L'opération de nettoyage a-t-elle commencé? Au-delà de son bilan strictement militaire, cette action coupe l'herbe sous les pieds des va-t-en guerre et renforce la position d'Alger. Nouvelle donne au nord du Mali. Le groupe islamiste Ansar Eddine se démarque et décide de rejoindre le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) dans la lutte contre les terroristes du Mujao et d'Al Qaîda. Des sources proches du Mnla rapportent que les différents opposants, du Mnla à Ansar Eddine, tendent à s'effacer, d'autant plus que les négociations entamées sont ambitieuses, car l'intérêt des populations targuies a pris le dessus. Les mêmes sources ajoutent: «Il est attendu qu'Ansar Eddine entrera en combat pour se battre aux côtés du Mnla contre les groupes terroristes, de tous bords, occupant notre territoire et qui servent de relais pour une intervention étrangère faisant de nous et de nos frères les premières victimes». C'est dire à l'évidence qu'Ansar Eddine actionnera son organisation pour aller à la rescousse de ses frères qui se battent contre les groupes terroristes. Depuis vendredi dernier, le Mnla a lancé une opération de ratissage du territoire et de reprise des villes de l'Azawad aux mains des extrémistes du Mujao. L'opération commence à porter ses fruits. Ainsi, nous apprenons auprès d'un responsable du Mnla que le bilan enregistré lors des affrontements est au désavantage des groupes terroristes. Le responsable fait état d'une vingtaine de morts et plusieurs dizaines de blessés dont des cas très graves (évacués à Gao) et trois véhicules détruits, alors que du côté du Mnla, on ne signale aucune perte humaine. Un communiqué du Mnla rapporte que les renforts du Mujao sont sortis d'Ansongo en direction de Ménaka. La même source ajoute que les renforts dépêchés par le Mujao n'ont pas eu le temps d'aller loin, car le colonel Machkanani, n°2 de l'état-major militaire du Mnla leur tendit une autre embuscade dont la violence dépasserait celle des batailles de Tessalit entre le Mnla. Il convient de noter, qu'au-delà de son bilan strictement militaire, cette opération vient couper l'herbe sous les pieds des va-t-en guerre. En effet, l'élément justifiant une éventuelle intervention militaire au nord du Mali n'a plus sa raison d'être, puisque les groupe terroristes et les narcotrafiquants sont traqués par le Mnla et Ansar Eddine. Ne convient-il pas donc d'aider et d'assister militairement le Mnla et Ansar Eddine pour nettoyer la région? Depuis le début du conflit cette revendication a constitué l'argument principal du Mnla. Cela, d'une part, d'autre part, cette nouvelle donne, renforce la position d'Alger fondamentalement opposé à la présence des forces étrangères dans cette région. L'Algérie a toujours favorisé la solution politique et diplomatique et un règlement de la crise entre les Maliens eux-mêmes. Les positions du Mnla et d'Ansar Eddine se rallient en effet à la vision algérienne plaidant pour une solution politique et pacifique à la crise au nord du Mali, tout en la séparant de la question des groupes terroristes et des narcotrafiquants qui implique un traitement global s'inscrivant dans le cadre de la lutte antiterroriste, déjà arrêtée par les pays du champ. En tout état de cause, la guerre sur le terrain contre Al Qaîda et le Mujao ne fait que commencer. Un responsable du Mnla, contacté par nos soins souligne que le Mnla a appelé «tous les Azawadiens à se joindre à ce combat honorifique pour bouter hors du territoire de l'Azawad les extrémistes du Mujao et d'Aqmi, mais aussi contre les narcotrafiquants qui sont leurs principales sources de financement». Le responsable du Mnla ajoutera que cette offensive de nettoyage contre les groupes terroristes répond également aux intentions interventionnistes manifestés par-ci par-là, qui se servent de l'alibi de la présence des groupes terroristes et narcotrafiquants au Nord pour justifier et accomplir leurs desseins. «Le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) soutient toutes les voies de dialogue pour dénouer le conflit au nord du Mali et s'opposera, par conséquent, aux adeptes d'une intervention militaire», a déclaré Mossa Ag Attaher, coordinateur de l'action diplomatique du Mnla à L'Expression dans une précédente interview, ajoutant que le Mnla demeure attaché et conscient qu'une intervention militaire de la communauté internationale telle que conçue par des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), constitue une source d'inquiétude pour ses populations, qui seront les premières victimes de cette intervention.