Les Nations unies envisagent d'utiliser pour la première fois des drones pour surveiller l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une rébellion armée soutenue selon l'ONU par le Rwanda, ont indiqué des diplomates. Des responsables des opérations de maintien de la paix de l'ONU ont pris contact avec les gouvernements congolais et rwandais à propos de cette initiative délicate, qui pourrait créer un précédent et inquiéter certains pays membres, selon ces diplomates. L'ONU cherche des moyens de renforcer sa mission, la Monusco, en RDCongo, où les rebelles du mouvement M23 ont pris le contrôle de la majeure partie de la province du Nord-Kivu (est). Selon des experts de l'ONU, le Rwanda et l'Ouganda voisins fournissent armes et troupes au M23, ce que les deux pays nient farouchement. Les Nations unies «examinent toute une série de mesures pour renforcer les capacités de la Monusco afin de protéger les civils des groupes armés présents dans cette vaste zone de l'est de la RDC», a expliqué Kieran Dwyer, porte-parole du département de maintien de la paix de l'ONU. «Utiliser des aéronefs non armés, des drones, pour surveiller les mouvements de ces groupes est un des outils que nous envisageons», a-t-il ajouté. «Bien sûr, nous le ferions avec prudence, en totale coopération avec le gouvernement congolais, et en choisissant les moyens de surveillance les plus efficaces pour aider à appliquer notre mandat de protection des civils», a-t-il assuré. Mais «pour mettre en oeuvre ces outils, nous aurons besoin du soutien de certains Etats membres», a-t-il précisé. L'ONU envisage aussi d'augmenter l'effectif de la Monusco - actuellement de 17.000 hommes mais qui peut être porté à 19.500 hommes - et de la redéployer en RDC. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon doit présenter bientôt des propositions en ce sens au Conseil de sécurité. «L'ONU a contacté plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, pour leur demander de lui fournir des drones qui pourraient jouer un rôle important dans la surveillance des frontières» de la RDC, a indiqué un diplomate à l'ONU sous couvert de l'anonymat. «Il est évident cependant qu'il aura des implications politiques» dans ce dossier, a-t-il ajouté. «C'est un sujet controversé, les pays ne sont pas tous d'accord là-dessus», a souligné pour sa part Olivier Nduhungirehe, premier conseiller à la mission du Rwanda auprès de l'ONU.