Six mois après l'élection du président socialiste, François Hollande, l'exécutif français, dont la cote de confiance est en forte baisse, va tenter de donner une nouvelle impulsion à son action avec l'annonce mardi (demain ndlr) d'un «pacte de compétitivité» de l'économie. Des mesures alliant un allègement du coût du travail et des initiatives pour l'innovation seront dévoilées demain, mardi, à l'issue d'un séminaire gouvernemental présidé par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, au lendemain de la remise d'un rapport très attendu sur le sujet, de l'industriel, Louis Gallois. L'objectif est d'enrayer la dégringolade du déficit commercial de la France, dont la part dans le marché mondial a chuté de 6,3% en 1990 à 3,3% en 2011. M. Gallois, ancien président d'Eads et proche des socialistes, présentera lui-même aujourd'hui, lundi, ses propositions après sa rencontre avec M. Ayrault. Mais certains craignent d'ores et déjà un «enterrement» du rapport Gallois, alors que l'idée d'un «choc de compétitivité» lancée en juillet par l'industriel et réclamée avec insistance par le patronat a été explicitement abandonnée par François Hollande. En particulier, la mise en œuvre des mesures pour diminuer le coût du travail, un sujet longtemps tabou à gauche, devrait être renvoyée à 2013. Cependant cette première étape doit permettre, selon un ministre, de «remettre du sens dans l'action du gouvernement» au moment où une suite de «couacs» de l'équipe Ayrault entame sa crédibilité dans l'opinion. A peine plus d'un tiers des Français accorde aujourd'hui sa confiance au tandem de l'exécutif, six mois après l'élection de François Hollande le 6 mai et la nomination de Jean-Marc Ayrault le 15 mai, selon les sondages. Des maladresses de communication, des mesures mal ficelées (comme la loi sur le logement social invalidée par le Conseil constitutionnel), des dissensions au sein de la majorité de gauche, notamment avec les écologistes, ont contribué à ce résultat. Les ténors de l'opposition, engagés dans une guerre de succession après le retrait de l'ancien président, Nicolas Sarkozy, de la vie politique, ne ménagent pas leurs critiques à l'exécutif. Jean-François Copé, qui brigue la présidence de l'UMP (le principal parti de droite), a ainsi affirmé dimanche dernier que François Hollande «n'est pas au niveau» pour être à la tête du pays. La hausse continue du chômage, passé au dessus du seuil de trois millions pour la première fois depuis 1999, pèse aussi lourdement sur le climat politique. Depuis son retour au pouvoir après 10 ans d'opposition, la gauche a dû gérer l'annonce de plusieurs gros plans sociaux, le plus retentissant étant celui du constructeur automobile PSA (8 000 suppressions d'emplois). Alors que le «redressement productif» de la France a été affiché comme priorité au point qu'un ministère lui a été consacré, le discours volontariste a souvent été inaudible, moqué par la droite et hérissant les syndicats. La France est aussi pressée par les institutions internationales d'accentuer ses réformes économiques pour améliorer sa compétitivité. Mais si François Hollande a assuré le 29 octobre, lors d'une réunion à Paris avec ces grandes organisations économiques mondiales, sa volonté d'aller vite, il a aussi indiqué que les mesures prises s'inscriraient sur toute la durée du quinquennat. L'exécutif, qui a déjà augmenté la charge fiscale demandée aux Français pour ramener le déficit à 3% du PIB en 2013, veut éviter de plomber encore plus le pouvoir d'achat et la consommation des ménages par une hausse des taxes à la consommation, difficilement évitable pour compenser une baisse des cotisations des entreprises. Si «tous les indicateurs montrent que nous ne sommes pas dans la meilleure des situations», c'est «parce que nous avons pris du retard depuis 10 ans», a fait valoir le président français. M. F.