L'annonce faite à partir de Paris concerne des figures de proue du mouvement d'émancipation des Algériens en France. «Nous apportons notre soutien à la candidature de monsieur Ali Benflis à la présidence de la République, voyant en lui, l'homme qui réunit le plus de potentialités pour construire la nouvelle Algérie, consacrer définitivement la démocratie et l'Etat de droit, permettre le changement progressif et la rénovation des méthodes de gestion des affaires publiques, parvenir à moraliser l'Etat, rétablir la confiance, installer la paix et relancer notre économie». C'est en ces termes annonçant clairement la couleur que la «diaspora algérienne vivant en France » a annoncé jeudi, à partir de Paris, son soutien à la candidature du secrétaire général du FLN. Le communiqué, dont nous avons reçu copie hier, est signé par des figures de proue du mouvement d'émancipation maghrébin dans l'Hexagone. Il s'agit de Abderrahmane Dahmane, récemment reçu à la présidence de la République française, Noureddine Hagoug, Zoheïr Rouis, Khadidja Chergui, Samia Badji et Khadidja Benchérif. Nul doute, estiment les observateurs, que cette nouvelle annonce viendra chambouler de fond en comble le vote de la communauté algérienne vivant à l'étranger, lors de la prochaine présidentielle. La plupart des signataires de ce communiqué, précisent nos sources, jouissent d'un crédit certain au sein de la communauté algérienne vivant en France. C'est pour cette raison, du reste, que cette action politique, hautement symbolique, déclare s'inscrire «en dehors de toutes structures partisanes». Le communiqué sur un autre registre dresse un accablant réquisitoire contre le président Bouteflika et son bilan, évitant toutefois, de le citer nommément. «Aucune institution, aucun parti, aucune association, aucun journal, aucun journaliste, aucune voix libre n'a pu échapper aux coups de boutoir pour intimider, tenter d'asservir et taire toute opposition. Sur le plan économique et social, le marasme est total: le chômage et la misère grimpent inexorablement alors que les caisses de l'Etat affichent des niveaux de réserve jamais égalés. Les investissements étrangers restent insignifiants alors que la corruption est à son comble. Sur le plan international, la voix de l'Algérie est sans aucune prise sur le cours des événements...» Difficile, à la lecture d'un pareil bilan, d'accabler plus encore le président Bouteflika; les arguments, cependant, ne semblent pas tout à fait recevables puisque de nombreux observateurs et politiques qui viennent, eux, en Algérie, mitigent leur bilan et précisent que «la situation n'est pas aussi catastrophique qu'on tente de le faire accroire». Les observateurs se demandent aussi «comment ce soutien à Benflis a pu être rendu public, alors que le candidat du FLN n'a même pas divulgué les grandes lignes de son programme électoral». A croire que c'est en quelque sorte le sempiternel «vote-refuge» que préconise ces représentants de la communauté algérienne vivant en France. Le communiqué, qui incrimine directement le président Bouteflika, précise en effet que c'est dans des conditions de coup de force contre les libertés, le pluralisme et l'expression libre que va se dérouler l'élection présidentielle d'avril 2004.