En Algérie, on devient architecte après une formation de cinq années, mais cette profession cherche toujours une reconnaissance. Un sursaut de la qualité à atteindre en parallèle avec la quantité est attendue après les secondes assises du Conseil de l'Ordre des architectes algériens (Cnoa) qui vont se tenir les 15, 16, et 17 décembre 2012 à Oran. Après le congrès tenu les 20 et 21 octobre à Oran, et le congrès électif du Cnoa du 20 décembre à Alger, la corporation va donc organiser cette seconde session nationale, événement qui devra rassembler les différents acteurs concernés par l'architecture et l'urbanisme et partant, poser les problèmes inhérents au métier de l'architecte. La mission de l'architecte dans l'acte de construire a été largement débattue au cours de la rencontre d'hier à Alger qui a été animée par le président de l'Ordre, Athmane Touileb, lequel était assisté notamment par Mohamed Ighmouracen Koauadji, premier vive-président et néanmoins président de la commission scientifique et culturelle. Concernant le volet formation, les conférenciers ont expliqué que l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger (Epau) se charge de cette mission. L'étudiant admis en première année reçoit une formation de cinq ans scindée en deux cycles: les deux premières années sont essentiellement destinées à une formation de base et les trois autres années sont inhérentes à la formation spécifique du métier de l'architecte avec, en dernière année, la possibilité de choisir une option particulière des enseignements reçus. Les architectes, qui s'inscrivent au tableau national de l'Ordre des architectes, peuvent exercer de manière indépendante et bénéficient de différents avantages. L'inscription à l'Ordre des architectes est obligatoire et implique différentes conditions, entre autres, une cotisation annuelle à l'Ordre et le respect des règles émises par l'Ordre. Les architectes inscrits à l'Ordre, au nombre de près de 7500 aujourd'hui, dont plus de 50% sont des femmes, prêtent serment avant de recevoir l'agrément d'Etat pour exercer. Les recommandations des assises de l'architecture porteront essentiellement sur l'amélioration des procédures de concours et de mieux reconnaître le statut de l'architecte, qui dans notre société, ne requiert pas encore la «reconnaissance sociale et institutionnelle» nécessaire lui permettant de s'épanouir en mettant en avant sa créativité. Questionné lors des débats par L'Expression sur le rôle des architectes dans la réalisation du programme ambitieux de la nouvelle stratégie urbanistique de la capitale pilotée par le wali d'Alger, Touileb a précisé que l'Ordre n'est qu'un «maillon de la chaîne composée notamment de géologues, sociologues et autres constructeurs...» Touileb, qui a regretté que «l'acte de construire se fait trop rapidement au détriment de la qualité» s'est exprimé quant à l'appel fait aux architectes étrangers en soulignant que le «Cnoa n'est pas contre», mais qu'il faudrait, a-t-il estimé, puiser dans les creuset national qui a prouvé ses compétences. Il a toutefois admis que l'appel aux étrangers soit bénéfique dans le transfert technologique, notamment dans les constructions modernes qui nécessitent aujourd'hui plus de vitrage en raison de l'économie d'énergie, mais souligne-t-il, «c'est à travers la construction que nous pourrons traduire nos valeurs identitaires et ancestrales».