A mesure qu'approche la présidentielle, le débat prend d'autres formes. La famille révolutionnaire risque, dans les prochains jours, d'occuper le devant de la scène et tout porte à croire que cette frange de la société pourrait devenir, avec l'approche de la présidentielle, l'objet de convoitises de bien des candidats. Les menaces du groupe de Bougouba de révéler les noms de responsables de l'Etat qui ont indûment bénéficié du statut d'ancien moudjahid ont poussé des figures connues de la famille révolutionnaire à monter au créneau pour exiger un véritable coup de balai avant la présidentielle. L'épisode des «moudjahidine taïwan» continuera de servir d'argument massue pour certains à chaque échéance électorale, dira un ancien moudjahid connu de la wilaya 5 historique qui englobait Oran et une bonne partie de l'Ouest. Notre source, tout en reconnaissant qu'un véritable «toilettage» des listes est nécessaire, estime que l'urgence aujourd'hui est de mettre ce dossier à l'abri des manipulations politiciennes. «Il est devenu courant aujourd'hui de voir à chaque échéance importante des anciens moudjahidine brandir la menace de révéler à l'opinion publique la trahison de certains», dira notre source. Pour d'autres moudjahidine, l'heure est venue de confier l'écriture de l'histoire de la Guerre de libération aux historiens pour éviter qu'elle ne serve des desseins politiques ou ceux de groupes ou de castes. «La France a reconnu sa défaite en signant les Accords d'Evian. Aujourd'hui, elle porte un autre regard sur la Guerre d'Algérie. L'écriture des événements est aujourd'hui confiée aux historiens qui peuvent consulter à souhait les archives qui ne sont plus frappées du sceau du «secret défense». Je crois que cela devrait être valable pour nous pour ne pas raviver des douleurs et perpétuer le voile de la suspicion parmi nous», ajoute notre source. Pour beaucoup, la situation que vit actuellement la famille révolutionnaire n'est pas nouvelle. «Rappelez-vous l'histoire de l'attestation du défunt cheikh Nahnah qui avait défrayé la chronique à l'occasion de la présidentielle de 1998. Des cercles s'étaient saisis de cette affaire pour faire d'elle un argument de taille et barrer la route au candidat du HMS», dira un ancien moudjahid connu à Oran. A mesure qu'approche la présidentielle, le débat prend d'autres formes. «Qui est moudjahid et qui ne l'est pas, Mellouk, en évoquant l'existence d'usurpateurs dans les rangs des anciens combattants l'a très chèrement payé», dira un ancien moudjahid, ancien condamné à mort. Les anciens moudjahidine seront-ils un atout gagnant dans la prochaine course vers le palais d'El-Mouradia. Non, estiment certaines sources qui croient que l'ère de la légitimité historique est révolue. «Aujourd'hui les candidats sont élus sur la base d'un programme électoral, un véritable contrat de performance dans la conjoncture actuelle. Le passé révolutionnaire ne peut servir de critère d'éligibilité à la candidature, il ne plus servir d'atout déterminant dans la décision des urnes», dira notre source. Pour le moment, les organisations influentes de la famille révolutionnaire n'ont pas encore exprimé leur préférence pour un candidat à la prochaine présidentielle. Hormis quelques voix éparses qui se sont élevées pour soutenir Bouteflika ou Benflis, la famille révolutionnaire observe un wait and see en attendant de voir plus clair dans le jeu politique. Mais en attendant cette éclaircie, plusieurs anciens moudjahidine de l'Ouest veulent voir M.Bougouba et ses pairs de Tipaza déballer sur la place publique les noms des traîtres à la révolution qui nous ont gouvernés.