«L'intervention militaire interviendra en dernier ressort» Après Ansar Eddine et le MNLA, l'ONU indique par la voix de son envoyé Romano Prodi, que «tous les efforts seront déployés pour instaurer la paix dans le nord du Mali et éviter une intervention militaire dont les conséquences pourraient être désastreuses sur toute la région du Sahel». L'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahel, Romano Prodi, affirme, depuis Alger, que «tous les efforts seront déployés pour instaurer la paix dans le nord du Mali et éviter une intervention militaire dont les conséquences pourraient être désastreuses sur toute la région du Sahel». Voilà, donc, à quoi il faut s'attendre le 26 novembre prochain au Nations unies, lors de la présentation d'un plan militaire pour une intervention engagée par la Cédéao aux visées encore douteuses, devant le Conseil de sécurité. Cette déclaration, qualifiée de réfléchie et responsable par des observateurs de la scène sécuritaire, est interprétée comme une recommandation, pour ne pas dire avertissement, à l'endroit de ceux qui s'emploient activement à rendre une intervention militaire au nord du Mali possible sur le terrain. Il s'agit, notamment de la France dont le président, François Hollande, effectuera prochainement une visite à Alger. Reçu par le Président Bouteflika à Djenane El Mufti, l'envoyé spécial de l'ONU soutient dans une déclaration à la presse que «le travail sera axé, en premier lieu, sur la paix pour permettre au Mali de préserver son intégrité territoriale». Il ajoute dans ce même contexte avoir eu des discussions très approfondies avec le Président, soulignant que «tous les problèmes du Sahel, mais aussi du Mali, ont été abordés au même titre que la nécessité de travailler ensemble pour la paix et pour l'unité territoriale du Mali». L'hôte d'Alger semble être venu avec un message bien défini, celui de favoriser la voie du dialogue, en ce sens il précise: «Je suis venu chercher la paix et nous devons travailler ensemble et avec une bonne volonté pour instaurer la paix dans cette région. Nous avons encore la possibilité de travailler pour la paix et profiter des cadres internationaux et des engagements de l'ONU dans le cadre de la lutte contre le terrorisme pour préserver l'unité nationale du Mali». Une stratégie régionale intégrée M.Prodi ne manquera pas, cependant, de se prononcer sur la difficulté de cette tâche, mais dira-t-il qu'«avec l'aide de l'Algérie et du Président Bouteflika, nous sommes en mesure de faire d'énormes progrès dans ce sens». Pour lui, donc, «l'intervention militaire interviendra en dernier ressort», avisant que «toutes les guerres qui ont été menées de par le monde ont causé de fortes tragédies pour l'humanité». La nomination de Prodi en qualité d'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, en octobre dernier, a été vivement saluée par l'Algérie qui lui a assuré son soutien dans l'accomplissement de sa mission régionale intégrée pour le Sahel. L'émissaire de Ban Ki-moon est chargé également de coordonner les efforts de l'ONU pour mettre au point et appliquer une stratégie régionale intégrée pour le Sahel, de concevoir une réponse efficace des Nations unies et de la communauté internationale à la crise complexe qui touche les pays de la région. Cela d'une part, de l'autre, de soutenir et de coordonner l'engagement international en appui aux efforts des pays du Sahel pour régler cette crise, y compris celle qui secoue le Mali. C'est dire que l'envoyé spécial de l'ONU est venu chercher des solutions à la crise malienne auprès de l'Algérie qui insiste sur sa position revendiquant un règlement politique au problème. Une position confirmée par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. «Une intervention militaire dans le nord du Mali aura des conséquences très graves pour la population locale et dans la région», a souligné M. Ould Kablia dans un entretien accordé au quotidien Le Soir d'Algérie. Le ministre précise encore:«Si les gens s'imaginent qu'il faut réinstaurer l'autorité centrale sur le nord du Mali par la voie de la guerre, cela aura des conséquences très graves et il sera très difficile de faire regagner le bercail par les gens du Nord». Plus loin, le ministre de l'Intérieur avertit que «si cette guerre affecte directement ou indirectement les populations touarègues du Nord, nous avons, chez nous aussi, des populations qui ont des liens très forts avec ceux du nord du Mali et, de ce fait, cela risque de compliquer les choses». Le ministre a tenu à être rassurant en ce qui concerne l'Algérie: «Le débordement éventuel de la guerre sur l'Algérie ne peut arriver, les frontières du pays sont bien contrôlées et bien maîtrisées.» La crise politico-sécuritaire au Mali et les troubles provoqués par les groupes armés sont-ils, donc, tenus en dehors des frontières algériennes? C'est le cas de le dire soutiennent des stratèges bien avertis qui soulignent que le dispositif sécuritaire mobilisé par le commandement de l'état-major est draconien. Cette mobilisation «s'assouplit» a priori sur le groupe d'Ansar Eddine depuis que ce dernier a choisi de rejoindre la voie du dialogue pour éviter le recours à la force. Un rôle pivot pour l'Algérie D'ailleurs, Ansar Eddine vient de juger contraire à l'éthique de son mouvement le combat contre d'autres musulmans comme les membres d'Aqmi signant son divorce définitif d'avec la nébuleuse. Dans ce contexte, un expert français en relations internationales, Emmanuel Dupuy, estime que la situation au Mali demeure «une affaire avant tout africaine devant laisser agir les pays limitrophes, notamment l'Algérie, en amont». Néanmoins, même si elle affirme partager les mêmes objectifs avec l'Algérie sur la crise malienne, la France continue d'oeuvrer pour une intervention militaire. Ce qui n'est forcement pas apprécié par les Etats-Unis qui souhaitent voir l'Algérie jouer un rôle pivot, non seulement en ce qui concerne la crise au Mali, mais aussi quand il s'agit de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la zone du Sahel. Admettant le fait que rien ne peut se faire sans l'Algérie, l'Amérique qui n'a pas réussi à convaincre les autorités militaires algériennes directement sur le terrain favorise à présent les négociations. C'est ce qui a été souligné par la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, lors de sa dernière visite à Alger. C'est pour, finalement, dire que la solution du dialogue s'est précisée dans le temps avant la date limite de l'ultimatum accordé par l'ONU à la Cédéao pour présenter un plan d'action en vue de préparer une intervention militaire. Pour des sources sécuritaires, la réélection de Barack Obama à la tête de la Maison-Blanche ne changera en rien la position des USA, qui, souvent, prirent en considération la stratégie de l'Algérie dans le règlement des conflits en Afrique.