L'embuscade d'El-Khalil n'est que la résultante de la répression de l'armée israélienne dans les territoires occupés. Le cycle de violence semble reprendre de plus belle au Proche-Orient, résultat de la persistance de la répression de l'armée d'occupation israélienne dans les territoires palestiniens. L'embuscade, dans la nuit de vendredi à samedi, qui a coûté la vie à douze Israéliens à proximité de la ville d'El-Khalil (Hébron), revendiquée, au nom du Jihad islamique, par un interlocuteur anonyme, entre dans le cadre de cette nouvelle spirale de violence dans laquelle l'armée israélienne d'occupation est largement partie prenante. Comme cela est devenu coutumier, la communauté internationale, - incapable par ailleurs d'imposer quoi que ce soit à Israël, qui agit contre les Palestiniens dans l'impunité totale -, et à l'instar du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, condamne cet attentat et se dit «horrifiée» par cet «acte de terrorisme». Certes! Cependant, il faut bien relever que la communauté internationale si prompte à condamner les actions palestiniennes, ne dit mot face aux exactions de l'armée israélienne d'occupation contre la population palestinienne. Abandonnés de tous, victimes d'un déni de droit, les Nations unies incapables de les protéger, les Palestiniens ont recours à des méthodes sans doute condamnables, mais, soulignons-le, pas plus que les répressions et exactions dont s'est rendue coupable l'armée israélienne qui, tout au long de ces derniers mois, détruisit des maisons et les infrastructures palestiniennes, assassina des dirigeants palestiniens, sans que la communauté internationale puisse, d'une manière ou d'une autre, intervenir pour arrêter le génocide d'un peuple auquel on n'a laissé que le choix de mourir les armes à la main. C'est celle-là la réalité de la problématique proche-orientale, l'impuissance de l'ONU et de la communauté internationale de rendre justice au peuple palestinien. L'embuscade de la nuit de samedi a eu lieu en plein coeur de la Cisjordanie, en territoire palestinien occupé. Or, la résolution 1514 de 1960 du Conseil de sécurité donne le droit aux peuples colonisés de se défendre, pour faire reconnaître leur droit. Or, Israël occupe un territoire qui ne lui appartient pas, le territoire palestinien. C'est à partir de cette donne que les Nations unies et la communauté internationale doivent prendre leur responsabilité vis-à-vis d'un peuple dont la confiance envers les instances internationales a été mal récompensée. Israël, qui a réoccupé les villes autonomes palestiniennes depuis le début de la seconde Intifadha, s'est adonné à la destruction systématique des infrastructures et du pouvoir de l'Autorité autonome, ciblant de façon particulière les services de sécurité palestiniens assimilés, par le gouvernement israélien, tout bonnement, à des «terroristes», ce qui permet à ce gouvernement d'accuser le président Yasser Arafat de ne rien faire contre la violence. D'un côté, l'Autorité palestinienne est acculée à la défensive et ses services détruits, d'un autre côté, ses services de sécurité déstabilisés. Israël qui s'acharne à détruire les structures autonomes palestiniennes, les accuse ainsi de passivité face à la violence. Un cercle vicieux sciemment créé par les Israéliens eux-mêmes qui ont renforcé ces derniers mois leur occupation des territoires palestiniens. Hier, l'armée israélienne a de nouveau dressé des barrages autour de ce qui reste de la Moukataâ, à Ramallah, où le président Arafat est assiégé pour la troisième fois en moins de six mois. Parce que Israël, soutenu par les Etats-Unis, refuse le déploiement d'une force internationale d'interposition dans les territoires occupés, il n'est pas étonnant que les actions kamikazes suivent les actions de représailles de l'armée d'occupation israélienne. Pourtant la séparation des belligérants est devenue aujourd'hui indispensable, ne serait-ce que dans l'optique de réduire les violences qui mettent à mal l'ensemble de la région du Proche-Orient. Toutefois, la communauté internationale impuissante à imposer à l'Etat hébreu cette séparation fait chorus avec Tel-Aviv à chaque action de la résistance palestinienne. Aussi, tant que le Conseil de sécurité sera incapable de faire appliquer par Israël les résolutions 242 et 338 - demandant à Israël le retrait immédiat des territoires palestiniens occupés - qui datent respectivement de 1967 et de 1973, il serait vain pour la communauté internationale de faire semblant d'être effarouchée par le sang qui continue de couler au Proche-Orient - que ce soit celui des civils palestiniens (ce sont surtout eux qui meurent dans les exactions et répressions de l'armée israélienne) ou israéliens - mise qu'elle est dans l'incapacité d'avoir un droit de regard sur ce qui se passe au Proche-Orient et singulièrement dans les territoires palestiniens occupés. De fait, on oublie trop facilement qu'Israël a empêché une commission d'enquête, désignée par le secrétaire général de l'ONU, de faire des investigations sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, prêtés à, ou commis par, l'armée israélienne d'occupation à Jénine en juin dernier. Si l'ONU reprend ses prérogatives pour le Proche-Orient, et que la communauté internationale est moins laxiste envers Israël, il est alors possible d'arriver à une solution, à défaut de quoi, il est patent que le cycle infernal se poursuivra dans cette région martyre