n° 3148; et de l'ouvrage de Christian Cherfils: ́ ́Bonaparte et l'Islam ́ ́ - Pedone Ed. - p. 81 - 127, Paris - 1914
3. Victor Hugo: L'an 9 de l'hégire http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164
4.Goethe: Mahomet Traduction Jacques Porchat, 1861.
5.http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164
6. Julius Evola: Révolte contre le monde moderne - P340-341
7.Mahatma Gandhi: Extrait du journal ́ ́Young India ́ ́, cité dans ́ ́The light ́ ́, Lahore, 16/09/1924
8.Eva de Vitray-Meyerovitch, «Islam, l'autre visage»,! Extraits. Le Seuil, p. 55-56 et p. 77. 1995
9.Louis Massignon: Dieu Vivant, XIV, liminaire, p7-14, 1949


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