Hamadi Jebali Il a totalement rejeté l'option d'une intervention militaire au nord du Mali. Le chef du gouvernement provisoire tunisien, Hamadi Jebali, qui sera aujourd'hui à Alger, a affirmé, sans aucune ambiguïté, que son pays soutient totalement l'approche algérienne par rapport à la crise qui sévit au nord du Mali. «Nous soutenons l'approche algérienne, car elle est sage, globale et préférable à l'intervention militaire», a affirmé Hamadi Jebali qui s'exprimait dans un entretien accordé, hier, à l'APS. «La situation dans le nord du Mali est critique et je tiens ici à saluer l'approche algérienne qui est judicieuse et raisonnable. L'approche algérienne est empreinte d'une grande sagesse, car le règlement doit être global et sans recours à l'option militaire comme ce fut le cas dans de nombreuses autres régions» a appuyé le Premier ministre tunisien, ajoutant que «toutes les autres voies doivent être épuisées, notamment l'organisation du dialogue interne au Mali et le règlement des problèmes religieux, ethniques, sociaux et politiques entre le nord et le sud du Mali. L'Algérie déploie d'importants efforts pour rapprocher les visions et les parties en conflit». M.Jebali a estimé que la position algérienne est sage car, explique-t-il «si les Maliens parviennent à régler leurs problèmes internes, ils seront en mesure d'éliminer eux-mêmes le terrorisme, d'où la nécessité de les soutenir». En revanche, le Premier ministre tunisien s'est dit opposé à une intervention au Mali. «L'intervention militaire étrangère et l'installation de bases pousseront le peuple malien à combattre cette intervention comme en Afghanistan et en Irak». Le chapitre sécuritaire prend une large part de cette visite de 48 heures à Alger. Cela est d'autant plus vrai que les deux pays et même la région sont exposés aux risques du terrorisme, de l'extrémisme et du trafic d'armes. Aussi, la question de la sécurisations des frontières et la lutte contre Al Qaîda au Magreb islamique sera largement abordée. Le Premier ministre tunisien a estimé, en effet, que ce dossier est extrêmement important, affirmant que la question sécuritaire se pose de façon incessante, en raison de la montée du terrorisme et du trafic d'armes. Cependant, M.Jebali inscrit son règlement dans une approche globale. Il explique: «Le règlement du dossier sécuritaire est lié à d'autres questions. Si le dossier est sécuritaire, l'approche ne l'est pas et son traitement ne doit pas l'être aussi», indique-t-il avant de rappeler que «la violence et même le terrorisme ont comme causes et origines les injustices sociales, la pauvreté et le chômage. Tant de causes à prendre en compte au sein d'une approche». Mais, cela ne signifie pas pour le responsable tunisien, de fermer les yeux sur la protection des frontières. «Bien au contraire, il faut coopérer les uns avec les autres pour dissuader tous ceux qui croient que cette région est perméable à l'idéologie terroriste ou au trafic d'armes.» Il avance également la même approche globale quant il a été interrogé sur le fléau d'Al Qaîda au Maghreb islamique. «Il faut aussi une approche qui prenne en charge les aspects politique, culturel, intellectuel, économique et social, car le terrorisme et l'extrémisme prospèrent dans le terreau fertile que constituent les régions en proie aux problèmes, aux crises, à la pauvreté et à la tyrannie. Il importe donc de régler ces problèmes». Abordant, dans le même entretien, la situation tunisienne qui connaît plusieurs troubles sociaux, M.Jebali a expliqué que cette situation est le résultat d'une révolution, car celle-ci a laissé place à l'instabilité et à l'agitation, où tout un chacun cherche à se repositionner dans un nouvel espace social, sécuritaire, politique et économique. «Je considère que cette situation post-révolutionnaire est très normale, au regard des nombreuses expériences vécues à travers le monde, durant lesquelles un lourd tribut a été payé», a-t-il dit. Toutefois, Hamadi Jebali n'a pas caché son inquiétude face à plusieurs questions socioéconomiques et à leur tête le problème du chômage et de l'emploi des jeunes. «Dans le domaine de l'investissement et du développement, la priorité sera accordée aux pays voisins, à savoir, l'Algérie et la Libye, car notre destin est lié et notre situation est commune». «Ma visite officielle en Algérie revêt une importance particulière (...). Il y a plusieurs dossiers à débattre et à leur tête le renforcement des liens et leur concrétisation. Il s'agit de dossiers à caractère social, économique et commercial», a souligné M.Jebali qui n'a pas manqué de rappeler que la question du Sahara occidental, comme toutes les autres, seront réglées à la faveur d'une volonté politique. «Nous nous attelons avec nos frères en Algérie et au Maroc et dans les autres pays maghrébins à aplanir les difficultés qui peuvent paraître aujourd'hui insignifiantes, devant l'importance de l'édifice maghrébin et de notre unité», a conclu l'hôte de l'Algérie.