Les réseaux ont «innové» pour échapper aux contrôles: des usines de fabrication de parpaings ont été installées sur les plages. Mis à part le fait avéré que les réseaux de trafic de sable de plage constituent une source de financement aux groupes terroristes, les enquêteurs de la Gendarmerie nationale de Boumerdès ont réussi à prouver qu'une multitude d'individus et d'entreprises sont alimentées fallacieusement par ces réseaux criminels via de nouveaux créneaux. Au cours d'une opération de contrôle, les gendarmes de Boumerdès ont saisi 6000 m3 de sable stocké dans un parc que appartenant à l'Entreprise nationale des gros oeuvres d'art (Engoa) et dont la provenance est douteuse. C'est après de minutieuses investigations que les enquêteurs ont découvert le pot-aux-roses suite à quoi quatre personnes exerçant au sein du parc de cette entreprise ont été arrêtées et placées sous mandat de dépôt. «Une enquête menée par le juge d'instruction est en cours pour déterminer les responsabilités à tous les niveaux de cette entreprise», affirme une source sûre. Selon cette source, «le parc servait d'aire de stockage pour le cartel» ajoutant que «le personnel chargeait les engins de l'Engoa en leur fournissant des documents d'enlèvement attestant la provenance du chargement et leur permettait ainsi de tromper la vigilance des services de sécurité». De cette manière, les trafiquants avaient trouvé une excellente façon de blanchir le sable volé. Selon les enquêteurs, ce procédé était utilisé depuis 1991, ce qui, par conséquent nous conduit à croire que des quantités importantes ont été commercialisées. Par ailleurs, les pilleurs de sable ont innové leur mode opératoire pour échapper aux contrôles. N'étant pas à court d'idées, les spéculateurs ont préféré utiliser le sable sur les lieux de son extraction, à savoir les plages. «Sans aucune autorisation préalable, des petites fabriques de parpaing ont essaimé en divers endroits des plages pour transformer le sable en matériaux de construction» indique la Gendarmerie nationale. La lutte contre les cartels est menée tambour battant par les unités de la Gendarmerie nationale de Boumerdès laquelle a enregistré durant cette année 175 infractions qui ont conduit à l'arrestation et à l'incarcération de 139 individus et la saisie de 175 véhicules. Après les 6000 m3 saisis au parc de l'Engoa, 1 507 autres m3 de sable ont été réquisitionnés durant l'année en cours. La lutte menée par les forces de sécurité a abouti à la neutralisation de bon nombre de réseaux. Les statistiques avancées par le colonel Abdaoui, commandant du groupement de gendarmerie de Boumerdès, démontrent que le phénomène est en constante baisse par rapport à l'année écoulée où 412 infractions ont été enregistrées et 4844 m3 ont été saisis. Le problème de l'approvisionnement de sable semble perdurer dans cette willaya dont la demande en sable ne cesse d'augmenter après la fermeture, en 2000, des carrières par la Direction des mines. Une décision qui a été mise à profit par les cartels. La réhabilitation de ces carrières est souhaitée par les autorités locales aux fins d'éviter aux consommateurs de se déplacer jusqu'à la commune de Tadmaït pour s'approvisionner. En outre, les services de sécurité ont noté une ruée de fraudeurs vers l'oued Sebaou qui est chaque jour pillé. Pour revenir à l'affaire des quatre personnes arrêtées au parc de l'Engoa, l'enquête, fera la lumière sur les dessous de cette affaire et sur les personnes impliquées et exerçant à tous les niveaux de cette entreprise.