Les réseaux de trafiquants, interconnectés à des entrelacements divers, constituent les caisses du terrorisme. Pour éviter les sablières, les longues attentes et surtout pour faire des bénéfices nets exonérés d'impôts, les réseaux de voleurs de sable de plage investissent dans la location de véhicules de tout type et de divers tonnages. Le prix payé aux propriétaires des camions ou fourgons est alléchant puisqu'il représente l'équivalent de la recette d'une journée de travail. Pour les «barons», ce prix représente le dixième du prix revendiqué par les sablières officielles. En somme, en revendant le sable accaparé gratuitement et illicitement des plages, les barons réalisent des chiffres d'affaires atteignant parfois 50 millions de centimes par jour. A raison de 50.000 DA le chargement et la livraison nocturne, payés par les particuliers, une simple multiplication renseigne sur les fortunes amassées par les barons du sable. Cela dit, les multiples réseaux, en s'adonnant à l'extractions du sable des plages, portent un sérieux coup à l'environnement. Le phénomène du vol de sable qui tend à se généraliser, prend des proportions alarmantes. Un grand nombre d'habitations en bord de mer subissent des affaissements de terrain conduisant à des fissurations des murs ou tout bonnement l'effondrement de ces habitations. Le cas de Zeralda est un exemple édifiant. Dans la wilaya de Boumerdès et au même titre que les wilayas côtières, ce phénomène s'amplifie et ce, malgré la vigilance des services de sécurité. Les statistiques de la gendarmerie nationale attestent de l'ampleur de ce commerce illicite. Pour l'année 2001, 576 personnes ont été placées sous mandat de dépôt. Un chiffre supérieur à l'année 2000 ou 355 personnes ont été arrêtées. Ces chiffres démontrent que le phénomène, difficilement maîtrisable pour de multiples raisons, est en pleine expansion. La lutte menée par les services de sécurité s'est soldée par 2 morts et 8 blessés et ce, uniquement dans la wilaya de Boumerdès. Ce trafic fructueux constitue, selon les autorités, «les caisses du terrorisme». Le colonel Abdaoui de la gendarmerie affirma que «lors d'un démantèlement d'un réseau de fausse monnaie, nous avons découvert des documents subversifs appartenant aux terroristes» précisant que «ces documents et informations étaient contenus dans le disque dur d'un micro-ordinateur saisie et sur lequel il y avait le nom de Tahe M'hel, un des barons du sable». Le colonel Abdaoui parle d'interconnexions de réseaux différents et pour appuyer ses déclarations évoque les difficultés éprouvées par les services de sécurité lors des souricières tendues aux voleurs de sable. «Lors d'une opération nocturne, les éléments de la gendarmerie ont été ciblés par des bombes déposées à l'entrée et à la sortie de l'endroit ou plusieurs camions effectuaient des chargements de sable. L'explosion de la première bombe a l'entrée a permis aux membres du réseau de prendre la fuite» Dans la plupart des cas de vols de sable, les réseaux avaient le soutien ou la complicité de certains gendarmes ou policiers. Cette thèse a été, objectivement étayée par certains hauts fonctionnaires du corps de la gendarmerie lesquels n'hésitent pas à déclarer que «ces éléments subiront la répression de la loi au même titre sinon plus que les citoyens» Pour déjouer la vigilance des services de sécurité au cours des barrages, les barons du trafic de sable utilisent différentes ruses. Pour passer inaperçus, le transport de sable est assuré par des fourgons de transport public (J5, J9, cars, camions-citernes ou alors des camions frigo, etc.). Il faut dire que le gain facile a généré une ruée de la part des transporteurs de tout acabit. Pour tromper les contrôles routiers, les barons font preuve d'une imagination débordante. Pour faire croire aux services de sécurité que le chargement est légal et provient des sablières officielles, les trafiquants utilisent la ruse appelée «le millefeuille». Cette ruse consiste à étaler une couche de sable de rivière sur la plus grande partie de sable extrait des plages. Ces ruses n'ont pas empêché les services de sécurité de perpétuer la lutte contre ce trafic qui cause des dégâts importants dans l'environnement et crée un phénomène de disparition des plages due à l'avancée de la mer comme cela est le cas au complexe touristique de Zeralda et en bien d'autres endroits. Les constructeurs particuliers faisant fi des dangers que constitue la construction avec du sable salé lequel entraîne la corrosion des matériaux, constituent un vivier et une raison d'être pour les trafiquants. Les services de contrôle devraient, pour endiguer le fléau, s'attaquer, non seulement aux transporteurs mais aussi aux constructeurs particuliers.