Cinq enfants, ont été tués hier au moment où l'armée israélienne réoccupe les villes palestiniennes. La situation s'est sensiblement dégradée au cours des quarante-huit dernières heures durant lesquelles il y a eu une recrudescence de la violence qui renvoie les choses à ce qu'elles étaient il y a deux mois. Deux attentats-suicide à Jérusalem-Ouest de kamikazes palestiniens ont fait, mardi et mercredi, 26 morts israéliens et des dizaines de blessés. La riposte israélienne a été immédiate l'armée procédant à la réoccupation de nombreuses villes palestiniennes de Cisjordanie. Des combats ont eu lieu hier à Jenine, où l'armée israélienne a ouvert le feu au canon de char tuant cinq enfants palestiniens. Au total près de vingt Palestiniens ont été tués durant cette même période par l'armée israélienne. Cette escalade de la violence est à imputer à Israël qui ne veut pas admettre que l'occupation des territoires palestiniens ne pouvait qu'engendrer la résistance qu'il persiste à assimiler au terrorisme. Ce prisme de la spirale de la violence dans les territoires occupés, et en Israël même, découle du refus de l'Etat hébreu d'admettre le droit des Palestiniens d'ériger leur Etat indépendant et, également, à la pusillanimité de la communauté internationale à reconnaître la gravité de la situation qui réclame notamment une séparation des belligérants par l'envoi d'une force internationale d'interposition. Au lieu de quoi on laisse Israël, partie prenante du conflit, seul juge des décisions à prendre. Et le seul arrêt que connaisse Israël est la réoccupation des villes autonomes palestiniennes comme l'armée israélienne a commencé à le faire depuis mercredi. Personne ne semble vouloir expliquer aux Israéliens que les attentats-suicide, en Israël, sont directement induits du désarroi des Palestiniens poussés au désespoir par une répression féroce, un blocus économique inhumain, par le refus des Israéliens de l'établissement d'un Etat palestinien, qui ne laisse aux Palestiniens que le recours à la violence. Cynique, le ministre israélien de la Défense, Binyamin Ben Eliezer, admet le fait lorsqu'il reconnaît: «Il y a évidemment de la misère (dans les territoires palestiniens) et (les kamikazes) sont frustrés. Ils sont, de toute évidence désespérés» Un mea culpa? Non, c'est pour mieux faire porter la responsabilité de l'escalade de la violence sur les organisations palestiniennes. C'est sans doute ces organisations qui occupent les territoires palestiniens, qui privent les Palestiniens de travail, qui les parquent dans des ghettos et font subir le joug au peuple palestinien? Israël qui ne renonce ni à son expansion dans les territoires occupés, ni à priver les Palestiniens de leur liberté et de leurs droits, n'y est, évidemment, pour rien. C'est aux Palestiniens d'accepter leur sort de sous-êtres humains sans résister à leur occupation. Voilà une vision des choses un peu spéciale qui laisse cependant sans réaction la communauté internationale et notamment l'ONU dont l'une des prérogatives est la sauvegarde des peuples colonisés. Cela d'autant qu'Israël a entrepris depuis la semaine dernière, de construire une nouvelle ligne Maginot (qui rappelle les lignes Challe et Maginot édifiées, aux frontières algériennes, par la France lors de la guerre d'Algérie) autour de la Cisjordanie et supposée empêcher les infiltrations des résistants palestiniens en Israël. L'Etat hébreu soumet les territoires palestiniens à une main mise drastique, organisant des contrôles policiers et militaires sur la population palestinienne qui rappelle par nombre de ses aspects l'apartheid pratiqué par les Blancs en Afrique du Sud. Depuis deux ans Israël n'a fait aucun geste à même de montrer sa disponibilité à coopérer avec les autorités palestiniennes, bien au contraire, Tel-Aviv a tout entrepris pour décrédibiliser et disqualifier les Palestiniens, tout en menant des agressions contre les territoires qui ont eu pour résultat la mort de centaines de Palestiniens lors des derniers vingt-quatre mois. S'appuyant essentiellement sur la force pour résoudre une crise qui demeure dans son essence politique, Israël introduit par la construction du mur de la honte -lequel, selon Tel-Aviv, contiendra la résistance palestinienne—un autre paramètre propre à compliquer les choses. En donnant l'impression de ne pas vouloir admettre que la paix sera la résultante de la création de l'Etat palestinien, et en faisant des propositions absurdes, comme celle d'un Etat provisoire palestinien, Israël tente d'inventer de nouveaux concepts, pour ne point réaliser ce que, d'une manière ou d'une autre, il doit bien accomplir : le retrait des territoires palestiniens occupés. D'ailleurs, réagissant à ces nouvelles manoeuvres, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Maher, affirme «Ce qui doit être provisoire, c'est l'occupation israélienne», ajoutant: «Nous ne pouvons pas comprendre comment établir un Etat provisoire. Tout Etat palestinien doit avoir une pleine souveraineté sur le territoire palestinien.» Il est attendu que le président Bush, qui s'est prononcé pour l'érection d'un Etat palestinien, fasse une déclaration sur le Proche-Orient dans les prochains jour. Que va-t-il dire, quelles propositions va-t-il faire? Mais ce qu'il va dire est attendu avec intérêt.