Les premiers coups de feu claquèrent à la Rampe Vallée (Louni Arezki) Pilotés à ce moment historique à plus d'un titre, par un certain Mustapha Khouas, «Casbaoui», habitant à l'ex-impasse Farina (des Frères chouhada Belhimeur), qui exhortait en ce 11 Décembre 1960, les manifestations des habitants de la Casbah à manifester avec leurs frères de Belcourt qui se sont soulevés pour une Algérie libre aux cris de «Vive l'ALN, vive le FLN et vive le Gpra.» «Que la clameur de Belcourt soit entendue à Manhattan» à New York, au siège de l'ONU, s'était écrié le défunt Krim Belkacem lors de la grandiose et combien significative manifestation populaire qui avait ébranlé Alger qui, à l'instar des autres villes et villages du pays qui n'ont jamais plié devant les forces coloniales, proclament son attachement aux forces armées de l'ALN et son support politique FLN et son inébranlable détermination à l'indépendance de l'Algérie après 130 ans d'occupation sous le joug colonial. Sous les slogans révolutionnaires et indépendantistes, des milliers d'Algérois avaient essaimé la ville. Femmes, enfants, adolescents et adultes ont défilé partout dans les agglomérations populaires de la ville de Belcourt, à La Casbah, de Bouzaréah à Bab El Oued en s'étendant à El Harrach ou encore Aïn El Bénian. Leur ferveur ne craignait ni les coups de feu tirés par les ultras «pieds-noirs» ni les descentes ou barrages des soldats d'occupation formés par des parachutistes et des garde mobiles, ni les éventuelles poursuites revanchardes attendues après la «manif». La lutte armée du peuple algérien prenait soudainement le chemin de la ville après s'être développée dans les maquis des djebels du pays. C'était les prémices d'une vraie et grande victoire politique du peuple algérien comme le décrit l'historien français, Gilles Manceron. «Je me souviens avec émotion, nous narre un septuagénaire algérois, natif de La Casbah, parmi la foule, nous étions trois camarades enlacés. Sur chacune de nos vestes, étaient peintes en grand les lettres «F» «L» «N». Alors qu'on entamait la Rampe Vallée, Louni Arezki aujourd'hui, des coups de feu claquèrent des fenêtres des maisons de pieds-noirs comme pour tenter d'éteindre la ferveur des manifestations, en vain. Une courte panique s'ensuivit et la marche a repris de plus belle avec plus de détermination. Elle était soutenue par des youyous stridents, pleins de chaleur, qui fusaient de partout, au sein des manifestants comme à partir des terrasses, dernières maisons de l'ouest de La Casbah dont le contour aboutit à Bab El Djedid.» Dans la vieille cité, les marches devinrent plus nombreuses et les slogans redoublèrent d'intensité pendant que les forces coloniales encerclaient tous les quartiers de la ville à forte population arabe. En fin de journée, épuisés, mais fiers, nous haranguions les soldats encore postés aux portes de La Casbah qui semblaient plus confiants, car ils comprirent que ce n'était qu'une «manifestation pacifique» bien qu'elle fut menée avec grand enthousiasme pour crier fort et haut au monde entier que seule l'indépendance de l'Algérie pouvait dorénavant mettre fin à la guerre coloniale menée par l'occupant français, 132 ans durant.