Dans la perspective de consolider la trêve, la fermeté et la conciliation semblent les actions maîtresses des Palestiniens et des Israéliens. Un palestinien de 22 ans, Madjid Abou Chalouf, a été tué hier par l'explosion d'une charge, «abandonnée par l'armée israélienne», selon des déclarations d'un porte-parole des services de sécurité palestiniens. Certes, la situation semble aller en s'améliorant, au plan sécuritaire, dans les territoires occupés, il n'en demeure pas moins que des dérapages ici, de bavures là, font que Palestiniens et Israéliens restent circonspects sur la suite des évènements. Le souci essentiel, aujourd'hui, du Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, est d'abord de préserver le fragile consensus sur la trêve, annoncée par plusieurs formations palestiniennes, laquelle marque une avancée dans le difficile combat pour la liberté et l'indépendance pour le peuple palestinien. Dans ce contexte, le gouvernement d'Abou Mazen, manie fermeté et conciliation. Fermeté, par les arrestations opérées, ces derniers jours, dans les milieux «activistes» palestiniens. Conciliation, en conservant un contact régulier, et apparemment productif, avec les radicaux islamistes de Hamas et du Jihad islamique. Israël a également arrêté la semaine écoulée 12 «activistes» palestiniens à Ghaza et en Cisjordanie. Cependant, demeure en suspens, le problème des prisonniers palestiniens dont la libération est l'une des conditions posées par les mouvements palestiniens ayant accepté d'observer la trêve. Selon des indications des services de sécurité israéliens, 6000 Palestiniens sont actuellement détenus en Israël, dont 1600 étaient déjà emprisonnés avant l'Intifada de septembre 2000. Sur cette question des prisonniers, -dossier déjà évoqué mardi, lors de leur rencontre par Mahmoud Abbas et Ariel Sharon-, le ministre palestinien délégué à la sécurité, Mohamed Dahlane, devait rencontrer hier le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz. Outre, cet aspect du dossier, les deux hommes devaient également aborder la question d'éventuels nouveaux retraits israéliens, notamment des territoires réoccupés au début de l'Intifada. Selon des sources proches du chef du gouvernement, Ariel Sharon, Israël exclut la libération de prisonniers ayant été condamnés pour des actes de sang, sauf cas d'exception. De fait, une liste de libérables palestiniens doit être examinée aujourd'hui, par Ariel Sharon, aux fins d'approbation. Ces libérations se feront, indique-t-on de source sécuritaire israélienne, au rythme des «progrès enregistrés» par l'Autorité palestinienne, dans «l'empêchement des attaques» contre Israël. Il est vrai que des incidents ont été signalés ici et là dans les territoires, incidents qui ne remettent pas en cause, toutefois, la trêve qui est observée par les cinq mouvements de résistance qui y ont souscrit. Un autre groupe armé palestinien le «Comité de la résistance populaire» se déclare prêt à rejoindre la trêve pour peu que ses membres arrêtés soient libérés par Israël. Dans un entretien, publié vendredi par le quotidien Yediot Aharonot, le chef d'état-major israélien, Moshé Yaalon avait indiqué que l'armée israélienne avait commis un certain nombre de bavures et ratages depuis septembre 2 000. «Nous avons eu un certain nombre de ratés, comme l'attaque récente contre la voiture du terroriste du Hamas, (cf. Yasser Taha tué avec sa femme et sa fille de trois ans), sans que nous sachions que sa femme et sa fille étaient avec lui» a déclaré le général Yaalon. Enumérant les «ratés», selon lui commis par l'armée israélienne, il citera notamment l'occupation, lors de l'opération «Rempart» des bureaux de ministères palestiniens en admettant « Cela a été un raté. Il y eut des actes de vandalisme inadmissibles», soulignant également avoir été «hostile», lors de cette même opération, au siège imposé, en 2002, à la Mouqataâ, quartier général du président Yasser Arafat à Ramallah. Il indiquera néanmoins qu' «il y a de bonnes chances pour que le cycle actuel de violence s'achève totalement dans les prochains jours». Encore faut-il que les militaires israéliens n'aient pas le tir trop facile comme le montrent les incidents de ces derniers jours où plusieurs Palestiniens y ont laissé la vie.