Alors que les électeurs crient au détournement de leurs voix, les partis sont prêts à s'allier avec le diable Fait inédit depuis l'ouverture au pluralisme politique, des partis que rien n'unissait, tissent des alliances contre nature. Faisant fi de toute éthique politique, ils sont même prêts à s'allier avec le diable. Les Assemblées élues peinent à s'installer; les alliances sont contractées au forceps dans plus de mille communes. Alors que les électeurs crient au «détournement» de leurs voix, les états-majors de formations politiques - de tradition opposées sur le plan idéologique - sont prêts à s'allier avec le diable pour glaner le maximum de sièges. Fait inédit depuis l'ouverture au pluralisme politique, des partis que rien n'unissait, tissent des alliances contre nature, faisant fi de toute éthique politique. C'est le cas du parti du Front des forces socialistes qui après plus de cinq décennies d'opposition, fait front commun avec le FLN et le RND. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le plus vieux parti de l'opposition a contracté une alliance avec le RND et le FLN pour s'adjuger la présidence de l'APW. Ce qui n'a pas manqué de susciter des réactions virulentes, aussi bien chez les populations locales que chez les militants de cette formation qui n'arrivent pas à décrypter une telle attitude. Dans une déclaration rendue publique, hier, Samir Bouakouir, ancien membre de la direction nationale du FFS, s'insurge. Il parle carrément d'«accord politique» qui, d'après lui, a reçu l'aval de l'appareil politique du FFS. Pis encore, poursuit Bouakouir: «Ce qui était masqué, tenu secret, apparaît aujourd'hui au grand jour: le deal conclu avec le pouvoir s'apprête à franchir une nouvelle étape décisive...» Tout en appelant le président du parti à mettre un terme au «processus de sabordage» du FFS que M. Hocine Aït Ahmed avait fondé en 1963, Bouakouir affirme que «les militantes et militants du FFS, désorientés, voire choqués par la série de revirements spectaculaires, se doivent de réagir fermement et d'user de tous les moyens pacifiques pour préserver leur instrument de lutte démocratique». En Kabylie par exemple, l'arrivée en force du Mouvement populaire algérien, a fait de l'ombre au RCD, qui n'arrive pas à admettre que Amara Benyounès, ancien cadre du parti, s'allie avec des partis qui, a priori lui sont hostiles. Car, comment expliquer que la formation de M.Benyounès, qui avait axé sa campagne électorale sur la modernité et contre l'islamisme politique, se retrouve dans la même tranchée avec les élus de l'Alliance verte avec qui il s'est allié dans certaines municipalités. Pourtant, cette formation, qui se dit nationaliste, est plus proche du RND, du FLN et du FFS que des formations islamistes. Le même constat est valable pour l'installation de l'APC de Sidi M'hamed, qui a vu le candidat du MSP propulsé à la présidence grâce à l'alliance RND-FFS-Jil Jadid. Là aussi, ce sont surtout des transfuges du FLN qui avaient rejoint Jil Jadid qui ont renversé la vapeur. L'ancien président Mokhtar Bourouina, dont la liste était pourtant arrivée en tête avec huit sièges, suivi du MSP (6 sièges), Jil Jadid (3 sièges) puis le RND, le FFS et le PT avec 2 sièges chacun, parle de «complot» contre sa personne. Il estime toutefois, avoir gagné la confiance du peuple en décrochant huit sièges. Comme il considère ne pas être concerné par la gestion de la municipalité, mais qu'il ferait tout pour être la principale force d'opposition «positive». En plus des alliances contre nature, plusieurs cas de marchandage des sièges d'APC et d'APW ont été relevés ces derniers jours dans les colonnes de la presse nationale. Une véritable bourse aux élus qui ne manquera pas de fausser la gestion des futures Assemblées. Pour cause, les nouveaux présidents d'APC et d'APW élus grâce au jeu d'alliances, seront confrontés à un blocage au sein même de leurs exécutifs.