Au cours de sa campagne, François Hollande avait promis de «rendre compte de son action» tous les six mois s'il était élu. A l'issue d'un semestre difficile, François Hollande va monter en première ligne demain en tenant sa première grande conférence de presse dans la foulée d'une semaine où il espère avoir marqué un tournant avec des annonces fortes pour tenter de redresser l'économie. Au cours de sa campagne, François Hollande avait promis de «rendre compte de son action» tous les six mois s'il était élu. Quelque 400 journalistes sont attendus dans le cadre solennel de la salle des fêtes de l'Elysée pour cette grand messe qui débutera à 16h00 GMT et pourrait durer deux heures. Au plus bas dans les sondages, avec seulement 40% de Français satisfaits de son action, le président entend repartir à la conquête de l'opinion et tordre le cou aux critiques de la droite, de la gauche de sa majorité et de la presse, qui lui reprochent hésitations, atermoiements ou renonciations. L'urgence est de convaincre les Français qu'il a bien une stratégie pour renouer avec la croissance, stopper l'envolée du chômage qui touche plus de trois millions de personnes tout en réduisant les déficits comme promis à Bruxelles, bref de fixer un cap. Quelques «confidences» à la presse ont préparé le terrain. Soucieux initialement d'imprimer «un style moins obsédant, moins oppressant» que l'hyperprésident Nicolas Sarkozy, François Hollande juge désormais que les Français, «extrêmement stressés» par la crise, «désirent davantage un face-à-face avec leur président». «Eh bien, je vais faire ce qu'ils désirent!», a-t-il dit dans l'hebdomadaire Marianne. Cette séquence «action» a de fait débuté il y a une semaine avec l'annonce d'un «pacte» de compétitivité plus ambitieux que prévu pour enrayer le déclin industriel français symbolisé par un déficit commercial record de 71 milliards d'euros en 2011. Ce pacte, dont la mesure phare est une baisse du coût du travail de 6% à travers un crédit d'impôt aux entreprises à partir de 2014, se veut une réponse aux craintes du FMI et de Berlin de voir la deuxième économie de la zone euro succéder à l'Espagne et à l'Italie dans le viseur des marchés. Si François Hollande a laissé le premier rôle dans la présentation de ce pacte à son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, dont l'autorité était contestée ces dernières semaines, il en a assuré le service après-vente en assumant, au côté d'une réduction des dépenses publiques, une hausse de la TVA pour le financer, ce qu'il avait toujours refusé. Dans la foulée, le président a signé les premiers «contrats d'avenir», des emplois subventionnées par l'Etat pour les collectivités locales et les associations et ciblant des jeunes peu ou pas qualifiés. Le gouvernement veut en créer 150.000 d'ici 2014 alors que près d'un quart des moins de 25 ans sur le marché du travail sont au chômage. Enfin il a terminé la semaine en promettant que le Parlement serait saisi début 2013 d'un train de réformes, allant de la fin du cumul des mandats à l'élection de 10% de députés à la proportionnelle, pour moderniser la vie politique. Mais ces annonces ont été affaiblies une nouvelle fois par le manque de cohésion de la majorité. Le chef de file des écologistes au Sénat Jean-Vincent Placé s'est ainsi interrogé à voix haute sur ce que son parti faisait encore «au sein du gouvernement», où il compte deux ministres. Après avoir déjà été opposés au traité budgétaire européen, les écologistes digèrent mal le report possible de promesses de campagne comme le droit de vote des étrangers ou la mise en oeuvre d'une fiscalité écologique ainsi que l'orientation pro-nucléaire du gouvernement ou la volonté de construire un aéroport près de Nantes (ouest) qui cristallise une forte opposition locale. La politique de rigueur et les «cadeaux aux entreprises» sont aussi vivement critiqués à la gauche du PS. Les communistes ont ainsi joint leurs voix à celles de la droite au Sénat pour rejeter deux textes importants et devraient faire de même cette semaine sur le budget de la Sécurité sociale.