François Hollande et le Parti socialiste ont réussi leur pari en obtenant, avant-hier, à l'issue du second tour des élections législatives, la majorité absolue à l'Assemblée nationale, où le FN de Marine Le Pen fait son retour depuis 1998. Le PS, qui n'avait obtenu la majorité absolue qu'à une seule reprise dans l'histoire de la Ve République, dans la foulée de la victoire historique de François Mitterrand en mai 1981, remporte, avec ses proches alliés, de 312 à 326 des 577 sièges, selon les estimations des instituts de sondage. La majorité absolue est de 289 sièges. Le seul accroc à la vague rose est la défaite de la candidate à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, en grande difficulté dans la circonscription de La Rochelle, sous le feu médiatique depuis le soutien de la première dame Valérie Trierweiler au dissident PS Olivier Falorni. Ségolène Royal est battue, a annoncé le maire de La Rochelle, Maxime Bono. La candidate PS, de son côté, a dénoncé une "trahison politique". L'UMP perd une centaine de députés Pour le reste, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault aura, comme il le souhaitait, les coudées franches pour conduire ses réformes sans même avoir besoin de l'appui des écologistes d'EELV qui, avec 18 à 24 députés, pourra constituer son groupe parlementaire. Selon les estimations, cela ne sera pas le cas pour le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon (9 à 11 sièges). L'UMP et ses alliés du Nouveau centre, crédités de 212 à 234 sièges, perdent une centaine de députés par rapport à 2007. Porté par son score inédit à la présidentielle (17,9%), le Front national voit les portes du Palais-Bourbon s'ouvrir de nouveau à lui: il pourra compter sur 1 à 4 représentants, d'après les instituts. Les deux mieux placées sont la fille et la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, à Hénin-Beaumont, et Marion Maréchal-Le Pen, à Carpentras. Le MoDem sera aussi présent, en conservant un à deux sièges dans le nouvel hémicycle, mais sans doute pas son leader François Bayrou, qui connaît un deuxième revers du printemps après son modeste score de la présidentielle (9,1%) et voit son avenir politique s'assombrir. Selon les instituts, après neuf mois d'un marathon électoral débuté par les primaires socialistes, l'abstention bat un nouveau record avec environ 44%. En 2007, la participation avait été de 60,30%. Seuls 36 des 577 sièges avaient été attribués dès le premier tour (25 à la gauche, 11 à la droite) Le second tour donnait lieu à 34 triangulaires, dont 28 avec la présence de candidats FN. L'UMP était confrontée à la bonne tenue du parti d'extrême droite, qui avec 13,6% avait réalisé au premier tour un de ses meilleurs scores à des législatives. L'UMP avait choisi de répondre à la pression du FN par le "ni-ni": ni Front national ni front républicain avec la gauche. Elle a affiché sa fermeté à l'égard de ses candidats qui, localement, contestent cette ligne officielle. Au gouvernement, alors que M. Ayrault et cinq des 24 ministres candidats ont été élus dès le premier tour, les autres étaient en ballottage favorable. Le Premier ministre a annoncé que les ministres battus devraient quitter son équipe. Ayrault remet sa démission, Hollande le renomme Après la large victoire du Parti socialiste français aux législatives, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a remis, hier, la démission de son gouvernement à François Hollande. Le président l'a réinvesti dans ses fonctions et l'a chargé de former un nouveau gouvernement. Le nouveau gouvernement devrait être annoncé jeudi. Il ne devrait s'agir que d'un ajustement sans grande surprise dans sa composition, les 25 ministres candidats aux législatives ayant tous été élus. Six semaines après la victoire de François Hollande à la présidentielle, le Parti socialiste a décroché, avant-hier, la majorité absolue à l'Assemblée nationale avec 314 sièges sur 577. Cette victoire va lui permettre de gouverner les mains libres, sans l'appui de ses alliés de gauche. "Une vague impressionnante" La victoire du PS était largement commentée, hier, par la presse française. Elle souligne que "face à la crise" le gouvernement est attendu par tous les Français. "Le PS dispose désormais de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Le paysage politique français sort profondément bouleversé après neuf mois de campagne électorale ininterrompue", reconnaît Etienne Mougeotte dans "Le Figaro". Pour "Libération", Nicolas Demorand évoque "une vague impressionnante: le PS et ses alliés raflent l'hypermajorité au Parlement". "Quarante jours après avoir confié pour cinq ans les clefs de l'Elysée à François Hollande, les Français lui ont donné tous les moyens d'exercer son pouvoir", remarque Jean-Francis Pécresse, dans "Les Echos". "Président heureux" "Avec le Sénat et les Régions, François Hollande dispose d'une majorité absolue à l'assemblée, abîmée toutefois par une abstention record", tempère légèrement Rémy Godeau, dans "l'Est Républicain". Il n'en reste pas moins "un président heureux. Il disposera à l'Assemblée nationale d'une majorité absolue", assure Jean-Michel Bretonnier, dans la "Voix du Nord". Jean-Claude Souléry dans "La Dépêche du midi", n'hésite pas à écrire: "La France est quasiment rose sur la totalité de la carte électorale. Ce n'est plus une vague, c'est un océan". Moscovici se félicite que le gouvernement obtienne "la confiance" des Français Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici, réélu dans sa circonscription du Doubs, a estimé que la majorité absolue obtenue par le PS à l'Assemblée nationale apportait à François Hollande, et au gouvernement "la confiance qui était nécessaire pour mener à bien notre projet". "Maintenant, avec cette majorité, François Hollande, Jean-Marc Ayrault, et le gouvernement ont, je crois, le soutien fort, la confiance qui était nécessaire pour mener à bien notre projet, qui est un projet à la fois de changement profond, d'exemplarité, de redressement de justice, de réorientation de l'Europe, mais aussi un projet crédible", a-t-il réagi sur France-2. Promettant un projet de loi de finances rectificative et un collectif budgétaire lors de la session extraordinaire du Parlement, le patron de Bercy a promis que "les engagements pris par la France en matière de finances publiques seront tenus" et ce "sans politique d'austérité". "J'observe aussi les résultats en Grèce", où avaient lieu des élections législatives cruciales, a-t-il ajouté. "J'espère que nous sommes en mesure de proposer aux Européens un cadre général, une perspective d'ensemble, un espoir qui permette à la fois de respecter la stabilité budgétaire mais aussi une gouvernance plus démocratique et enfin la croissance, qui est l'objectif de François Hollande", a-t-il conclu.