Le ministère de la Communication ne veut rien laisser au hasard Le ministère de la Communication envisage une ouverture de l'audiovisuel de manière «réaliste» et «progressive». Le gouvernement, qui a cédé aux pressions exercées sur lui dans le sillage des révolutions des pays voisins en acceptant l'ouverture du secteur audiovisuel aux privés, ne veut toutefois pas agir dans la précipitation. S'il a autorisé quelques chaînes algériennes, de droit étranger, à évoluer dans une certaine anarchie, il semble qu'il est déterminé à réguler le secteur, en programmant l'adoption de la loi sur l'audiovisuel ainsi que l'installation en 2013 de l'autorité de régulation du secteur. Pour ne rien laisser au hasard, le ministère de la Communication a organisé un séminaire sur le secteur dont les travaux ont été lancés, hier, à la résidence El-Mithaq (Alger) en présence d'experts algériens et étrangers. Les conclusions de ce séminaire inspireront la prochaine loi sur l'audiovisuel. L'état des lieux du secteur de l'audiovisuel en Algérie, la régulation, ainsi que l'expérience des conseils supérieurs de l'audiovisuel en France et en Belgique, sont les principaux thèmes de cette rencontre de deux jours. Les participants se pencheront à cette occasion sur les questions liées à la régulation de l'audiovisuel, la transition de l'audiovisuel étatique à un audiovisuel de service public ainsi que les expériences de certains pays en matière d'ouverture médiatique. «Ce séminaire permettra de bénéficier des expériences et des idées des pays participants qui seront débattues afin de définir les méthodes et les exigences liées à la demande croissante sur la retransmission satellite à même de renforcer la liberté d'expression et la liberté de la presse avec tous ses supports et de promouvoir la diversité intellectuelle et le pluralisme politique», a indiqué le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, dans son allocution d'ouverture. Le ministre a assuré que le gouvernement envisage une ouverture de l'audiovisuel de manière «réaliste» et «progressive» et une utilisation de la retransmission satellite qui garantisse la liberté et la démocratie. Mais, a-t-il averti, «la liberté a un plafond qui s'appelle responsabi-lité». «Il est dans l'intérêt de l'Algérie d'ouvrir progressivement le champ devant les chaînes privées initiées par des professionnels algériens afin d'éviter au téléspectateur de capter des chaînes étrangères émettant des idées et des idéologies loin de notre réalité et de nos aspirations et préoccupations», a-t-il expliqué. M.Mohamed Saïd a estimé que l'ouverture du secteur ne réside plus aujourd'hui dans le conflit entre les partisans de l'ouverture et ceux du monopole de l'Etat sur ce secteur, mais plutôt dans la manière et l'objectif de cette ouverture ainsi que dans les modalités de création de chaînes satellitaires, leur fonctionnement et la transparence de leurs bases économiques. Le ministre de la Communication qui a reconnu que l'audiovisuel «n'a pas connu la même cadence d'ouverture que la presse écrite» a imputé cette situation à «la conjoncture dramatique qu'a traversée le pays qui accordait la priorité au rétablissement de la paix et de la stabilité, la reconstruction de l'économie nationale et à la consolidation des institutions de l'Etat». Pour l'orateur, l'ouverture de l'audiovisuel au privé comme service public passe par une mise en oeuvre progressive conformément à des règles éthiques et professionnelles pour permettre l'émergence d'une presse de haut niveau. Il s'est engagé à donner l'occasion à tous pour une concurrence «transparente» basée sur les normes de qualité et de professionnalisme afin de promouvoir le produit national qui doit avoir la part du lion sur le petit écran. Il s'agit là, a-t-il dit, «d'un défi majeur» qui passe avant la concurrence dans l'univers des chaînes satellitaires arabes et méditerranéennes dont la majorité relève du secteur privé. A souligner enfin que les travaux du séminaire se poursuivront aujourd'hui.