L'ONU est chargée de trouver un consensus sur la constitution du gouvernement «après-taliban». La guerre contre le régime va être longue et les dernières déclarations de Washington dans ce sens ont été très significatives. Il reste que les pays musulmans sont particulièrement pressés de voir l'action militaire prendre fin. Le scepticisme de l'opinion internationale vient d'ailleurs jeter une ombre sur les actions militaires américaines qui, jusqu'ici, n'ont pas obtenu les résultats escomptés. Les bombes à fragmentation, utilisées par les Etats-Unis dans ses raids contre l'Afghanistan, ont occasionné des réactions, pour le moins, très négatives. La France, notamment, «regrette» et «déplore» la mort des victimes civiles. Elle précise, toutefois, qu'elle n'a pas été «exactement» informée des munitions contenues dans les bombes larguées et que, finalement, «il n'y a pas de guerre parfaite». Hormis Londres qui se refuse elle, à écarter l'hypothèse d'avoir recours aux bombes à fragmentation, le Parlement européen et les Nations unies ont également protesté contre l'utilisation d'une telle arme. «La solidarité de la communauté internationale n'est pas un blanc-seing», avertissait, hier, Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen. Le Comité international de la Croix-Rouge dénonce, de son côté, le nombre croissant de civils tués dans le conflit afghan. Sur un autre plan, l'après-taliban pose toujours problème. La conférence sur l'avenir de l'Afghanistan, qui a réuni à Peshawar, plusieurs opposants au régime taliban, n'a pas été un succès par le fait même de l'absence de l'ex-roi Zaher Chah et des représentants de l'Alliance du Nord. M.Lakhdar Brahimi, représentant spécial de l'ONU pour l'Afghanistan, déclarait, dans une interview accordée au quotidien Le Monde, être «très inquiet d'un vide politique à Kaboul». Dans cette perspective, Brahimi est actuellement en tournée dans la région afin, dit-il, «de mettre en forme un processus qui entraîne l'adhésion de tout le monde». Entre-temps, le chef des services de renseignement du régime taliban a exhorté les partisans de l'ancien roi à rester hors d'Afghanistan et leur a souligné qu'ils ne pouvaient pas échapper aux services de renseignement afghans comme d'ailleurs n'a pu le faire le commandant Abdul Haq arrêté et exécuté par les taliban. Sur un autre plan, c'est bien Gulbuddin Hekmetyar, un des anciens chefs de la résistance afghane antisoviétique, qui a affirmé, hier, avoir eu un contact avec les taliban, mais également avec l'Alliance du Nord pour former un «front uni» et «défendre l'Afghanistan» contre les Etats-Unis.