Mourad Medelci a eu l'occasion, hier, d'expliquer, encore une fois, à ses homologues arabes, africains et européens l'attachement de l'Algérie au dialogue pour une sortie de crise au Mali. Mais cela ne veut nullement dire que l'intervention militaire africaine est exclue dans le nord du pays tombé entre les mains d'Aqmi. L'ONU se prépare même à donner son feu vert à cette action conduite par les armées des pays de l'Afrique de l'Ouest. L'Algérie n'est pas le seul pays à prôner un scénario de sortie de crise par le dialogue. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a aussi indiqué que le Sommet d'Abuja a confirmé que le dialogue reste l'option la plus adéquate dans la résolution de la crise au Mali. L'Algérie soutient l'idée selon laquelle un dialogue est encore envisageable entre les autorités maliennes et les groupes de la rébellion, à l'exception des terroristes, au nord du Mali. Ses voisins sont également du même avis à l'instar de la Mauritanie. Selon son président de l'Assemblée nationale, une guerre dans le nord du Mali pour déloger les groupes armés serait un volcan aux cendres incandescentes pour les pays voisins. Il a estimé que son pays doit avant tout oeuvrer sérieusement à trouver une issue pacifique à ce casse-tête. C'est le fait qu'Ansar Eddine et le Mnla se dissocient d'Al Qaîda qui redonne l'espoir d'envisager une solution politique qui préserverait la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale du Mali. Ce sont là quelques principes défendus par la diplomatie algérienne auxquels s'ajoute celui du rejet d'une intervention étrangère. Même sur ce dernier point, la voix de l'Algérie est entendue. C'est ce qu'a clairement dit le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Selon lui, il est hors de question d'envoyer des troupes au sol malien comme il est exclu d'opérer des bombardements aériens. Pourtant, les Africains voudraient bien obtenir un appui aérien à leurs troupes. L'option d'une entrée en scène de drones français a même été évoquée pendant un instant. Mais en fin de compte, il paraît que nul ne veut s'engager dans un bourbier. Les Maliens voient même d'un mauvais oeil que la Cédéao s'arroge le droit de diriger la coalition africaine en lieu et place du commandement qui devait échoir au Mali. Ces réserves ne remettent pas en cause la volonté des Maliens de reprendre possession de la totalité du territoire national. Il en ont assez des provocations d'Aqmi et du Mujao qui comptent transformer le nord du pays en émirat islamiste. Cette question est bizarrement ignorée par les partenaires du Mali considérant que le dossier de la chariaâ ne concerne que les Maliens. Pendant longtemps, de nombreuses voix ont soulevé des craintes d'une éventuelle alliance des terroristes de tous bords. Du Nigeria, en Somalie, jusqu'au Yémen, sans oublier d'évoquer les cellules activant en Afrique du Nord. Il y a même ceux qui mettent l'accent sur le fait que le terrorisme ne menace pas seulement la stabilité des pays africains et arabes, mais aussi celle des Occidentaux. Les terroristes pourraient planifier des attentats sur leurs territoires respectifs ou frapper leurs intérêts en Afrique et en Asie.