Amazigh Kateb, Aïcha Lebgaâ et des chanteuses de Timimoun rendent hommage à la féminité algérienne et africaine... Amazigh Kateb, le pourfendeur, le railleur de l'ordre établi, le digne fils de son père Yacine, est à l'affiche actuellement en France. Gnawa Diffusion, Aïcha Lebgaâ la cantatrice de Béchar et les chanteuses de Timimoun ont ouvert, le 5 décembre dernier le 15e festival Africolor avec leur spectacle haut en couleurs et en poésie «Nakhla» (Palmier). Pour cette création ayant bénéficié du soutien de l'Afaa et de la ville de Grenoble, le leader de Gnawa Diffusion et l'auteur de la mythique «Goumari» ont choisi de rendre hommage à la femme algérienne et africaine en valorisant son fascinant potentiel... Cinq chanteuses originaires de Timimoun transgressent l'ordre établi en s'appropriant un répertoire habituellement réservé aux hommes. Dans une superbe mise en scène et une belle interprétation, la touche musicale de Gnawa Diffusion est omniprésente par ses rythmes urbains (hip hop, jungle, reggae...) empreints de sonorités du désert. Un tout rehaussé comme à chaque fois par les textes caustiques et engagés de la nouvelle génération d'artistes contestataires comme Amazigh Kateb. Chant, musique et danse renforcent cet héritage que le père, dramaturge et écrivain a légué à son fils en lui inculquant l'amour de la femme. «Nakhla» se veut véritablement un hymne à la femme algérienne. Ont participé à la naissance de cet événement scénique Amazigh Kateb au chant et gumbri, Aïcha Lebgaâ au chant et percussions, Djemae Aïb au chant et percussions également, Alima Banbraoui idem ainsi que Mira Selkh, Philippe Bonnet à la batterie, Amar Chaoui aux congas, derbouka, Pierre Bonnet à la basse, Abdelaziz Maysour au chant, guembri et karkabou, Mohamed Abdenour au banjo et mandoline, Pierre Feugier à la guitare et Salah Meguiba au clavier. Un spectacle qu'on aimerait bien voir sur nos planches. Ce serait peut-être l'acte et l'art de boucler la boucle en donnant une représentation de ce magnifique spectacle chez nous. L'homme «insoumis» qu'est Amazigh Kateb ne s'en dédira certainement pas. C'est sans doute juste une histoire de moyens, d'infrastructures culturelles et d'autres détails administratifs. Rappelons que l'intégralité des oeuvres de Gnawa Diffusion sont actuellement disponibles en CD et K7 chez Belda Diffusion. Une maison d'édition qui fait dans la qualité et l'innovation et vous permet d'acquérir le Live de Gnawa à Alger (les volumes I et II), ses anciens albums Algéria et Bab El- Oued Kingston ainsi qu'un produit propre à Belda, «La Franse». Sans oublier le tout dernier, sorti cet été, Souk Système. Un album qui remet en cause, dénonce en français, anglais et arabe sur une musique fidèle au son du groupe, reggae, dub, rock, gnawa et plus d'accent chaâbi, le mal-être de jeunes désoeuvrés, leurs désillusions, le chômage mais aussi des sujets encore plus graves comme la mondialisation, la guerre en Palestine, la mafia des généraux. Virulent et acerbe dans ses propos, Amazigh cloue au pilori le capitalisme triomphant des Américains et la corruption endémique. Bush et autres intégristes...Amazigh chante sur guitare électrique, accordéon, flûte et guembri, ce que d'aucuns ne cessent de revendiquer : la cessation du conflit Moyen-Orient. Mais qui s'en offusque? On est plutôt soucieux comment accaparer les richesses de l'Irak. Un sujet fort épineux. Eternellement actuel. Et de l'engagement, l'artiste sait de quoi il parle. «Un artiste qui chante les fleurs et l'amour après un massacre ou un bombardement porte une énorme responsabilité», affirme Amazigh Kateb. Son groupe est actuellement en tournée en France.