Obama et son adversaire républicain, Mitt Romney, concentraient hier leurs efforts dans l'Ohio (nord), Etat qui pourrait receler la clé de l'élection présidentielle américaine, quatre jours avant l'échéance. Le président démocrate sortant devrait vanter sur le terrain l'embellie du nombre de créations d'emploi en octobre (171.000), malgré une hausse du taux de chômage à 7,9% (+0,1), annoncée hier matin. Son adversaire a quant à lui affirmé que ces chiffres constituaient un «triste rappel» du fait que l'économie du pays est «quasiment au point mort». «Mardi, les Etats-Unis vont effectuer un choix entre la stagnation et la prospérité», a assuré M.Romney. M.Obama, qui a dormi à Columbus, la capitale de l'Etat, doit entamer par Hilliard, dans sa banlieue ouest, une tournée de trois villes moyennes du sud-ouest de l'Ohio, microcosme des Etats-Unis avec ses zones urbaines, rurales et industrielles. Son taux de chômage est inférieur à la moyenne nationale, à 7% selon les derniers chiffres disponibles. Le président, dans une région où sont installés de nombreux sous-traitants de l'industrie automobile, devrait une nouvelle fois y vanter le plan de sauvetage conditionnel du secteur adopté au début de son mandat en 2009. Ce sujet est vu comme une faiblesse pour M.Romney, ancien gouverneur républicain du Massachusetts, car il avait signé fin 2008 une tribune dans le New York Times intitulée «Laissez Detroit faire faillite». «Je suis fier d'avoir misé sur les ouvriers américains, la capacité des Etats-Unis à inventer et le secteur automobile américain», s'est écrié jeudi M.Obama à Las Vegas (Nevada, ouest) où il effectuait une escale dans une journée qui l'a vu traverser deux fois les Etats-Unis dans presque toute leur largeur. M.Obama a prévu de revenir chaque jour jusqu'à lundi dans l'Ohio, l'Etat clé par excellence dans une élection au suffrage indirect qui donne une importance disproportionnée aux territoires pouvant basculer côté républicain ou démocrate. La carte électorale est telle cette année que M.Romney doit presque impérativement remporter l'Ohio s'il souhaite déloger M.Obama de la Maison Blanche lors de l'élection de mardi. A défaut, il devrait enlever quasiment tous les autres Etats clés. Parmi ces derniers, le Wisconsin, où le républicain était attendu hier pour prononcer un discours sur l'économie, avant d'aborder l'Ohio. Dans ce dernier Etat, M.Romney sortira les grands moyens en soirée, avec un «Rassemblement pour une vraie route vers la reprise» auquel participeront son colistier Paul Ryan et leurs épouses respectives, ainsi que le chanteur Kid Rock. Même si son équipe assure bénéficier d'un enthousiasme et d'un dynamisme de nature à lui faire décrocher la majorité des voix, le temps presse pour inverser une tendance qui ne lui a jusqu'ici pas été favorable. Sur les neuf dernières enquêtes publiées sur l'Ohio, huit donnent une avance à M.Obama, et la moyenne du site RealClearPolitics estime à 2,3 points l'écart des intentions de vote en faveur du dirigeant démocrate sortant. Dans les 100 dernières heures de la campagne, chaque candidat tente de séduire les indécis. M.Obama a retrouvé jeudi des accents de sa campagne «post-partisane» de 2008, en assurant avoir démontré depuis quatre ans sa «volonté de travailler avec quiconque, de quelque parti que ce soit, pour faire progresser ce pays». Tout en insistant sur le mauvais bilan économique de M.Obama, le républicain poursuit lui aussi cette stratégie et s'est même approprié le thème du «changement» cher au démocrate. «Pour faire de l'Amérique un pays fort à nouveau, nous devons mettre fin aux divisions, aux attaques, à la diabolisation, il faut collaborer avec l'autre parti, rassembler les bon démocrates et les bons républicains pour enfin travailler pour le peuple et mettre la politique de côté», a ainsi lancé le républicain en Virginie (est). Même en pleine course pour tenter de se maintenir à son poste, M. Obama fait savoir qu'il continuait à gérer la crise née de l'ouragan meurtrier Sandy qui a frappé le nord-est des Etats-Unis lundi dernier.