Les entrepreneurs estiment que leurs sociétés sont toujours dans l'incapacité de faire face à la concurrence étrangère. Les préoccupations et interrogations suscitées par l'accord d'association avec l'Union européenne ont conduit le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise à organiser, hier à Alger, avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann, une rencontre autour de ce thème. Quels bénéfices possibles pour les entreprises algériennes? se sont interrogés les nombreux patrons présents au débat. Mohamed Bennini, directeur général d'Algex et Saïd Djellab, directeur des relations internationales du ministère du Commerce, étaient là pour décliner leurs points de vue sur le sujet aux côtés de Ghazi Benahmed, expert international, venu spécialement de Tunisie. Les intervenants ont proposé aux entrepreneurs une lecture du contenu des accords d'association de libre-échange qui concerne aussi bien ceux signés avec l'Union européenne que ceux conclus dans le cadre de la Zone arabe de libre-échange. Slim Othmani, président du Cercle d'action et de réflexion, s'est distingué des autres intervenants en déclarant qu'il voit des aspects positifs à ces accords tout en prônant des changements au niveau de l'entreprise. Il remarque que des positions contradictoires sont exprimées par le monde de l'entreprise. Selon lui, le rythme de l'ouverture de l'économie est en avance par rapport aux capacités des entreprises en mal de mise à niveau. Ce dernier thème est aussi abordé par Zaïm Bensaci, président du Conseil consultatif de la PME, qui a souligné que le gouvernement a pris en charge cette carence en dédiant 4 milliards de dollars à la mise à niveau des entreprises. L'UE est représentée, pour sa part, par Marek Skolil, chef de la délégation de l'UE en Algérie. Il a souligné que le report de la date d'instauration de la zone de libre-échange à 2020 au lieu de 2017 est compréhensible. Il pense que le fait que l'Algérie ne puisse pas être candidate à l'adhésion à l'UE donne l'impression que trop de sacrifices sont demandés aux partenaires eu Sud. Il précise que l'Algérie a aussi le droit d'appliquer à son rythme les termes de l'accord. Saïd Djellab, rappelle que des clauses de sauvegarde sont contenues dans l'accord et l'Algérie les a déjà appliquées. De son côté, Mohamed Chami, président de la commission de suivi des accords de libre-échange à la Chambre du Commerce et d'industrie, annonce que peu de patrons saisissent cette institution pour faire valoir leurs droits. Les patrons sont unanimes à déclarer qu'ils sont mal informés du contenu des accords de libre-échange et que c'est pour cette raison qu'ils sont mal préparés à assumer les conséquences du démantèlement tarifaire. D'un autre côté, il est constaté que les société algériennes ont du mal à faire sortir de leurs usines des produits exportables et même lorsque la qualité y est, il y a d'autres difficultés à pénétrer les marchés européens comme les règles d'origine par exemple. Ces dernières seront révisées en 2015, a souligné Saïd Djellab. Les participants ont expliqué que l'accord d'association avec l'UE n'a pas conduit au bouleversement de la structure du commerce avec l'UE qui accapare toujours plus de 50 pour cent de ses échanges avec l'Algérie. D'autres soulignent que les entreprises algériennes ont un handicap à l'export bien avant l'entrée en vigueur de l'accord. Ce dernier, a-t-on aussi précisé, ne concerne pas que les échanges commerciaux mais aussi le dialogue politique comme l'a mis en exergue jeudi dernier le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci à Bruxelles. Mohamed Benini met le doigt sur le fait que l'entreprises algérienne souffre de nombreux autres maux comme le peu d'efficacité de la Bourse, la concurrence déloyale et la désorganisation du marché intérieur à quoi s'ajoute la bureaucratie. Le constat selon lequel l'accord d'association n'a pas conduit à davantage d'IDE est aussi déploré part les intervenants.