L'intermède «référendaire» sur la paix et la réconciliation nationale aura été riche en enseignements. L'alliance tient bon et Ouyahia aussi. C'est en ces mots que l'on peut résumer la situation qui prévaut au sommet de l'Etat. La dernière réunion des chefs de file de l'alliance présidentielle a démontré qu'en haut lieu on peut sauver les apparences et afficher une cohésion et où les observateurs de la scène nationale s'entêtent à y voir du «louche». En effet, depuis sa naissance à la veille de la dernière présidentielle, l'alliance, que les chefs des partis la composant aiment à qualifier de «stratégique», n'est pas parvenue à convaincre l'opinion nationale sur son caractère «cohérent». Et il faut dire qu'il ne fallait pas être «mauvaise langue» pour constater des divergences criantes sur les questions de fond. Il en a été ainsi pour le code de la famille et la réforme de l'éducation. A ces contradictions d'ordre politique, les premiers responsables des trois formations politiques au pouvoir, ont maintes fois décoché des flèches à leurs partenaires et, dans ce registre, il y a lieu de reconnaître que c'est le chef du gouvernement qui en a pris le plus. «Nouvelle Constitution, une majorité parlementaire devrait déboucher sur un meilleur contrôle du gouvernement»... et autres petites phrases ont alimenté la scène politico-médiatique, laquelle n'a pas tardé à voir dans cette «offensive» du FLN, une pression sur le chef du gouvernement tellement importante qu'elle en devenait insupportable. D'ailleurs, le discours du chef de l'Etat à Constantine, où le «jamais tamazight officielle» a été ressenti comme le début de la fin de Ouyahia en tant chef du gouvernement, a sonné comme une confirmation d'une «sentence» annoncée. L'on disait alors que le sort du secrétaire général du RND était scellé et l'après-référendum se fera sans lui. Les arguments à l'appui de cette thèse ne manquent pas, estiment certains observateurs. Et les «petites phrases» des leaders de l'Alliance présidentielle sur nombre de questions venaient alourdir un atmosphère de fin de campagne, déjà chargée d'électricité. Ils informaient en tout cas des rivalités qui, à mesure qu'approche le rendez-vous électoral de 2007, se font jour. L'intermède «référendaire» sur la paix et la réconciliation nationale aura donc été riche en enseignements sur les intentions des uns et des autres. A la lumière de certaines déclarations, l'on attendait à une accélération des événements au lendemain du 29 septembre. Mais ce qui s'est produit est tout autre. Le RND prend la présidence de l'alliance présidentielle et le FLN et le MSP affichent leur satisfaction et personne n'évoque ouvertement la nouvelle Constitution ou un changement de gouvernement. Mieux encore, alors qu'on le donnait sur le pas de la porte, Ahmed Ouyahia est paru très serein ce week-end et l'annonce d'un éventuel départ de l'actuel exécutif est renvoyé aux calendes grecques. La sérénité du chef du gouvernement s'explique largement par la nécessité d'un maximum de stabilité au sein de l'exécutif si l'Etat entend mener à son terme le plan quinquennal de soutien à la relance économique. Car en fait, plus que l'aspect de pouvoir, le facteur efficacité intervient plus que dans le passé dans le choix du chef d'orchestre. L'Algérie est en effet à la croisée des chemins au plan économique. Sa crédibilité auprès des partenaires étrangers risque d'en prendre un coup si le président de la République opère un sérieux «lifting» au gouvernement en ne tenant compte que des appétits politiques des uns et des autres.