Cette maladie liée à la consommation de tabac reste méconnue en Algérie. La maladie de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (Bpco) est très fréquente en Algérie plus que l'asthme et l'insuffisance cardiaque. C'est le résultat de la nouvelle étude intitulée Breathe présentée, hier à Alger, par des spécialistes. Selon cette étude, qui a touché 11 pays de la Région Moyen-Orient, Afrique (MEA), la prévalence de la Bpco est estimée à 4% dans la région et à 3.7% en Algérie, 45% chez les hommes et 13% chez les femmes. Toutefois, 65% des patients continuent à fumer parmi lesquels moins de 60% ont essayé d'arrêter. Aussi, seuls 30% des patients sont diagnostiqués et moins de 10% des traitements prescrits sont conformes aux recommandations internationales, révèle cette étude première de son genre. Plus de 13 millions de personnes dans le monde sont atteintes de cette maladie plus dangereuse que le cancer tant qu'elle est irréversible une fois installée. De plus, 90% des fumeurs après 10 ans de tabagisme risquent de la développer à partir de 40 ans. En Algérie, cette maladie liée à la consommation de tabagisme reste méconnue, regrette le Pr. Salim Nafti, président de la Société algérienne d'allergie et pneumo(Saap). «Il faut changer toute la politique de santé en agissant sur l'éducation et la prévention pour changer nos comportements», insiste-t-il en ajoutant que toute la société est interpellée notamment que l'Algérie est en phase de transition épidémiologique. «Arrêter de fumer est la seule mesure pour ralentir la maladie», indique-t-il. Evoquant la situation en Algérie, Pr Nafti a affirmé que «le diagnostic de la Bpco nécessite un examen clinique et une spirométrie or que beaucoup de patients algériens atteints de cette maladie restent non diagnostiqués et non traités en raison d'un manque d'éducation et de moyens ce qui fait que les patients sont mal informés sur leur maladie dont 30% ne connaissent pas les causes sous-jacentes». Aussi, l'étude Breathe montre que 54% des patients sont classés D (haute gravité et risque élevé) et 28% des malades sont en arrêt de travail à cause de leurs problèmes respiratoires. Certes, la Bpco a un impact sur l'individu mais aussi sur toute la famille qui en paie les frais, souligne le Pr.Taghirt. C'est dire qu'elle est un lourd fardeau d'ou la nécessité d'améliorer la prise en charge d'autant plus que ce handicap respiratoire n'est pas reconnu en Algérie. De ce fait, la Caisse nationale de l'assurance sociale (Cnas) est appelée à prendre en charge ces malades le plus tôt possible tout en évitant les consultations non programmées qui coûtent très cher. Cette maladie pulmonaire due principalement au tabagisme, la pollution atmosphérique, l'air intérieur et l'exposition aux poussières et aux produits chimiques sur le lieu de travail, dépasse la simple toux du fumeur et mérite bien une prise en charge sérieuse. Il convient de rappeler par ailleurs que selon l'Organisation mondiale de la santé, OMS, 5% à 13% de la population mondiale est touchée par la Bpco en causant la mort de 3 millions de personnes chaque année. Ce qui fait que la Bpco deviendra la 4eme cause de mortalité dans le monde d'ici 2020.