Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a estimé vendredi que l'utilisation par le régime du président syrien Bachar al-Assad d'armes chimiques contre la rébellion ou sa population serait un « crime scandaleux ». « Récemment nous avons reçu des informations alarmantes selon lesquelles le gouvernement syrien se préparait à utiliser des armes chimiques. Nous n'avons pas de confirmation à ce sujet. (Mais) si c'est le cas, alors ce serait un crime scandaleux aux yeux de l'humanité », a déclaré M. Ban à la presse à l'issue d'une visite du camp de réfugiés syriens d'Islahiye (sud-est de la Turquie). Jeudi à Bagdad, le secrétaire général de l'ONU a mis en garde le président syrien Bachar al-Assad contre toute tentation de recourir aux armes chimiques en sa possession contre la rébellion. « J'ai prévenu que, quoi qu'il arrive, quiconque utilisera des armes chimiques devra être traduit en justice », avait indiqué M. Ban, soulignant qu'un tel scénario aurait « de très graves conséquences sur la population ». Lundi, le président américain Barack Obama a accusé le régime syrien de se préparer à utiliser des armes chimiques en sa possession contre les rebelles et l'a menacé de « conséquences » s'il passait à l'acte. Les autorités syriennes ont assuré qu'elles ne feraient pas usage de telles armes. Le secrétaire général de l'ONU a également renouvelé vendredi son appel à l'arrêt des combats en Syrie. « Je suis également ici pour dire au monde que le massacre en Syrie doit s'arrêter. J'appelle toutes les parties, particulièrement le gouvernement, à arrêter la tuerie », a souligné M. Ban. « Je demande instamment à la communauté internationale et en particulier au Conseil de sécurité de rester uni et d'agir de façon décisive pour mettre fin à cette crise », a insisté le secrétaire général. La Russie et la Chine ont systématiquement bloqué depuis le début de la crise syrienne tous les projets de résolution du Conseil de sécurité sanctionnant Damas. Après avoir visité le camp de réfugiés, Ban Ki-moon a quitté Islahiye pour Ankara, où il doit s'entretenir dans l'après-midi avec le président turc. Abdullah Gül, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, avant de quitter la Turquie samedi. A la demande des autorités turques, l'Otan a donné son feu vert mardi au déploiement de batteries de missiles sol-air Patriot près de la frontière syro-turque. Ces armes, susceptibles d'intercepter des missiles sol-sol syriens, devraient être opérationnelles d'ici quelques semaines. Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a estimé à environ 700 le nombre de missiles sol-sol dont dispose l'armée fidèle au président Assad. Longtemps proche du régime en place à Damas, la Turquie a désormais pris fait et cause pour la rébellion. L'armée turque a considérablement renforcé ses effectifs le long de sa frontière avec la Syrie après une série d'incidents au cours desquels des villages turcs ont été touchés par des obus syriens.