Près de 200 femmes et enfants ont été violés au Nord-Kivu, au début du mois d'août. Un acte «horrible» contre lequel Washington promet d'agir. Sur le terrain, la Monusco explique n'en avoir été informée qu'une dizaine de jours après les faits. Après la révélation d'une série de viols collectifs perpétrés au début du mois d'août en République démocratique du Congo (RDC), les Etats-Unis ont promis d'agir contre ces actes «horribles». L'envoyé spécial de l'ONU dans le pays a affirmé que les patrouilles de Casques bleus n'ont pu empêcher ces viols, parce qu'elles «n'en avaient pas été informées» avant le 12 août. Des associations humanitaires ont fait état, en début de semaine, du viol de près de 200 femmes et enfants entre le 30 juillet et le 3 août dans la ville de Luvungi, au Nord-Kivu, une province de l'est de la RDC. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est aussitôt dit «indigné» par ces agressions, confirmant qu'au moins 154 civils congolais en ont été victimes lors d'une offensive menée par des miliciens maï-maï et des insurgés hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Les FDLR affirmaient, hier, n'être «en rien impliquées dans ces actes odieux». Un haut responsable de l'ONU a été dépêché dans le pays. Ban Ki-moon a également appelé Kinshasa à ouvrir une enquête et à poursuivre en justice les auteurs de ces crimes. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir pour discuter de la situation. La RDC, «capitale mondiale du viol» Pourquoi les villageois n'ont-ils pas lancé l'alerte, alors que des patrouilles de l'ONU se sont rendues à Luvungi le 2 puis le 9 août ? Craignaient-ils des représailles s'ils alertaient l'ONU ? C'est possible, étaient-ils gênés ou honteux de ce qui s'est passé ? C'est encore possible. L'ONU dispose d'une force de maintien de la paix – la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco, ex-Monuc) – de 20 000 hommes dans le pays. Selon un rapport, publié en avril 2010 par Oxfam International et The Harvard Humanitarian Initiative, basé sur les témoignages de plus de 4000 femmes violées, 60% des victimes sont attaquées par des bandes d'hommes armés. Les agressions commises par les civils sont, cependant, en forte progression, relève le document : plus de la moitié des viols ont eu lieu au sein même du foyer familial. Près de 14 agressions sexuelles par jour sont recensées en moyenne dans le pays – 200 000 cas ont été répertoriés depuis 1996 –, dont plus du tiers dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ces incidents terribles mettent en évidence la nécessité d'une communication directe entre les forces de maintien de la paix et les populations locales. Parfois, les Casques bleus ne descendent pas de leur voiture lorsqu'ils effectuent une patrouille... La Monusco semble avoir entendu ces critiques. Depuis 2008, elle commence à mettre en place de bonnes pratiques, avec des systèmes d'alertes régulières et précoces. Des téléphones portables devraient être distribués dans les communautés vivant autour des bases de l'ONU, et le réseau de communication radio étendu pour toucher les zones les plus enclavées.