Le marché automobile est encore en pleine déprime dans le Vieux Continent. Seuls quelques rares Etats de l'UE arrivent à s'en sortir. Les ventes automobiles sont en berne en Europe. Parmi les pays les plus frappés par cette sinistrose qui s'installe dans la durée figure la France où les ventes reculent de 7%. La situation n'est pas meilleure en Italie, avec un recul de 12,4%, encore en moins en Espagne qui plonge de 21,7%. Les immatriculations de véhicules neufs ont finalement accusé une régression de 4,8% à 959.412 unités en octobre dernier, marquant une relative amélioration par rapport aux trois mois précédents qui ont chacun enregistré des baisses supérieures à 7%. Sur les dix premiers mois de l'année, les ventes ont baissé de 7,3% à 10.327.276 unités, selon les chiffres de l'Association européenne des constructeurs automobile (Acea), qui couvrent l'ensemble des Etats membres de l'UE, sauf Malte. «La tendance reste mauvaise, nous sommes en pleine crise (et les ventes) vont encore baisser l'an prochain», a commenté Ferdinand Dudenhöffer, professeur à l'Université de Duisburg-Essen. «Il y a un certain forcing des constructeurs en fin d'année», pour immatriculer des véhicules et conserver leurs parts de marché, au moyen de promotions, crédits à taux zéro ou d'immatriculations «tactiques» (en nom propre ou en vente aux concessionnaires et non aux acheteurs finaux), explique de son côté Yann Lacroix, d'Euler Hermès. Si tous les grands marchés européens sont touchés par cette crise, le Royaume-Uni et l'Allemagne arrivent à garder la tête hors de l'eau. Malgré un marché européen morose, ces deux pays affichent des résultats au vert. Ainsi, le premier affiche des immatriculations en hausse de 12,1% en octobre, alors que le second aligne +0,5%. Le Royaume-Uni «surprend par sa bonne tenue», et fait exception avec des ventes dynamiques aussi bien aux ménages qu'aux entreprises, a relevé Bénédicte Chavret, de l'institut Bipe. Cette dernière a néanmoins nuancé en affirmant qu'en Allemagne par contre, les chiffres sont «un peu artificiels», gonflés par des immatriculations «tactiques», ce qui «incite à la prudence pour la fin de l'année et l'année prochaine». Les observateurs restent pessimistes quant à la reprise, du moins dans l'immédiat, du business automobile en Europe. Espérer une sortie du marasme est encore inopportun, ajoutent-ils. En France l'on signale le même phénomène d'immatriculations «tactiques» qui a lieu en Allemagne. Dans l'Hexagone, le Mondial de l'automobile n'a pas dopé les ventes aux ménages et les sociétés sont prudentes dans leurs achats, craignant un alourdissement de la fiscalité du diesel, relève-t-on encore. Dans ce paysage déprimé, le numéro un incontesté sur le continent, le groupe allemand Volkswagen, continue de tirer son épingle du jeu, avec des ventes en hausse de 1,6% à 244.595 unités. Une voiture sur quatre écoulées sur le continent, est sortie des usines du géant de Wolfsburg. Le groupe «est soutenu par Audi, la marque haut de gamme qui va encore relativement bien dans le nord de l'Europe» mais sa marque Seat, par exemple, connaît «les mêmes reculs que les autres groupes», souligne M.Dudenhöffer. PSA est deuxième avec moitié moins de véhicules vendus que VW (118.143 voitures, -5,1%), mais maintient sa part de marché (12,3%). L'autre français, la marque au losange, a enregistré une nette déconvenue, ses ventes fondant de 21,6% à 84 783 unités, pour une part de marché de 8,8%. Suivent les américains Ford, avec 72.330 voitures vendues, en recul de 8,3%, et General Motors (Opel Vauxhall et Chevrolet), avec 68.481 véhicules vendus, en recul de 14,3%. Fiat a vendu 63.256 voitures (-5,6%), Toyota 38.442 (+1,1%) et Nissan 32 197 (+0,2%). Champions allemands du haut de gamme, Audi, BMW et Daimler ont connu des sorts opposés. Le munichois BMW a vu ses ventes reculer de 1,7% à 61 107 voitures tandis que son rival de Stuttgart, constructeur des Mercedes-Benz, écoulait 2,7% de voitures en plus (51 330). S. B.