L'arrivée de François Hollande à l'Elysée (il recevait au début de l'été le président Abbas) semble avoir changé la donne alors que Paris avait voté l'admission de la Palestine à l'Unesco Sous la présidence de l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, la France avait encouragé il y a un an les Palestiniens à demander à l'Assemblée générale ce statut d'Etat non-membre. A l'approche d'un vote à l'ONU pour donner à la Palestine un nouveau statut, Paris, qui militait en 2011 pour cette démarche, a changé d'approche et ne réclame plus qu'une «reprise des négociations» dans un conflit passé au second plan des préoccupations internationales. Le président palestinien Mahmoud Abbas, attendu le 29 novembre à l'ONU pour assister à ce vote de l'Assemblée générale sur l'octroi aux Palestiniens d'un statut d'Etat non membre, a entamé lundi une tournée en Arabie Saoudite, Egypte et Suisse. Il devrait être en France en fin de semaine, selon des sources diplomatiques palestinienne et française. «Le président expliquera les enjeux et motivations de la demande palestinienne pour convaincre ses interlocuteurs français que l'obtention pour la Palestine du statut d'Etat non-membre est la seule façon de préserver une solution à deux Etats» israélien et palestinien, selon un diplomate palestinien, qui évoque «les énormes pressions» américaines, israéliennes mais aussi européennes pour décourager cette initiative diplomatique. Actuellement, les Palestiniens sont à l'ONU une simple «entité observatrice». Sous la présidence de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, la France avait encouragé il y a un an les Palestiniens à demander à l'Assemblée générale ce statut d'Etat non-membre plutôt que celui de membre à part entière, impossible à obtenir d'un Conseil de sécurité sous la menace du veto américain. En octobre 2011, Paris avait aussi voté pour l'admission de la Palestine à l'Unesco L'arrivée au pouvoir du socialiste François Hollande a changé la donne. «On sent un flottement, une indécision», résume Yves Aubin de la Messuzière, ex-diplomate et spécialiste de la région. «La position de l'Elysée est très en retrait par rapport au précédent gouvernement Sarkozy - qui s'était pourtant affiché comme un grand ami d'Israël - et aux engagements de campagne du candidat Hollande, qui promettait de soutenir la reconnaissance internationale d'un Etat palestinien», basé sur les frontières de 1967, renchérit la chercheuse Agnès Levallois. Lors d'une visite à Paris début novembre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président français a appelé à «une reprise des négociations sans conditions» entre Israéliens et Palestiniens, et mis en garde contre «la tentation pour l'Autorité palestinienne d'aller chercher à l'Assemblée générale de l'ONU ce qu'elle n'obtient pas dans la négociation». Pour le Quai d'Orsay, la position française en faveur de «la solution à deux Etats au Proche-Orient» ne souffre d'aucune «hésitation». «Cela n'a aucun sens de parler de reprise des négociations dans le contexte actuel. Les négociations n'existent plus», juge toutefois Mme Levallois, à l'instar du chercheur Jean-François Legrain qui ironise sur «des formules de jésuite» et «les discours rituels qui n'engagent à rien». Et de dénoncer «l'immobilisme total de la communauté internationale qui de toute façon est passée à autre chose, c'est-à-dire le dossier iranien». Si le vote semble acquis à l'ONU - une majorité simple est requise -, il aura cependant moins de poids sans appui européen. «Les Palestiniens espèrent une reproduction du scénario Unesco», indique Nassif Hitti, ambassadeur de la Ligue arabe à Paris. «Mais il y a une très grande hésitation, française mais aussi européenne en général, car on ne veut froisser ni les Américains ni les Israéliens». Avec un nouveau statut, «on parlerait désormais d'Etat occupé, et non plus de territoires occupés», souligne M.Hitti.