Des partis politiques, des syndicats et des associations ont demandé la jonction de toutes leurs forces pour défendre les libertés. Décidément, la grève qui a paralysé les lycées du pays huit semaines durant est devenue la préoccupation de toute la société civile. Ainsi, M.Brerhi du Ccdr dira : «Notre mouvement ne peut être indifférent devant les errances du gouvernement». M.Brerhi ajoute: «Nous luttons pour un Etat de droit. L'alternative citoyenne est devenue incontournable». Ensuite, le président du Ccdr souligne qu'« il y a un gisement fécond dans notre société, il faut l'exploiter», en annonçant la tenue en juin 2004 d'un forum national de citoyenneté. L'urgent, selon Brerhi, est de prendre en charge les Pest radiés. Pour donner un corps à ce mouvement, Brerhi propose «la création d'un réseau d'associations au sein des lycées, des CEM et des écoles, mais aussi au sein des universités», ce qui va déboucher sur «de véritables assises de l'éducation». Yacine Tourkemane, au nom du PRA, prend le relais pour «réaffirmer son soutien aux actions du Cnapest et du CLA». «Nous sommes choqués par l'attitude des pouvoirs publics de refuser l'agrément aux deux syndicats», s'exclame-t-il, en indiquant que «le pluralisme politique et syndical est le pilier de la démocratie». Sur le volet politique, le SG PRA ajoute : «Malgré des différences voire des oppositions des projets de société, nous partageons tous la vision du mode de gestion des affaires du pays qui est la République et la démocratie». Enfin, M.Tourkemane avertit: «Il faut que le mouvement associatif et syndical se prémunisse de tomber dans toute récupération politicienne». M.Mira du RCD fait un constat inquiétant: «Jamais depuis l'instauration du pluralisme politique, un tel recul des libertés n'a été constaté. La vie publique est confisquée. C'est le règne de la répression et de la corruption». Le représentant du MDS s'est montré satisfait de la solidarité qui a gagné le Cnes, les parents d'élèves et les lycéens. Abordant la revendication salariale des Pest, l'orateur explique: «La répartition égale des richesses nationales n'est pas seulement une revendication des enseignants». Fidèle à l'approche du MDS, le délégué de Hachemi Chérif déclare: «Le noeud de la contestation est politique. L'Etat ne respecte pas ses lois. Donc, c'est la nature de l'Etat qu'il faut changer». Ensuite, Lemdani du Cnapest prend la parole: «La lutte syndicale ne peut être dissociée de la lutte pour les droits de l'homme. Notre profession est véritablement défavorisée». «En refusant le récépissé d'enregistrement de notre syndicat, le pouvoir nous a refusé le droit d'exister en tant que structure», dénonce-t-il en poursuivant : «Les Pest radiés sont pris en otage». Le résultat de la grève est pertinent selon Lemdani qui conclut : «Rien ne sera plus comme avant». Le RAJ, représenté par Hachemi, a marqué aussi sa présence dans cette rencontre. «Depuis sa création en 1993, le RAJ a toujours lutté pour toutes les libertés», dira Hakim pour ensuite hausser le ton : «Il faut aller vers le départ de ce régime», en proposant «un forum permanent pour les libertés démocratiques regroupant des associations, des syndicats, des partis politiques et des journalistes». Le FFS a, dans une communication écrite, rendu hommage aux enseignants qui «veulent mettre fin aux violations du pouvoir». Le délégué du FFS continue : «Nous attendons de la société civile qu'elle forge une chaîne de solidarité». «Les syndicats autonomes ont le droit de se réunir à la Maison du peuple», déclare l'orateur en concluant: «Il faut une véritable alternative démocratique et sociale». Le représentant du Cnes fera remarquer que «la question de l'école échappait toujours aux acteurs sociaux», en soulignant que «la réforme de l'école ne se fera pas sans ses acteurs». Ensuite, il ajoute: «C'est le seul pays où on a des experts d'une école sinistrée». En s'adressant aux enseignants, le délégué du Cnes dira : «Il faut dépasser l'attitude de victime. Vous êtes un danger pour le gouvernement. Donc, il ne peut pas vous mépriser». La représentante de l'association Fatma N'soumer a, dans son intervention, fait un parallèle entre la grève des Pest et le boycott scolaire en Kabylie : «Les deux mouvements ont les mêmes valeurs et mêmes objectifs» en terminant : «Nous voulons construire un projet de société ensemble : hommes et ». Le représentant de l'association de la défense des droits des enfants a insisté sur l'importance d'installer dans la durée ce foisonnement d'initiatives de solidarité. Nedjma, association culturelle de l'université de Bouzaréah, indique qu' «au-delà des revendications corporatistes, le mouvement a exprimé le malaise au sein de l'école algérienne» en ajoutant que cette conjoncture «est annonciatrice d'un renouveau syndical». En guise de proposition, le représentant de Nedjma dira : «Il faut un front social pour la défense des libertés». Ensuite, une lycéenne d'Alger est invitée à prendre la parole. D'emblée, elle rappelle : «Nous sommes jusqu'au bout avec les professeurs. On est prêt à rester en classe jusqu'à 20 heures». La collègue enchaîne : «Nous demandons d'alléger le programme scolaire ». Osmane, SG du CLA, observe: «Ce qui est arrivé aux Pest peut arriver à un parti politique ou à une association». En s'interrogeant : «Quel est le rôle de la société civile pour que les droits soient respectés?». Sur un ton optimiste, Osmane avance : «Une alternative d'un Etat de droit est possible». Il est à signaler que 4 ateliers se sont penchés, durant l'après-midi d'hier, sur des questions relatives au mouvement. Les leçons de la grève des enseignants, droit de grève et libertés syndicales, perspectives et stratégies et enfin la société civile et solidarité. Quatre axes qui devront déboucher sur des recommandations que nous connaîtrons aujourd'hui.